Bangladesh : des centaines d'usines textiles fermées après des manifestations
Des centaines d'usines de vêtements au Bangladesh n'ont pas ouvert leurs portes ce jeudi, a annoncé les autorités locales, dans le cadre d'une grève entamée par les employés du secteur. Ces derniers demandent un triplement de leur salaire, tandis que l'Association des fabricants et exportateurs de vêtements du Bangladesh ne propose que 25% d'augmentation.
Des centaines d'usines de confection au Bangladesh ont fermé en raison de violentes manifestations de milliers d'ouvriers du textile exigeant un quasi-triplement de leur salaire, a déclaré jeudi la police. Selon la police, des ouvriers ont saccagé une cinquantaine d'usines à la périphérie de Dacca. "Plus de 250 usines de confection ont été fermées lors des manifestations", a déclaré à l'AFP le chef de la police de Gazipur, Sarwar Alam,"jusqu'à 50 usines ont été saccagées et vandalisées, dont quatre ou cinq incendiées".
Des conditions de travail difficiles
Le Bangladesh est l'un des principaux exportateurs de vêtements mondial, avec quelque 3.500 usines qui fournissent des marques occidentales et représentent 85% des 55 milliards de dollars d'exportations annuelles du pays. Mais les conditions de travail sont dures pour beaucoup des quatre millions de travailleurs du secteur, majoritairement des femmes, avec un salaire mensuel minimum de 8.300 takas (70 euros). Les ouvriers exigent 23.000 takas (190 euros), près de trois fois plus.
L'Association des fabricants et exportateurs de vêtements du Bangladesh (BGMEA), représentant les propriétaires d'usines, ne propose que 25% d'augmentation. Deux ouvriers ont été tués et des dizaines d'autres blessés depuis le début des manifestations, selon les chiffres de la police. Elles ont commencé au début de la semaine dernière et ont tourné à la violence lundi. Plusieurs milliers d'ouvriers ont bloqué les routes des quartiers industriels autour de Dacca, selon la police. À Gazipur, des policiers ont "tiré des gaz lacrymogènes et des grenades assourdissantes sur près de 1.000" ouvriers, a déclaré à l'AFP un responsable de la police, Abou Siddique.
"Des salaires pas ajustés depuis 2019"
"Ils ont été dispersés et ont quitté les lieux dans le calme", a-t-il ajouté. Des troupes paramilitaires des gardes-frontières du Bangladesh (BGB) ont été déployées pour "prévenir la violence" dans les zones les plus touchées, a déclaré à l'AFP le lieutenant-colonel du BGB Zahid Parvez. Le réseau mondial de défense des droits des ouvriers, Clean Clothes Campaign, a "condamné fermement la répression violente" des manifestants de la confection, accusant la plupart des marques clientes d'avoir refusé de soutenir publiquement leurs revendications.
De grandes marques, dont Adidas, Hugo Boss, ou encore Puma, ont toutefois écrit au début du mois à la Première ministre Sheikh Hasina, ayant "remarqué" que les salaires nets mensuels moyens n'avaient "pas été ajustés depuis 2019 alors que l'inflation a considérablement augmenté au cours de cette période". Selon le commissaire adjoint de la police métropolitaine de Dacca, Nazmul Hasan, ses services soupçonnent le Parti nationaliste du Bangladesh (BNP, opposition) d'inciter à ces manifestations au moment où de violents rassemblements antigouvernementaux secouent le pays pour exiger la démission de Sheikh Hasina avant les élections prévues fin janvier.