Gostomel, juste à côté de l’aéroport d’Antonov au nord de Kiev, a été l’épicentre des bombardements russes. Pendant un mois, la menace venait du ciel pour ses habitants contraints de vivre terrés dans des caves ou des abris de fortune. Mais depuis le départ des troupes russes, la menace est désormais sous leurs pieds. Des obus qui n’ont pas explosé, du matériel antipersonnel voire même des pièges à grenade… Europe 1 a pu suivre des militaires ukrainiens qui déminent quartier par quartier ces secteurs du nord de Kiev.
"Nous faisons ça de manière chirurgicale"
"Attends, ne touche pas au fil. Non, pas avec les mains", recommandent un soldat ukrainien qui ouvre le chemin pour progresser mètre après mètre dans ce quartier de Gostomel, ravagé par les bombes. "Si nous, les Ukrainiens, il peut nous arriver de poser des pièges à côté de nos positions pour les protéger, nous faisons ça de manière chirurgicale. Mais ces abrutis de Russes l’ont fait avec des explosifs, ça peut faire beaucoup de dégâts", râle ce militaire qui a désamorcé la veille un dispositif constitué d’un fil relié à une grenade.
De l’autre côté du mur, une caisse fermée est posée un peu trop en évidence sur le trottoir. Quelques centimètres devant, un bocal en verre avec de la soupe à l’intérieur. Les soldats sont prudents. "Tu prends ce pot parce que tu as faim. Après, tu as envie de regarder dans le coffre. Et dans le coffre, il y a une mine. Et là, tu n’as plus faim parce que tu es mort", averti non sans humour un autre soldat.
Gostomel, une des villes les plus bombardées de la région
Les reliques de la guerre ont redessiné le paysage de Gostomel, sans doute l’une des villes les plus bombardées de la région. Il aura fallu une journée d’inspection pour désamorcer 18 engins suspects retrouvés dans un blindé de transport abandonné. C’est sans compter les missiles ou les roquettes enfoncées dans le bitume qui n’ont jamais explosé.
"Il y a beaucoup de terrains de jeux par ici. Il faut vraiment qu’on inspecte partout. Parce que si un enfant voit quelques chose comme ça, c’est certain, il va le ramasser", s’inquiète Oksana, une habitante. Un autre riverain, Yuri, recommande même à ses proches de ne pas revenir. "Mes voisins m’appellent pour me demander s’ils peuvent venir récupérer leurs affaires. Je leur dis que c’est encore dangereux", explique-t-il.
Selon les démineurs, une journée de bombardement équivaut à un mois de déminage. C’est un travail colossal, certainement interminable. Mais c’est un préalable indispensable au retour de la vie dans cette ville où le maire est mort au début de la guerre alors qu’il distribuait du pain à ses administrés.