La police au Bangladesh recherchait dimanche un homme qui a enfreint une interdiction en vigueur depuis 2014 en épousant une réfugiée rohingya, alors que des centaines de milliers de Rohingyas fuyant des violences en Birmanie affluent depuis fin août dans le pays.
Shoaib Hossain Jewel, 25 ans, et sa fiancée Rafiza, 18 ans, sont en fuite depuis leur mariage le mois dernier et une enquête est en cours, selon la police de Singair, région d'origine du jeune marié, près de Dacca. "Nous avons appris qu'il avait épousé une femme rohingya. Nous sommes allés le chercher chez lui (...) mais nous ne l'avons pas trouvé et ses parents ne savent pas où il est", a expliqué à le chef de la police de Singair Khandaker Imam Hossain.
"Qu'y a-t-il de mal dans le mariage de mon fils avec une Rohingya ?". Le Bangladesh a interdit en 2014 les mariages entre ses ressortissants et les réfugiés musulmans rohingyas de Birmanie, de crainte de voir ces réfugiés obtenir la nationalité du pays par ce biais. "Il a épousé une musulmane réfugiée au Bangladesh", a dit le père du jeune marié, Babul Hossain. "Si les Bangladais peuvent épouser des chrétiens et des personnes d'autres religions, qu'y a-t-il de mal dans le mariage de mon fils avec une Rohingya ?".
L'homme a parcouru les camps de réfugiés pour retrouver sa promise. Selon le journal Dhaka Tribune, le jeune marié, professeur dans une école religieuse, était tombé amoureux de Rafiza dont la famille s'était réfugiée à Singair chez un religieux après les dernières violences en Birmanie. Mais après une descente de police, la famille avait dû regagner les camps de Cox's Bazar à quelque 430 km au sud-est. Le jeune Jewel s'y était alors précipité, parcourant les camps pour retrouver sa promise.
Le premier mariage répertorié entre un Bangladais et une réfugiée. Leur mariage à Cox's Bazar était le premier répertorié entre un Bangladais et une réfugiée depuis l'arrivée d'une nouvelle vague de Rohingyas à partir de la fin août, selon le journal. Selon des médias locaux, de nombreux Bangladais viennent dans les camps chercher une épouse. Un correspondant de l'AFP a rencontré un Bangladais venu au camp de Balukhali depuis un village voisin trouver une épouse pour son frère aîné qui espère accomplir ainsi "un acte de charité" en aidant une réfugiée. "Nous prenons toutes les mesures préventives pour faire en sorte qu'il n'y ait pas de mariages entre Bangladais et Rohingyas", a déclaré Mohammad Kazi Humayun Rashid, adjoint au chef de la police de Cox's Bazar.
L'ONU parle de "nettoyage ethnique" de la part de l'armée birmane. Plus d'un demi million de Rohingyas, musulmans apatrides en Birmanie majoritairement bouddhiste, se sont réfugiés au Bangladesh depuis fin août pour fuir une opération de l'armée birmane dans l'État Rakhine, qualifiée par l'ONU de "nettoyage ethnique".