La Catalogne a vécu une journée chaotique. Alors que se tenait le référendum d’autodétermination de la région dimanche, le pouvoir central a envoyé les forces de l’ordre pour empêcher la tenue du scrutin. Si la police a fermé de nombreux bureaux de vote, le scrutin a bien eu lieu et c’est déjà une victoire pour les Catalans.
Un message envoyé à Madrid. "Peu importe si les résultats ne sont pas valides, ce qui compte c’est le nombre de gens qui se sont mobilisés et qui ont voulu voter", estime auprès d’Europe 1 José, présent dans un bureau de vote au nord de Barcelone. Pour les Catalans favorables au référendum, les résultats du scrutin ne comptent plus tellement : la mobilisation des Catalans tout au long du week-end a envoyé un message clair à Madrid, à qui ils ont tenu tête.
La fiabilité du scrutin entachée. Il sera toutefois difficile de dire quelle est la participation du scrutin, sur les cinq millions d’électeurs potentiels, après la fermeture de nombreux bureaux de vote et alors même que le nombre précis de bureaux de vote ouverts n’était pas clairement connu. La Guardia civil avait par ailleurs tout fait pour désactiver les programmes informatiques qui devaient servir au dépouillement. La fiabilité du scrutin peut en être entachée.
Les Catalans patientaient dimanche soir à Barcelone de connaître les résultats du référendum.
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La voie de l'indépendance ouverte. Mais le pouvoir catalan n’en a que faire et désormais le divorce est bien consommé. Le chef de l'exécutif catalan a ouvert la voie dimanche à une proclamation d'indépendance, au soir du référendum : "en ce jour d'espoir et de souffrances, les citoyens catalans ont gagné le droit d'avoir un État indépendant sous la forme d'une république", a déclaré Carles Puigdemont, lors d'une allocution télévisée. Le gouvernement catalan entend dans les jours à suivre transmettre les résultats du scrutin au Parlement, "afin qu’il puisse agir conformément à la loi référendaire", a-t-il précisé.
Selon ce texte, l'indépendance sera proclamée unilatéralement si le "oui" l'emporte dans les deux jours, mais on ne sait pas quand les résultats seront annoncés. "Aucun référendum d'autodétermination n'a eu lieu aujourd'hui en Catalogne", a quant à lui affirmé le président du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy, qui a remercié la police d’avoir accompli "son devoir", et a souhaité réunir tous les partis politiques "pour réfléchir à l'avenir".
Un avenir incertain. Des dirigeants catalans ont reconnu que les multiples initiatives prises par Madrid avaient fragilisé cette consultation. Le gouvernement espagnol juge lui-même avoir agi avec suffisamment de vigueur pour priver ce référendum de toute crédibilité. Le "oui" devrait malgré tout l'emporter, car la participation des partisans de l'émancipation risque d'être bien plus élevée que celle des opposants. Au soir de ce référendum historique, le pays bascule vers un avenir incertain.