Couacs et réserves autour du sommet du Royaume-Uni pour l'investissement

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avec AFP // Crédit photo : RASID NECATI ASLIM / ANADOLU / ANADOLU VIA AFP
Ce lundi à Londres se déroulera un "sommet international sur l'investissement" avec des dizaines de chefs d'entreprises. Ce sommet répond à la promesse du gouvernement de l'organiser avant son centième jour aux affaires, mais il pâtit de quelques couacs dans l'organisation de l'événement. 

Le gouvernement travailliste accueille lundi à Londres des dizaines de chefs d'entreprises pour un "sommet international sur l'investissement", premier grand raout du genre depuis son arrivée au pouvoir, où il espère multiplier les annonces malgré une organisation laborieuse et une "guest list" maigrelette. Le Premier ministre Keir Starmer, qui entend faire du Royaume-Uni "le meilleur endroit au monde pour les affaires", mise sur ce sommet pour redresser une popularité en berne --24% d'opinions favorables-- trois mois après son arrivée à Downing Street.

Les travaillistes y voient aussi l'occasion de raffermir leurs liens avec les entreprises, après 14 années de gouvernements conservateurs et une retentissante sortie de l'Union européenne. Keir Starmer devrait annoncer lundi à grand bruit des milliards d'investissements pour le pays, puis vanter les mérites de sa politique "pro-business". En guise de hors d'œuvre, le gouvernement a déjà dévoilé 24 milliards de livres (28,6 milliards d'euros) dans l'énergie décarbonée, dont 12 milliards du géant espagnol Iberdrola et 8 milliards du Danois Orsted, pour l'essentiel des projets déjà connus.

À trois jours du sommet, les têtes d'affiche manquent à l'appel

Le Premier ministre entend donner de sa personne pour son sommet : c'est lui qui doit ouvrir le bal par un dialogue avec Eric Schmidt, un ancien PDG de Google, aujourd'hui richissime, mais plus aux manettes du groupe depuis 2011. Car à trois jours du sommet, les têtes d'affiche manquent à l'appel : pas de grand patron étranger, de ponte de la "tech", ni de vedette américaine pour le moment, mais beaucoup d'acteurs locaux et quelques représentants de multinationales, comme la directrice des investissements de Google.

 

Même l'opportunité de rencontrer en personne le roi Charles III lors de la réception de clôture prévue lundi soir n'a pas suffi à les convaincre. Dans un article au vitriol vendredi, le Financial Times explique cette tiédeur par une organisation jugée laborieuse, qui conduit les invités à réserver leur participation jusqu'à la dernière minute ce week-end. Deux entreprises étrangères en quête d'informations urgentes auraient ainsi eu la stupeur de recevoir pour seule réponse des organisateurs un message "absence du bureau", selon le quotidien.

Autre signe de ce cafouillage, la très secrète liste des invités a été révélée par erreur, les organisateurs ayant envoyé un mail à tous les hôtes confirmés, sans masquer les adresses --y compris celle du patron de LVMH Bernard Arnault, selon la presse britannique. "Il s'agit d'une erreur administrative humaine et nous nous excusons auprès des personnes concernées", a réagi un porte-parole du ministère des entreprises dans une déclaration transmise à l'AFP.

Il y a eu par ailleurs des doutes sur la participation de l'exploitant portuaire DP World, basé à Dubaï. Des médias avaient même annoncé que son président avait renoncé à un investissement d'un milliard de livres prévu pour le sommet en raison d'un différend avec le gouvernement. La ministre des Transports a critiqué cette semaine P&0 Ferries (propriété de DP World), pour avoir licencié brutalement 800 employés en 2022. Mais selon le ministère du Commerce, DP World sera bien présent. Son président, Sultan Ahmed bin Sulayem, assistera à la conférence, a précisé le Times.

Un sommet à deux semaines du premier budget travailliste

Les invités semblent refroidis par la date du sommet, qui répond à la promesse du gouvernement d'organiser l'évènement avant son centième jour aux affaires, mais tombe aussi à deux semaines du premier budget travailliste, qui préoccupe les entreprises car une hausse des taxes sur les revenus du capital semble se profiler. "Taxer davantage les actionnaires sur les gains (...) n'est guère de nature à encourager la participation au marché boursier", euphémise Susannah Streeter, analyste chez Hargreaves Lansdown, interrogée par l'AFP.

 

Le chiffre final lors de ces sommets sur les investissements est le plus souvent calculé en additionnant des montants déjà connus, quelques engagements nouveaux et parfois une annonce fracassante. Le Premier ministre Rishi Sunak avait annoncé 29,5 milliards de livres (35,2 milliards d'euros) l'an passé.