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Liban : Israël bombarde la banlieue sud de Beyrouth, après quatre mois de trêve

Europe 1 avec AFP - Mis à jour le . 7 min

L'armée israélienne a bombardé la banlieue sud de Beyrouth, un bastion du Hezbollah, ce vendredi, après avoir reçu des tirs de roquette vers son territoire. Trois personnes sont mortes et 18 ont été blessées. Emmanuel Macron a dénoncé des frappes "inacceptables", "en violation du cessez-le-feu".

Israël a bombardé vendredi la banlieue sud de Beyrouth, un bastion du Hezbollah, pour la première fois après quatre mois de trêve, après avoir frappé le sud du Liban en riposte à des tirs de roquettes vers son territoire. L'armée israélienne avait appelé à évacuer une partie des habitants de ce secteur, cible de bombardements intenses pendant les deux mois de guerre ouverte qui l'ont opposée au mouvement libanais soutenu par l'Iran, avant un fragile cessez-le-feu entré en vigueur le 27 novembre.

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Les principales informations :

  • Israël a bombardé la banlieue sud de Beyrouth, un bastion du Hezbollah, pour la première fois après quatre mois de trêve
  • Les frappes israéliennes ont fait au moins cinq morts
  • L'État hébreu a frappé le Liban en riposte à des tirs de roquettes vers son territoire
  • Les frappes israéliennes au Liban sont "inacceptables" et "en violation du cessez-le-feu", dit Emmanuel Macron

Israël frappera "partout au Liban contre toute menace", avertit Netanyahu

Israël frappera "partout au Liban contre toute menace", a déclaré le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu après une frappe israélienne sur la banlieue sud de Beyrouth. "Quiconque n'a pas encore compris la nouvelle situation au Liban a reçu aujourd'hui un nouvel exemple de notre détermination", déclare Benjamin Netanyahu dans un communiqué. "L'équation a changé (...) Nous ne permettrons pas le plus petit tir sur nos localités" et "nous continuerons (...) de frapper partout au Liban contre toute menace envers l'Etat d'Israël", a-t-il ajouté après cette frappe, la première sur la banlieue sud de Beyrouth depuis l'entrée en vigueur de la trêve avec le Hezbollah fin novembre, menée selon Israël en riposte à des tirs de roquettes sur le nord du pays.

L'armée dit avoir découvert des rampes de lancement de roquettes sur Israël

L'armée libanaise a annoncé avoir découvert vendredi dans le sud du pays des rampes de lancement de roquettes utilisées pour viser tôt le matin Israël, qui a riposté en frappant la banlieue sud de Beyrouth. Dans un communiqué, l'armée a déclaré avoir "identifié le site de lancement des roquettes dans la zone de Qaaqaiyat al-Jisr", qui se trouve juste à la limite nord du fleuve Litani, la zone d'où le Hezbollah est censé se retirer, à une trentaine de km de la frontière israélienne. Elle a ajouté avoir "ouvert une enquête pour déterminer les auteurs des tirs", qui n'ont pas été revendiqués.

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Le Premier ministre libanais dénonce une "dangereuse escalade"

Le Premier ministre libanais a dénoncé vendredi une "dangereuse escalade" après que Israël a mis à exécution ses menaces en visant la banlieue sud de Beyrouth pour la première fois depuis la trêve de novembre.

Nawaf Salam a "dénoncé l'attaque israélienne qui a frappé la banlieue sud de Beyrouth", bastion du Hezbollah soutenu par l'Iran, la qualifiant d'"escalade dangereuse", et "condamné les agressions israéliennes visant les civils et les zones résidentielles où se trouvent des écoles et des universités", selon un communiqué de son bureau de presse.

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Le président libanais Joseph Aoun a assuré vendredi à Paris que "tout indique" que "le Hezbollah n'est pas responsable" des derniers tirs de roquettes vers Israël, qui a mené en représailles de nouvelles frappes au Liban. "Il va y avoir une enquête sur l'origine de ces tirs", a déclaré Joseph Aoun, lors d'une conférence de presse à l'Élysée avec Emmanuel Macron, mais "tout indique qu'il ne s'agit pas du Hezbollah et que le Hezbollah n'est pas responsable".

Le Hezbollah annule un rassemblement dans la banlieue sud de Beyrouth après une frappe israélienne

Le Hezbollah libanais a annoncé dans un communiqué avoir annulé un rassemblement prévu dans la banlieue sud de Beyrouth vendredi après-midi, après la frappe israélienne qui a visé ce quartier, son bastion. Le chef du Hezbollah devait prononcer un discours télévisé lors de cet événement organisé dans une salle à quelques centaines de mètres de l'immeuble visé par la frappe, à l'occasion de la "Journée de Jérusalem", une initiative de l'Iran visant à soutenir les Palestiniens.

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Macron annonce qu'il va parler à Trump et Netanyahu

Le président français Emmanuel Macron a annoncé vendredi qu'il allait s'entretenir par téléphone avec son homologue américain Donald Trump "dans les prochaines heures" et avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu d'ici deux jours, sur les nouvelles frappes israéliennes au Liban.

"Nous n'avons pas eu d'informations signalant des frappes du Hezbollah et des activités militaires au Sud", a affirmé le président français qui s'exprimait à l'Élysée au côté du président libanais Joseph Aoun. "Il est absolument nécessaire que le cadre (de cessez-le-feu) que nous avons défini, qui a été agréé par le Liban et par Israël, soit dûment respecté. Il n'a pas été respecté aujourd'hui par Israël de manière unilatérale et sans que nous ayons eu ni informations ni preuve de faits générateurs", a-t-il complété.

Les frappes israéliennes au Liban sont "inacceptables" et "en violation du cessez-le-feu", dit Macron

Le président français Emmanuel Macron a jugé vendredi que les frappes israéliennes au Liban, plus tôt dans la journée, étaient "inacceptables" et "en violation du cessez-le-feu".

"Les frappes sont des actions unilatérales qui trahissent une promesse donnée et qui font le jeu du Hezbollah", a estimé Emmanuel Macron qui recevait à Paris son homologue libanais Joseph Aoun, alors qu'Israël a bombardé vendredi la banlieue sud de Beyrouth et le sud du Liban en riposte à des tirs de roquettes vers son territoire. Joseph Aoun de son côté a condamné "toute tentative détestable de ramener le Liban dans un tourbillon de violence".

Au moins cinq morts

La frappe a visé le quartier de Hadath, densément peuplé et abritant des écoles, d'où s'élevait une épaisse colonne de fumée noire, selon des images de l'AFP. Le porte-parole arabophone de l'armée israélienne, Avichay Adraee, avait appelé peu avant les habitants de ce quartier à évacuer une zone située autour "d'installations du Hezbollah", en indiquant un bâtiment en rouge sur une carte.

L'armée israélienne avait annoncé plus tôt mener des frappes contre des cibles du Hezbollah dans le sud du Liban, frontalier d'Israël, après le tir, non revendiqué, de deux "projectiles" dont l'un a été intercepté et l'autre est tombé sur le sol libanais. Les frappes israéliennes ont fait au moins cinq morts dans deux villages du sud du Liban, selon le ministère de la Santé. L'armée israélienne a indiqué avoir "frappé des centres de commandement du Hezbollah, des infrastructures terroristes, des rampes de lancement et des terroristes".

Des images tournées par l'AFP montrent de la fumée s'élevant au-dessus du village libanais de Khiam, proche de la frontière, tandis que les écoles ont fermé dans plusieurs localités, où les menaces de représailles israéliennes ont semé la panique. C'est la deuxième fois depuis le début du cessez-le-feu que des roquettes sont tirées depuis le Liban vers Israël, la précédente remontant au 22 mars.

"Le gouvernement libanais porte une responsabilité directe"

Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a aussitôt menacé : "S'il n'y a pas de calme à Kiryat Shmona et dans les localités de Galilée", dans le nord d'Israël, "il n'y aura pas de calme à Beyrouth", a-t-il dit. "Le gouvernement libanais porte une responsabilité directe pour tout tir vers la Galilée. Nous ne permettrons pas un retour à la réalité du 7 octobre. Nous garantirons la sécurité des habitants de la Galilée et agirons avec force face à toute menace", a affirmé Israël Katz.

Le Hezbollah a nié être à l'origine de ces tirs. Le Premier ministre libanais, Nawaf Salam, a demandé à l'armée d'arrêter leurs auteurs. L'ONU a appelé toutes les parties "à la retenue".

Interception de roquettes par l'armée israélienne, le 22 mars dernier

Dans la ville côtière de Tyr, visée par une frappe le 22 mars, des familles paniquées ont ramené leurs enfants à la maison. "J'ai décidé d'emmener mes enfants à l'école malgré la situation, mais la direction m'a dit qu'ils avaient fermé après les menaces israéliennes et j'ai dû les ramener à la maison", a témoigné Ali Qassem, un père de quatre enfants.

L'Ani a fait état d'une "opération de ratissage" dans une localité libanaise proche de la frontière. Elle a signalé des tirs d'artillerie aux abords de Naqoura, qui abrite le quartier général de la Finul, la force de paix de l'ONU, ainsi que des raids aériens dans la région montagneuse de Jezzine, au nord du fleuve Litani, où le Hezbollah était censé se retirer.

Après l'interception de roquettes le 22 mars, l'armée israélienne avait riposté par des frappes aériennes dans le sud du Liban qui avaient fait huit morts, selon les autorités libanaises. Le Hezbollah, allié du Hamas, avait ouvert un front contre Israël au début de la guerre dans la bande de Gaza déclenchée par l'attaque du mouvement islamiste palestinien le 7 octobre 2023 sur le sol israélien.

60.000 habitants du nord d'Israël ont été déplacés

Ces hostilités, qui ont dégénéré en guerre ouverte en septembre 2024, ont fait plus de 4.000 morts au Liban et contraint plus d'un million de personnes à fuir. Du côté israélien, le bilan se monte à 78 morts, parmi lesquels 48 soldats en plus des 56 soldats tombés lors d'une offensive au sol déclenchée au Liban à la fin du mois de septembre, selon des données officielles.

Quelque 60.000 habitants du nord d'Israël ont été déplacés, dont la moitié n'est pas encore rentrée chez elle, selon les autorités. Depuis le retrait incomplet des soldats israéliens du sud du Liban le 15 février, Israël continue de mener des frappes en territoire libanais et les deux parties s'accusent régulièrement de violer la trêve.

Israël a par ailleurs rompu le 18 mars deux mois de trêve dans la bande de Gaza, où elle a repris son offensive pour contraindre le Hamas à libérer les derniers otages retenus dans le territoire palestinien.