Condamnée à 35 ans de prison pour avoir transmis des documents confidentiels à Wikileaks, Chelsea Manning sera finalement libérée le 17 mai, après seulement sept ans de détention. La femme soldat fait partie des 273 personnes à avoir bénéficié d'une réduction de peine ou d'une grâce présidentielle accordée par Barack Obama.
Depuis 2009, et alors que son mandat se termine dans deux jours, le président américain a largement usé de ce droit, établissant même un record en la matière, dans un contexte de forte surpopulation carcérale aux Etats-Unis."Nous vivons au sein d'une nation qui pardonne, où le travail et l'envie de se réinsérer peuvent offrir une seconde chance, et où les erreurs du passé ne doivent pas empêcher un individu d'aller de l'avant", a justifié la Maison-blanche dans un communiqué, mardi.
Peu de grâces avant 2014. La constitution américaine prévoit la possibilité pour le "commander in chief" de gracier un condamné ou de "commuer" sa peine, c'est-à-dire en raccourcir la durée sans effacer la sentence. Après deux années vierges, Barack Obama a fait usage de ces mesures à partir de 2011, au compte-goutte : le 15 avril 2014, seules 10 personnes avaient vu leurs peines commuées ou bénéficié d'une grâce.
Au printemps de la même année, le président a demandé au ministère de la Justice de recenser les cas de personnes condamnées pour des faits sans violence, et dont les peines semblaient sévères au vu de l'évolution de la jurisprudence. Sous la forme de "pétitions", le gouvernement a alors reçu des milliers de dossiers. Sous l'égide du magistrat spécialisé Robert A. Zauzmer, ceux-ci ont été soigneusement hiérarchisés. Beaucoup de condamnations pour trafic de drogue, un domaine dans lequel le droit a évolué dans plusieurs Etats américains, ont été présentées à Barack Obama. Les cas des condamnés à mort ont également été traités en priorité.
Une explosion des réductions de peine. A compter du début de l'année 2015, le rythme des réductions de peine et des grâces présidentielles a ainsi progressivement augmenté, puis explosé. En juillet, près de 100 personnes en avaient bénéficié. Un an plus tard, elles étaient 562. En novembre 2016, le cap des 1.000 dossiers choisis par Barack Obama était franchi. Au total, en comptant les 273 peines commuées et grâces annoncées mardi, le président démocrate a gracié 212 condamnés et réduit la durée de 1.385 peines de prison. En termes de peines commuées, le bilan Obama est donc supérieur à celui de ses douze prédécesseurs réunis !
With today’s 209 commutations, @POTUS has commuted sentences of more people than the last 12 presidents combined. https://t.co/t6Cs7NDPh0pic.twitter.com/qirajGC1eH
— The White House (@WhiteHouse) 17 janvier 2017
Clinton, champion des grâces. En revanche, concernant les grâces présidentielles, Barack Obama est toujours devancé par Bill Clinton, avec 396 grâces contre 212, dénombre le Huffington Post. L'actuel président se situe juste derrière George W. Bush, qui avait gracié 189 personnes en deux mandats - mais accordé seulement 11 réductions de peine.