En Afghanistan, les talibans n'envoient aucun signe officiel de changement depuis leur retour au pouvoir. C'est le constat dressé vendredi matin dans Le Figaro par le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian. Alors que la communauté internationale est toujours dans l'attente du nouveau gouvernement, celui-ci pourrait finalement être dévoilé samedi. On sait déjà qu'il ne comportera aucune femme, contrairement à la promesse initiale. Et dans la vie quotidienne, les talibans imposent déjà de nouvelles règles, comme c'est notamment le cas à Kaboul.
Ne plus couper les cheveux à la mode occidentale
Dans son petit local décoré d'affiches de mannequins, un barbier rencontré par Europe 1 se remet à peine de la frayeur qu'il a eue il y a une semaine. "Une poignée de talibans a fait irruption dans mon magasin. Ils m'ont ordonné de ne plus couper les cheveux à la mode occidentale et de ne plus raser les barbes. Je dois leur obéir et à cause de ça, j'ai perdu la plupart de mes clients", raconte-t-il.
Les chefs talibans n'ont de cesse d'assurer à la population qu'elle ne doit pas les craindre. Mais dans les faits, de nombreux combattants se moquent des directives de leurs dirigeants. "Il y a plusieurs types de talibans. Ceux qui sont venus ici sont arrivés à bord d'une voiture privée et non pas d'un véhicule de police par exemple. Ils avaient des cheveux très longs et semblaient sortir tout droit de la campagne. On aurait dit des extraterrestres", poursuit le barbier.
Officiellement, aucune loi n'a encore été édictée qui interdit de se raser la barbe. Mais de nombreux Afghans préfèrent jouer la carte de la précaution. Alors certains commerçants inventent des stratagèmes pour garder leurs clients. C'est le cas d'une jeune femme de 21 ans et rencontrée dans son salon de beauté désert. "Comme plus personne n'ose franchir les portes des salons de beauté, nous donnons nos numéros de téléphone à des femmes en qui nous avons confiance. Puis nous les maquillons et coiffons en secret chez nous", reconnaît-elle. Une preuve peut-être que la résistance s'organise déjà.