Brandissant des drapeaux blanc et rouge, les couleurs de la contestation, des dizaines de milliers de Bélarusses se sont réunis sur la place de l'Indépendance et dans les rues environnantes dimanche à Minsk, en Biélorussie, reprenant en choeur des slogans comme "liberté !" ou "Loukachenko au fourgon cellulaire !". Des médias et des comptes de messagerie Telegram liés à l'opposition évoquent plus de 100.000 protestataires dans la capitale bélarusse pour le deuxième dimanche consécutif. Le 16 août, un gigantesque rassemblement avait déjà eu lieu, face à une mobilisation bien moindre des partisans du pouvoir.
"Ça ne sera plus jamais comme avant"
"Nous ne voulons que deux choses : les élections honnêtes et la fin des violences", a déclaré Igor, un manifestant de 32 ans. Les manifestants dénoncent la réélection jugée frauduleuse le 9 août d'Alexandre Loukachenko, ainsi que la brutale répression ayant suivi. "S'il a vraiment gagné l'élection (avec 80% des voix) alors pourquoi tant de gens sortent dans la rue contre lui ?", feint de s'interroger Evgueni, un manifestant de 18 ans. Loukachenko "veut que tous se dispersent et vivent comme avant (le scrutin). Mais ça ne sera plus jamais comme avant", martèle de son coté Nikita, 28 ans.
D'autres manifestations ont eu lieu dimanche dans d'autres villes, notamment à Mogilev et Grodno. La semaine dernière à Minsk, plus de 100.000 personnes s'étaient rassemblées pour réclamer le départ d'Alexandre Loukachenko, qui, en 26 ans de pouvoir, n'avait jamais été confronté à une telle contestation, en nombre comme en durée.
Un complot occidental selon Loukachenko
Le président bélarusse, qui dirige son pays d'une main de fer, a exclu de quitter ses fonctions, comme le demande sa principale concurrente au scrutin du 9 août, Svetlana Tikhanovskaïa. Peu après l'élection, cette dernière s'est exilée en Lituanie, sous la menace selon ses proches.
Au pouvoir depuis 26 ans, Alexandre Loukachenko, 65 ans, avait juré cette semaine de "régler le problème" de la contestation, fruit d'un complot occidental selon lui, et même mis en état d'alerte l'armée, accusant l'Otan de manoeuvrer aux frontières du Bélarus.