Deux jours après la double explosion qui a frappé Beyrouth, la capitale du Liban, le bilan provisoire fait état de plus de 4.000 blessés et au moins 113 morts. Les hôpitaux de la ville, déjà fragilisés par la crise sanitaire du Covid-19, sont toujours saturés. L'aide internationale afflue : la France a notamment envoyé trois avions chargés d'équipes et de matériel médical. Après la déflagration, les Libanais ont vécu l'horreur pour soigner leurs blessés. Europe 1 était à l'hôpital Hôtel-Dieu, à Beyrouth.
Les hôpitaux saturés
"Je devais m'accrocher à cette personne pour enfin trouver un endroit pour m'aider. Je savais que si je ne tenais pas, j’allais mourir", raconte Jazz, 20 ans. Après l'effondrement de son appartement, elle est transportée en mobylette vers l'hôpital le plus proche. Le crâne ouvert, elle se bat pour rester consciente. Mais ce n'est que le début de son calvaire, car les établissements sont tous saturés et ne peuvent la soigner.
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"On est allé dans différents hôpitaux, mais la plupart était plein, au maximum de leur capacité", se rappelle-t-elle. "On a dû faire quasiment quatre hôpitaux avant que l'un m'accepte et me soigne. C’était une expérience terrifiante". Après des heures d'errance, elle finit par être transférée au même hôpital que son frère, soigné juste au-dessus d'elle, en réanimation.
"On intubait à même le sol"
Pour faire face à l'afflux de victimes, les blocs opératoires tournent à plein régime. Plus de 24 heures après l'explosion, six des sept chirurgiens orthopédiques de l'hôpital Hôtel-Dieu sont toujours en service. Les urgences ont été débordées. "On n'a jamais connu une nuit pareil", souffle une urgentiste, éprouvée. "Cette seule nuit était pire que trente années de guerre".
"On n'a jamais travaillé dans ces conditions là", déplore-t-elle. "On intubait à même le sol, il y avait des cadavres partout, des blessés graves. Des gens qui criaient, des gens qui cherchaient leur famille, qui n'arrivaient plus à trouver les gens, donc c’était vraiment très lourd à supporter."
Si le rythme se calme légèrement ce jeudi, cette soignante craint le pire pour la suite. Elle a notamment peur de nouveaux effondrements d'immeubles, fragilisés depuis l'explosion.