Trois jours après l'entrée en vigueur du Brexit, la bataille de l'après a d'ores et déjà commencé entre Londres et Bruxelles. Lundi, le ton s'est ainsi durci entre le Premier ministre britannique Boris Johnson et le négociateur européen Michel Barnier, qui présentaient chacun leurs objectifs et leurs lignes rouges pour la nouvelle phase de négociation censée durer jusqu'au 31 décembre 2020, et lors de laquelle les deux parties devront s'accorder sur les termes de leur relation future.
Les Européens proposent un grand accord commercial aux Britanniques, contenant notamment la possibilité pour toutes leurs marchandises de continuer à traverser la Manche sans droits de douane et sans limites de volume. Mais Bruxelles pose néanmoins des conditions, parmi lesquelles le respect des règles et des normes européennes et un accord sur la pêche. Des conditions qui agacent Boris Johnson, qui veut retrouver des marges de manœuvre dans ces domaines-là.
Michel Barnier "ne veut pas se laisser impressionner"
Au Royaume-Uni, le Premier ministre britannique a donc rejeté tout alignement sur les règles de l'Union européenne comme "prix du libre-échange". "On veut une relation prospère avec l'Union européenne. On ne va pas commencer une course impitoyable vers le bas, on ne va pas faire de la concurrence déloyale", a-t-il déclaré. Selon le chef du gouvernement, il n'y a pas besoin, pour un accord de libre-échange, d'accepter les règles européennes sur la compétitivité, la protection sociale, l'environnement, ou quoique ce soit d'autre, comme il n'y a pas besoin que l'Union européenne soit obligée d'accepter les règles britanniques".
De son côté, le Français Michel Barnier a fait miroiter un accord commercial "très ambitieux", mais a aussi répondu à Boris Johnson. "Je serai toujours très calme dans cette négociation", a-t-il assuré, "mais je demande qu'on nous respecte aussi, et on ne va pas se laisser impressionner par telle ou telle déclaration". "Nous avons un objectif fondé sur un texte précis agréé par les deux parties, je souhaite qu'on puisse maintenant y travailler sérieusement", a poursuivi le négociateur de l'UE.