Autriche : Herbert Kickl, le visage d'une extrême droite au langage outrancier

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avec AFP / Crédit photo : Alex HALADA / AFP , modifié à
Petites lunettes rondes et silhouette de marathonien: Herbert Kickl, le nouveau visage de l'extrême droite victorieuse dimanche en Autriche, est longtemps resté dans l'ombre avant d'attirer les électeurs avec sa ligne dure sur la pandémie et la guerre en Ukraine.

Herbert Kickl est désormais le visage de l'extrême droite autrichienne, triomphant aux élections législatives avec environ 29% des voix. Ce succès marque un tournant historique, même si son accès à la chancellerie reste incertain en raison de l'absence de partenaires de coalition.

Un leader atypique

Contrairement à ses prédécesseurs tel que Jörg Haider ou Heinz-Christian Strache, Herbert Kickl ne se distingue ni par un charisme photogénique ni par ses talents d'orateur. Cet ancien ministre de l'Intérieur et député du Parti de la liberté d'Autriche (FPÖ) s’est surtout imposé comme une éminence grise au sein du parti, avant de prendre la tête du mouvement en 2021. Sous sa direction, le FPÖ est passé de 18% à environ 29%, capitalisant sur les frustrations économiques et les controverses autour de la pandémie.

Un style controversé

Herbert Kickl se fait surtout remarquer par son langage outrancier et ses attaques virulentes contre ses opposants. Ses meetings, qualifiés de véritables spectacles de café-théâtre, sont ponctués de provocations. Il n'hésite pas à caricaturer ses adversaires, allant jusqu’à traiter une élue verte de "dominatrice SM" ou à qualifier le président autrichien de "momie sénile".

Malgré son style provocateur, Kickl attire les électeurs par son image de politicien rangé et sans scandale personnel, contraste frappant avec l'instabilité qui a souvent marqué l'extrême droite autrichienne.

Kickl a gagné en popularité en adoptant une ligne conspirationniste face aux restrictions liées à la pandémie de Covid-19, ce qui lui a permis de séduire les anti-vaccins et autres sceptiques des mesures sanitaires. Il a également prôné une neutralité stricte sur la guerre en Ukraine, s'opposant à tout soutien à Kiev après l'invasion par la Russie en 2022, un discours qui résonne auprès d'une partie de l'électorat autrichien.

Un héritage historique et des provocations délibérées

Issu d'un parti fondé par d'anciens nazis, Herbert Kickl n'hésite pas à utiliser des termes à connotation historique. Il se décrit lui-même comme un "Volkskanzler" (chancelier du peuple), une expression reprise du vocabulaire nazi. Bien qu'il réfute toute allusion directe au régime d'Hitler, il ne cache pas ses liens avec des groupuscules extrémistes et a souvent tenu des discours contre l'immigration et l'islam.

En 2016, il se rapprochait des identitaires, et il a depuis popularisé le concept de "remigration", visant à expulser les citoyens autrichiens d'origine étrangère.

Polémiques avec les médias

Il a également été au cœur de polémiques judiciaires. Alors ministre de l'Intérieur, il aurait commandé des publicités payées par l'État dans un grand groupe de presse pour garantir une couverture favorable à son parti. En 2023, il posait en tenue paramilitaire sur des affiches de campagne avec le slogan "Autriche forteresse", un message clair sur sa vision de la politique d’immigration.

Si Herbert Kickl a réussi à faire du FPÖ un acteur incontournable de la politique autrichienne, sa capacité à former un gouvernement reste en question. Sa rhétorique provocante et ses positions extrémistes divisent profondément, tant au niveau national qu’international. Pourtant, son ascension reflète une tendance plus large de montée des populismes en Europe, soutenue par des discours anti-système et nationalistes.