Brexit or not Brexit ? Réponse le 23 juin. Mais à deux semaines du référendum sur une éventuelle sortie de l'UE, les Britanniques sont plutôt prêts à prendre la porte : mardi matin, cinq sondages sur huit au Royaume-Uni étaient favorables à la sortie de l'Union européenne. "C'est un peu inquiétant", analyse sur Europe 1 l'éditorialiste du Daily Telegraph, Anne-Elisabeth Moutet.
"La campagne de Cameron ne marche pas tant que ça". "On dirait que la campagne lancée avec enthousiasme par David Cameron, le Premier ministre britannique, avec les Travaillistes et la patronne des Verts anglais, Natalie Bennett, et avec des Écossais n'a pas l'air de marcher tant que ça", décrypte la journaliste. Les pro-Brexit gagnent du terrain malgré les efforts du gouvernement, qui a annoncé "que si l'Angleterre quittait l'UE, il y aurait une taxe de sortie de 85.000 euros par foyer fiscal, que le prix des maisons allait s'effondrer, qu'il y aurait 500.000 empois en moins... La réalité, c'est que l'on ne sait pas", glisse la journaliste, qui avance également les arguments des partisans de la sortie : "l'Europe étouffe la Grande-Bretagne, qui est maintenue dans le système de croissance le plus bas du monde occidental..."
"La presse britannique partagée". L'Anglais, pense Anne-Elisabeth Moutet, trouve "qu'il y a un déficit démocratique dans le système de Bruxelles", qui de son côté répond aux Anglais que "s'ils ne comprennent pas, c'est de leur faute. Tout le monde est vexé. David Cameron n'a pas réussi à vendre l'accord négocié qui était important parce qu'il enlevait un certain nombre d'obligations, en particulier celle de l'Union toujours plus étroite qui choque les Anglais." La presse britannique quant à elle est mitigée. "A l'intérieur de mon journal, plutôt conservateur et plutôt pro-Brexit car notre éditorialiste le plus connu est Boris Johnson, ancien maire de Londre pro-Brexit, c'est partagé. On a l'impression que les médias chics comme le Times ou le Guardian sont pour rester dans l'Europe tandis que les médias populaires, le Daily Express, le Daily Mail, sont pour la sortie. De la même manière, il y a le peuple contre les élites", analyse Anne-Elisabeth Moutet.
"Les Anglais pensent qu'ils se font avoir". Les discussions au comptoir commencent à s'orienter sur la question. "Mais les Anglais ont la Magna Carta, cela fait 800 ans qu'ils sont un pays démocratique et ne pensent pas avoir besoin des leçons de démocratie de l'Europe. Quand la France signe un traité européen qui ne lui plaît pas, elle s'assied dessus. La Grande-Bretagne s'en tient de manière rigide aux règles européennes. les Anglais pensent qu'ils se font avoir." Les bookmakers qui prévoyaient le non à la sortie avec une large majorité viennent de baisser leur côte. "C'est la chose la plus inquiétante parce qu'ils ont donné les résultats de toutes les élections passées correctement."