La chancelière allemande Angela Merkel a confirmé lundi la volonté de son camp conservateur de discuter "sérieusement" avec les sociaux-démocrates pour former un gouvernement, arguant notamment des attentes "très fortes" en Europe à l'égard de l'Allemagne. "Nous sommes prêts à engager des discussions avec le SPD", a déclaré la chancelière après avoir obtenu le feu vert officiel de son parti démocrate-chrétien CDU en vue de proposer des pourparlers au parti social-démocrate (SPD), avec lequel elle a déjà gouverné à deux reprises (2005-2009, puis 2013-2017).
Cette alliance est la seule encore possible pour former une majorité à la chambre des députés issue des élections législatives de septembre, après l'échec d'une tentative de coalition entre conservateurs, libéraux et écologistes. Angela Merkel a promis des négociations "sérieuses" et "loyales" qui doivent viser le "succès". "Il y a maintenant une proposition de pourparlers" sur la table et "nous la prenons au sérieux", a ajouté la chancelière.
Une situation politique qui inquiète Bruxelles et Paris. Le contexte international et européen doit selon la chancelière pousser les partis politiques allemands à agir vite. Les Européens attendent que Berlin "se positionne" et "tire des conclusions", notamment après les propositions du président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, et celles d'Emmanuel Macron sur la relance du projet européen. Le chef de l'État français a en particulier proposé des réformes de la zone euro, avec création d'un ministre des Finances et d'un budget commun, idées très controversées en Allemagne. L'UE s'inquiète de manière générale d'un blocage de la vie politique allemande à l'heure où elle a déjà fort à faire avec les négociations du Brexit.
52% des Allemands en faveur de cette alliance, selon un sondage. Angela Merkel doit se réunir jeudi soir une première fois avec le président du parti social-démocrate, Martin Schulz, dans le bureau du chef de l'État allemand, Frank-Walter Steinmeier, qui joue le rôle de médiateur. Martin Schulz a longtemps refusé toute reconduction de l'alliance de son parti avec les conservateurs au sein du gouvernement sortant, avant de changer d'avis sous la pression. Selon un sondage publié dimanche par le quotidien Bild, 52% des Allemands sont désormais en faveur de cette formule.