Trois jours après avoir été proclamée, la République catalane n'est une réalité que pour les indépendantistes. Dans les faits, rien n'a changé. Le gouvernement catalan, destitué, a d'ailleurs disparu. Le portrait de Carles Puigdemont a été retiré de tous les commissariats. Les ministres régionaux n'ont plus de garde du corps ni de voiture officielle. Plus important, la police catalane a prêté allégeance à Madrid.
"Il ne va rien se passer". Alors que la région est désormais sous la tutelle du gouvernement espagnol pendant sept semaines, les 300.000 fonctionnaires catalans reprenaient lundi le chemin du bureau. Fonctionnaire depuis 32 ans, Maria travaille aux services généreux de la présidence de la Catalogne. Pour elle, la nouvelle République ne correspond à aucune réalité. "La majorité des fonctionnaires ne vont pas se rendre compte de la suspension de l'autonomie. Je pense qu'il ne va rien se passer", estime-t-elle dans un français parfait auprès d'Europe 1. "Depuis vendredi, l'ancien gouvernement n'a donné aucune consigne, alors je pense que la majorité des travailleurs va faire comme prévu".
Des indépendantistes prêts à faire grève. Cette suspension de l'autonomie sera finalement beaucoup plus courte que prévu, puisqu'elle prendra fin le 21 décembre prochain avec les élections. Madrid va se contenter de gérer les affaires courantes, il n'y aura pas de révolution dans les administrations catalanes. Marc, chirurgien dans un hôpital public, a conscience que cette mise sous tutelle ne va pas changer son quotidien, mais cet indépendantiste convaincu se dit prêt à faire grève pour défendre la République. "On est disposé à perdre un peu de pouvoir d'achat pour défendre la liberté et l'identité de notre peuple. On respectera les consignes que nous donnera notre gouvernement mis sous tutelle", assure-t-il à Europe 1.
Mais alors que les séparatistes appelaient à une résistance pacifique, aucun rassemblement n'a eu lieu depuis vendredi. Une grève générale avait été convoquée lundi, avant finalement d'être annulé.