La crise des réfugiés n'en finit plus de provoquer une avalanche de réactions. Réveil tardif de certains, refus catégorique d'autres : les politiques multiplient les arguments sur le sujet. Mais pour l'ancien Garde des Sceaux Robert Badinter, il n'y a pas lieu de débattre : accueillir des réfugiés venus de Syrie ou d'Irak, "ce n’est pas un acte de générosité, c’est une obligation internationale pour la France", a-t-il souligné sur Europe 1.
"Ce n’est pas un acte de générosité, c’est une obligation internationale pour la France. Ça n’est pas comme tendre la main à ceux qui n’auraient pas la condition de réfugié : le réfugié, lui, est bénéficiaire de la protection internationale que nous lui reconnaissons et que nous lui devons. Arrêtons de faire comme si c’était un acte de générosité inouïe, c’est une obligation internationale à laquelle la France a souscrit", a rappelé Robert Badinter, interrogé par David Abiker dans l'émission C'est arrivé cette semaine.
Et l'ancien ministre de poursuivre : "ce ne sont pas des migrants économiques qui viennent chercher en France du travail ou une condition meilleure que celle qu’ils ont chez eux. Ils sont des réfugiés qui sont bénéficiaires du droit d’asile. La qualité de réfugié est définie par la Convention de Genève de 1951 qui fait pour tous les Etats signataires obligation d’accueillir sur leur territoire ceux qui ne peuvent pas demeurer chez eux parce qu’ils sont l’objet de persécutions".
"Deuxièmement, je dois vous rappeler, s’agissant du droit d’asile, qu’il est l’honneur de la République. Pourquoi je dis cela ? Pas seulement parce que nous avons été jadis les pionniers de ce droit d’asile, mais pour d’autres raisons, beaucoup plus brûlantes : quand la République a manqué au droit d’asile, elle s’est toujours déshonorée. C’est pourquoi j’utilise le terme d’honneur. Rappelez-vous avant la Seconde guerre mondiale la façon dont nous avons traité les réfugiés espagnols. C’est une honte. Rappelons, ce qui est pire encore, la clause secrète par laquelle au moment de l’armistice, nous nous étions obligés vis-à-vis du gouvernement nazi de l’époque à lui livrer les réfugiés politiques, c’est-à-dire les envoyer à la mort", a martelé Robert Badinter.