A la COP29, les Etats-Unis veulent rassurer le monde avant l'arrivée de Trump

© Jakub Porzycki / NurPhoto / NurPhoto via AFP
  • Copié
avec l'AFP / Crédits photo : Jakub Porzycki / NurPhoto / NurPhoto via AFP
Elu le 5 novembre dernier, Donald Trump a commencé à nommer les membres de son futur gouvernement, qui prendra ses fonctions à partir du 6 janvier 2025. La communauté internationale s'alarme de certaines des décisions que le nouveau président américain pourrait prendre, notamment dans le domaine du commerce et de l'environnement. 

A quelques mois du retour au pouvoir de Donald Trump, le représentant de Joe Biden à la conférence annuelle sur le climat de l'ONU à Bakou a promis lundi que l'action climatique se poursuivrait aux Etats-Unis. Mais la perspective du retrait américain de l'accord phare de Paris (2015), pour la seconde fois, affaiblit la parole des négociateurs de la première puissance mondiale. Les COP ont déjà vécu cela sous le premier mandat de Donald Trump (2017-2021): à l'époque, des Etats fédérés, des villes et des entreprises avaient promis de compenser, au moins en partie, les reculs au niveau fédéral.

 

L'accord de Paris en danger 

"Même si le gouvernement fédéral américain sous Donald Trump met en pause l'action climatique, le travail pour contenir le changement climatique se poursuivra aux Etats-Unis", a déclaré John Podesta, émissaire américain pour le climat, lors d'une conférence de presse. Le thème de la coopération entre Etats, alors que le monde n'a toujours pas réussi à stabiliser ses rejets de gaz à effet de serre, est en filigrane de tous les sujets de cette conférence organisée par l'ONU et l'Azerbaïdjan.

"Il est temps de montrer que la coopération mondiale n'est pas au point mort. Elle est à la hauteur du moment", a lancé le patron de l'ONU Climat, Simon Stiell. L'enjeu principal de cette COP, qui durera jusqu'au 22 novembre, est de fixer le montant de l'aide climatique des États développés pour les pays en développement afin qu'ils se développent sans charbon ni pétrole, et puissent affronter plus de canicules et d'inondations. Aujourd'hui de 116 milliards de dollars par an (en 2022), l'aide climatique future doit être plus que décuplée, selon les pays pauvres.

Les pays développés ont contracté une "dette climatique", a lancé Tasneem Essop, du Climate Action Network (CAN), qui regroupe des milliers d'ONG. Mais les Occidentaux jugent les ordres de grandeur avancés irréalistes pour leurs finances publiques. Le président de la COP29 Moukhtar Babaïev a évoqué des "centaines de milliards" dans son discours d'ouverture, mais aucun négociateur n'a dévoilé ses cartes.

Ces promesses de persévérance collective n'ont pas empêché un embarrassant raté des négociations dès le début de la conférence: les Etats s'opposent sur l'ordre du jour officiel, ce qui bloque tout. Motif : plusieurs pays, dont la Chine et l'Inde, ne veulent discuter de l'application de l'accord de la COP28 que sous l'angle de la finance. Alors que la COP de Dubaï, l'an dernier, a aussi fixé des objectifs pour lancer la sortie des énergies fossiles. Autre point de discorde: la Chine exige, s'exprimant également au nom du Brésil, de l'Inde et de l'Afrique du Sud, d'ajouter le sujet des barrières commerciales unilatérales liées au climat, visant principalement l'Union européenne. 

"La COP29 est un moment de vérité pour l'accord de Paris", a lancé Moukhtar Babaïev, ministre azerbaïdjanais de l'écologie, et ancien cadre de la compagnie pétrolière nationale, Socar, en ouverture lundi.  Environ 51.000 participants sont accrédités, selon l'ONU Climat. Nombre d'ONG critiquent la tenue de la conférence dans un pays qui célèbre le pétrole comme un "cadeau de Dieu", et où les autorités ont arrêté et poursuivent plusieurs militants environnementaux.

Il ne faudra qu'une signature à Donald Trump, à son entrée à la Maison Blanche le 20 janvier, pour rejoindre l'Iran, le Yémen et la Libye hors de l'accord quasi-universel adopté à Paris en 2015. Cet accord est le moteur qui a permis d'infléchir la trajectoire de réchauffement aux alentours de 3°C ou moins d'ici 2100, contre 1,3°C déjà en moyenne aujourd'hui, et probablement 1,5°C sur une année individuelle en 2024. A Paris, les pays se sont engagés à limiter le réchauffement à 1,5 ou 2°C, par rapport à 1850-1900.

Les Européens jurent qu'ils redoubleront d'efforts pour compenser le retrait américain, mais peu sont à Bakou. Et seule une poignée de dirigeants du G20 seront présents. L'argent public du Nord, aujourd'hui à 69% des prêts selon l'OCDE, permet de construire des centrales solaires, d'améliorer l'irrigation, de construire des digues ou d'aider les agriculteurs face aux sécheresses. Mais l'ambiance dans les pays riches est à l'austérité (en Europe) ou le désengagement international (aux États-Unis).