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Corée du Sud : le président Yoon Suk Yeol officiellement destitué par la Cour constitutionnelle

Europe 1 avec AFP . 4 min
La Cour constitutionnelle de Corée du Sud a confirmé vendredi à l'unanimité la destitution du président Yoon Suk Yeol, quatre mois après sa tentative désastreuse d'imposer la loi martiale.
La Cour constitutionnelle de Corée du Sud a confirmé vendredi à l'unanimité la destitution du président Yoon Suk Yeol, quatre mois après sa tentative désastreuse d'imposer la loi martiale. © ANTHONY WALLACE / AFP

Cette décision signifie le départ immédiat du pouvoir de Yoon Suk Yeol, qui n'était jusqu'à présent que suspendu, et entraînera une élection présidentielle anticipée sous 60 jours. La date du scrutin doit être annoncée dans les dix jours.

La Cour constitutionnelle de Corée du Sud a confirmé vendredi à l'unanimité la destitution du président Yoon Suk Yeol, quatre mois après sa tentative désastreuse d'imposer la loi martiale. Cette décision signifie le départ immédiat du pouvoir de Yoon Suk Yeol, qui n'était jusqu'à présent que suspendu, et entraînera une élection présidentielle anticipée sous 60 jours. La date du scrutin doit être annoncée dans les dix jours.

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Le chef de l'opposition Lee Jae-myung, qui en est le grand favori, a salué l'éviction du dirigeant conservateur en l'accusant d'avoir "menacé le peuple et la démocratie avec le pouvoir et les armes que le peuple lui avait confiés".

Violation des "principes fondamentaux de l'État de droit"

Dans un arrêt accablant lu en 23 minutes par son président Moon Hyung-bae et suivi en direct par des millions de téléspectateurs, la Cour a confirmé la motion de destitution votée par l'Assemblée nationale sud-coréenne le 14 décembre.

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Elle a estimé que les actions de Yoon Suk Yeol avaient "violé les principes fondamentaux de l'État de droit et de la gouvernance démocratique".

"Trahison de la confiance du peuple"

Yoon Suk Yeol "ne s'est pas contenté de déclarer la loi martiale, mais a commis des actes qui ont violé la Constitution et la loi, notamment en mobilisant les forces militaires et policières pour empêcher l'Assemblée nationale d'exercer son autorité", a-t-il poursuivi. Selon la Cour, cette décision d'envoyer la troupe museler le Parlement "a violé la neutralité politique des forces armée".

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"En définitive, les actes inconstitutionnels et illégaux du défendeur trahissent la confiance du peuple et constituent une violation grave de la loi qui ne peut être tolérée du point de vue de la protection de la Constitution", a ajouté la Cour. "Nous prononçons la décision suivante, avec l'accord unanime de tous les juges: (nous) destituons le président Yoon Suk Yeol", a-t-il dit.

Manifestations

Des milliers de manifestants anti-Yoon se sont rassemblés en plein air pour suivre la retransmission en direct du verdict, en se tenant la main en signe de solidarité. À l'annonce de la destitution de Yoon Suk Yeol, ils se sont mis à applaudir à tout rompre, certains fondant en larmes.

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"Lorsque la destitution a finalement été prononcée, les acclamations ont été si fortes que l'on a eu l'impression que le rassemblement était balayé", a raconté à l'AFP Kim Min-ji, une manifestante anti-Yoon de 25 ans. "Nous avons pleuré à chaudes larmes et crié que nous, les citoyens, avions gagné!"

Une foule de manifestants pro-Yoon, s'est également rassemblée dans le centre de Séoul pour écouter le verdict. L'AFP a entendu certains d'entre eux hurler des appels au meurtre des juges de la Cour. Un manifestant a été arrêté pour avoir tenté d'attaquer un fourgon de police à l'aide d'un bâton, a indiqué la police à l'AFP.

Le parti de Yoon Suk Yeol a aussitôt fait savoir qu'il "accepte solennellement" la décision. Les marchés ont accueilli le verdict avec soulagement, le won bondissant face au dollar et la Bourse de Séoul gagnant 0,35%.

"Éléments hostiles"

Le verdict de la Cour était très attendu dans un pays ultrapolarisé, encore sidéré par le coup de force raté de Yoon Suk Yeol en décembre et échauffé par des mois de tensions, de rebondissements et de manifestations massives des pro et anti-Yoon. Le 19 janvier, des pro-Yoon radicaux avaient même pris d'assaut le tribunal qui venait de prononcer la prolongation de sa détention. Un fait sans précédent en Corée du Sud, qui a marqué une nette escalade dans la crise.

Elu en 2022, l'ancien procureur vedette de 64 ans a dévalé la pente de l'impopularité, jusqu'à sa proclamation surprise dans la nuit du 3 au 4 décembre de la loi martiale, une mesure sans précédent depuis les heures sombres des dictatures militaires des années 1980.

Yoon Suk Yeol a toujours défendu cette mesure, soutenant qu'elle était nécessaire pour repousser "les forces communistes nord-coréennes" et "éliminer les éléments hostiles à l'État".

Dans un parlement cerné par des soldats, un nombre suffisant d'élus était toutefois parvenu à s'enfermer dans l'hémicycle pour voter à l'unanimité un texte exigeant la fin de la loi martiale, obligeant Yoon Suk Yeol à l'abroger six heures après son instauration.

Alerte maximale

Parallèlement à sa procédure de destitution, Yoon Suk Yeol est sous le coup d'un procès pénal pour "insurrection", un crime passible de la peine de mort. Arrêté en janvier et placé en détention provisoire, il a été remis en liberté le 8 mars pour vice de procédure. Son procès s'est ouvert en février à Séoul.

L'annonce de la décision de la Cour a fait craindre des débordements. Ses huit juges ont bénéficié d'une protection policière renforcée et les forces de l'ordre, en état d'alerte maximale, ont bouclé le quartier du palais de justice à l'aide d'un barrage d'autobus. Des postes médicaux avancés ont été installés dans les environs pour faire face aux éventuelles urgences.

Plusieurs ambassades, dont celles des États-Unis, de France, de Russie et de Chine, ont recommandé à leurs ressortissants d'éviter les rassemblements de masse. Depuis janvier, au moins deux partisans radicaux de Yoon Suk Yeol se sont immolés par le feu pour protester contre son sort. En 2017, quatre personnes étaient mortes dans les heurts qui avaient suivi la destitution de l'ancienne cheffe de l'État Park Geun-hye.