"C'est un changement historique de notre Europe et de notre zone Euro", s'est félicité Emmanuel Macron, mardi matin, après l'adoption d'un accord commun aux 27 pays européens pour relancer les économies du continent après la crise du coronavirus, à hauteur de 750 milliards d'euros. "Il s'agit d'une étape majeure qui pour nous a été franchie grâce à plusieurs mois et derrière cela plusieurs années de travail et d'engagement commun", a encore affirmé le chef d'Etat français, partisan, au côté d'Angela Merkel, d'un endettement partagé par tous les membres de l'Union. Comment cela va-t-il fonctionner concrètement ? Décryptage.
Qui va emprunter cet argent ?
Au nom de tous les pays de l'UE, la Commission européenne va emprunter ces 750 milliards sur les marchés. Fruit d'intenses tractations, l'accord final revoit à la baisse la part de subventions dans ce plan de relance, un geste en direction des pays dits "frugaux" - Pays-Bas, Suède, Danemark, Autriche rejoints par la Finlande : seuls 390 milliards seront accordés sous la forme de subventions.
A qui servira-t-il ?
L'argent sera mis à la disposition de ceux qui souffrent le plus de la crise sanitaire et de ses conséquences économiques, sous la forme de prêts - à hauteur de 360 milliards donc -, et, c'est ce qui est historique, de subventions. Ces aides directes financeront des réformes et des plans de relance nationaux. La Commission européenne s'assurera que les bénéficiaires tiennent leurs engagements, une condition indispensable aux yeux des "frugaux". L'idée de ce nouveau mécanisme est que si une économie nationale est fragilisée, toute l'Europe risque d'en pâtir. C'était particulièrement attendu en Italie et en Espagne, pays lourdement impactés par la crise.
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Et qui le remboursera ?
Premier élément de réponse : il n'y a pas d'urgence, un étalement du remboursement sur quarante ans est prévu. Et il ne devrait pas être effectué par les Etats : l'idée est que d'ici trois ans, l'UE ait ses propres ressources en prélevant, de manière inédite, ses propres taxes sur le plastique, sur les géants du numérique... Une taxe carbone aux frontières est également prévue. Ces taxes devraient rembourser l'essentiel du grand emprunt, permettant aux pays de l'Union de ne pas mettre la main à la poche.
Plan de relance de l'UE : "C'est un engagement sans précédent de la part des 27 états membres"
Mardi, Nicolas Véron, économiste au centre de réflexion européen Bruegel et chercheur au Peterson Institute for International Economics à Washington, revient sur l'accord des 27 états membres de l'Union Européenne en faveur d'un plan de relance de 750 milliards d'euros.