La chancelière allemandeAngela Merkel lance lundi sa campagne en vue de se succéder à elle-même pour un quatrième mandat de quatre ans cet automne, en présentant un programme au moment où elle est accusée de se reposer sur son bilan.
Angela Merkel est pour l'instant restée discrète. Son rival social-démocrate, Martin Schulz, a déjà démarré sa campagne pour les législatives fédérales il y a plusieurs mois en promettant "plus de justice sociale", des réductions d'impôts pour les couches populaires et moyennes ainsi qu'une pression fiscale accrue sur les plus riches.
En face, Angela Merkel, fidèle à sa tactique depuis qu'elle est arrivée au pouvoir en 2005 consistant à éviter la confrontation directe pour ne pas donner prise à ses adversaires, n'a pratiquement pas dit à ce jour un mot de ce qu'elle comptait faire.
Le taux de chômage à 5,6%. Elle préfère jouer sur sa personnalité et son bilan, avec un taux de chômage au plus bas depuis la réunification de l'Allemagne en 1990, à 5,6%. La question de l'arrivée de plus d'un million de migrants en 2015 et 2016, qui l'a un temps fragilisée, semble désormais oubliée.
"L'Allemagne, un pays où il fait bon vivre", dit le slogan de sa campagne pour les élections législatives du 24 septembre, comme en écho à celui des précédentes élections de 2013 ("L'avenir de l'Allemagne dans de bonnes mains").
Programme commun CDU-CSU. Son parti conservateur, l'Union chrétienne-démocrate (CDU), et son allié bavarois CSU vont néanmoins dévoiler lundi aux alentours de 13h00 leur programme commun, pour tenter de faire taire les critiques reprochant à la chancelière de refuser le débat.
Martin Schulz l'a même accusée récemment d'"attenter à la démocratie" par son silence. Vendredi, le chef de file des sociaux-démocrates a remporté une petite victoire en s'alliant à deux partis de gauche pour imposer à la chancelière l'adoption par les députés du mariage gay. Angela Merkel a voté contre.
Merkel compte 15 points d'avance sur le SPD. Mais Angela Merkel, qui affiche dans les sondages une avance de 15 points sur le SPD, demeure la grande favorite pour décrocher un quatrième mandat historique et marcher dans les pas de Konrad Adenauer (1949-1963) et de son mentor Helmut Kohl (1982-1998), qui la devancent en matière de longévité à la chancellerie.
Son programme, dont plusieurs points ont fuité dans les médias, prévoit 15.000 postes de policiers fédéraux en plus, la construction de 1,5 million de nouveaux logements d'ici 2019 et surtout au moins 15 milliards de réduction d'impôts pour les revenus modestes et moyens.
Baisses d'impôts contre investissements publics. Les baisses d'impôts sont une manière pour les conservateurs de se distinguer des sociaux-démocrates, qui, eux, veulent utiliser les surplus budgétaires pour l'investissement public.
Elles constituent aussi un coup de pouce à la consommation intérieure et devraient être bien accueillies par les partenaires commerciaux de l'Allemagne, notamment les Etats-Unis de Donald Trump, qui reprochent au pays d'exporter massivement mais d'acheter trop peu en retour.
"Renforcer les forces de sécurité". En parallèle, Angela Merkel semble décider à reconquérir une partie de l'électorat qui l'a fuie avec la crise des migrants au profit de la droite nationaliste de l'AfD. "Nous allons tout faire pour renforcer les forces de sécurité", a promis dimanche le chef des députés conservateurs, Volker Kauder.
En outre, la CDU a dévoilé des affiches de campagne où les couleurs noir-jaune-rouge du drapeau allemand sont omniprésentes. Un symbole fort, dans un pays où la population reste mal à l'aise à l'égard de l'expression du patriotisme. Nationalisme "éclairé", a plaidé la CDU.
Les migrants, pierre d'achoppement entre CDU et CSU ? Seule ombre au tableau : une querelle persistante entre la CDU et la CSU au sujet des migrants. L'aile bavaroise du mouvement conservateur continue à réclamer une limite annuelle au nombre de réfugiés en Allemagne, à 200.000, que refuse Angela Merkel.
Cette requête ne figurera pas dans le programme commun du parti mais sera visible en Bavière. "Nous sommes d'accord sur le fait que nous ne sommes pas d'accord", a soupiré dimanche le ministre de l'Intérieur, Thomas de Maizière.