Hillary Clinton a disparu des radars pendant plusieurs heures. Sans doute dévastée après avoir vu son rêve présidentiel fracassé par l’ovni Donald Trump, la candidate malheureuse à la Maison-Blanche a finalement réagi mercredi en fin d'après-midi, reconnaissant une défaite "douloureuse". C’est qu’elle sait, c'est qu'à près de 70 ans sa carrière politique s’est probablement terminée en ce 8 novembre 2016. Le coup est rude, et il sera sans doute difficile de rebondir, dans quelque domaine que ce soit.
- Trente ans de désamour avec les Américains
Rien n’y a fait. Ni le travail de ses spin-doctors, ni ses efforts pour apparaître souriante en toutes circonstances, ni les outrances de son adversaire… rien, donc, n’a suffi à Hillary Clinton pour enfin apparaître comme sympathique et digne de confiance auprès de l’opinion américaine. Jamais la candidate malheureuse à la Maison-Blanche n’a trouvé la bonne formule, ni dans l’ombre de son mari Bill, ni dans la lumière.
Trop moderne dans les années 1970. Ainsi, dans les années 1970, alors que Bill est gouverneur de l’Arkansas, Hillary reste Hillary Rodham et poursuit sa carrière d’avocate. Trop moderne, jugent les électeurs de cet Etat du Sud très conservateur. En tant que First Lady, elle refuse de se cantonner à son rôle de figuration, mais échoue à mener à bien une réforme de système de santé et fâche les "housewives" américaines par quelques répliques grinçantes.
Trop hautaine dans les années 1990. Ce mépris, ce dédain lui sera ensuite reproché à partir des années 2000, quand elle décide de se lancer dans la carrière politique. Elle parvient tout de même à se faire élire sénatrice de l’Etat de New York, alors que Bill Clinton vient de quitter la Maison Blanche. Une première pour une ex-First Lady. Mais quand elle se lance à son tour pour le poste suprême, en 2008, elle est ringardisée par un jeune sénateur de l’Illinois, Barack Obama. Déjà, elle est perçue comme élitiste et coupée des réalités du terrain. Huit ans plus tard, face à Donald Trump, ces reprochent lui reviennent et lui explosent au visage. La défaite et l’humiliation de trop, sans doute.
Finalement, le seul moment où une large partie de l’opinion aura eu un tant soit peu d’empathie pour Hillary Clinton, c’est au moment de l’affaire Lewinsky, quand elle défend corps et âme son président de mari. Un courage salué, mais vite oublié par les Américains.
Et maintenant ?
Disparaître des radars. Omniprésente sur la scène médiatique depuis plus d’un an, présente dans le paysage politique américain depuis près de trente ans, Hillary Clinton va sans doute se faire oublier pendant un temps. A elle d’en déterminer la durée. Même si, c’était inévitable, elle est revenue mercredi sur cette incroyable défaite. Un peu tard, puisque, traditionnellement, c'est le soir même que le perdant reconnaît sa défaite. L’Amérique n’aime pas les mauvais perdants, et l'avenir dira comment les Américains auront jugé cette dernière sortie, certes d'une grande dignité, mais bien tardive.
Faire des conférences rémunérées. C’est une possibilité donnée à tous les puissants de la planète, à tous ceux du moins qui ont joué un rôle diplomatique majeur. Hillary Clinton s’y est déjà adonnée d’ailleurs. Après son passage au secrétariat d’Etat, elle était inscrite dans un circuit de conférence qu’on qualifiera pudiquement de lucratif. En février 2013, Buzzfeed affirmait ainsi que la désormais ex-candidate à la Maison-Blanche réclamait pas moins de 200.000 dollars par conférence. Un niveau de rémunération qui lui a valu de nombreuses attaques de la part de Donald Trump pendant la campagne.
Hillary Clinton a donc déjà le réseau, d’autant que son mari s’est déjà fait une spécialiste de ce genre de conférence. Reste à savoir si, d’une part, sa défaite ne la pénalisera pas dans ce secteur, et d’autre part si elle-même, à 69 ans révolus, en aura encore l’envie et l’énergie.