C'est une institution, un symbole du pouvoir politique américain. La Maison-Blanche, lieu de fantasmes, de rêves et d'anecdotes extraordinaires. Depuis 217 ans, la bâtisse est la résidence officielle des présidents des États-Unis. Le premier à y installer ses quartiers fut John Adams, le deuxième président de l'histoire américaine, en 1800. Un personnage sobre, discret, ordinaire. Tout l'opposé du prochain locataire de la Maison-Blanche. L’exubérant Donald Trump, 45ème président des États-Unis qui sera officiellement investi vendredi, s'apprête à bouleverser le rythme de vie du vénérable bâtiment.
Famille
S'il fallait trouver un point commun entre John Adams et Donald Trump, ce serait leur sens aigu de la famille. Le milliardaire compte bien mettre en avant sa fille Ivanka et a même nommé son gendre Jared Kushner haut conseiller à la Maison-Blanche. Les nominations de membres de la famille du Président à des postes importants sont très rares aux États-Unis, notamment en raison des lois contre le népotisme. De fait, il faut remonter à John Adams qui, durant son mandat (1797-1801) employa son fils John Quincy Adams en tant qu'émissaire en Prusse. Jared Kushner peut nourrir des ambitions : John Quincy Adams fut élu président à son tour en 1825...
Une Première Dame effacée. Une autre tradition familiale s'est imposée au sein de la Maison-Blanche au fil des mandats : le rôle fort de la "First Lady". La femme de Jimmy Carter, Rosalynn, assistait ainsi à des réunions du cabinet, Eleanor Roosevelt tenait des conférences de presse, Hillary Clinton promouvait des réformes d'assurance-santé et Michelle Obama a multiplié les initiatives contre l'obésité. A l'inverse, il y a peu de chances que Melania Trump soit une Première Dame impliquée dans la vie politique. Peut-être même qu'elle ne sera guère présente à la Maison-Blanche : elle et son fils Barron Trump ne doivent pas emménager à Washington avant au moins la fin de l'année scolaire.
Week-end et vacances
Un temps, il fut même incertain que Donald Trump lui-même loge à la Maison-Blanche en permanence. Le futur Président s'y est finalement résolu mais il pourrait toutefois ne pas y vivre tous les jours. Il a en effet laissé entendre qu'il comptait continuer à profiter de son triplex au sommet de la Trump Tower, à New York. Contrairement à la Maison-Blanche, petit îlot au cœur de la capitale Washington, la tour qui porte le nom du milliardaire est un lieu très fréquenté. Donald Trump y voit la possibilité de ne pas s'isoler et de rester au contact des Américains au quotidien. Il lui suffit pour cela de descendre 55 étages en ascenseur.
Repos en Floride. Par conséquent, Donald Trump pourrait choisir de vivre à la Maison-Blanche la semaine et de revenir habiter avec sa famille en haut de la Trump Tower le week-end. Un véritable casse-tête pour les services de sécurité. Le trafic aérien au-dessus de Manhattan est très dense - alors qu'il est interdit de survoler la Maison-Blanche - et le bâtiment du milliardaire est très difficile à sécuriser entièrement étant donné les nombreuses allées et venues des locataires et des travailleurs. Si les séjours à la Trump Tower se révèlent impossibles, alors le Président pourra opter pour sa résidence de Mar-a-Lago, en Floride, comme destination privilégiée s'il veut prendre un peu de repos.
Communication
"140 signes valent mieux qu'un long discours". Tel est l'adage que semble avoir fait sien Donald Trump. Le président-élu adore tweeter. Beaucoup. Une habitude qui ne semble pas vouée à changer quand il sera au pouvoir. Un changement de communication radical par rapport à ses prédécesseurs mais finalement logique : comme eux, Trump adopte le média de son époque. Franklin Roosevelt s'exprimait à la radio, John F. Kennedy charmait les téléspectateurs sur les premiers postes de télévision en noir et blanc et l'excellent orateur qu'est Barack Obama ne voyait guère de problème qui ne puisse être résolu avec un bon discours.
Writing my inaugural address at the Winter White House, Mar-a-Lago, three weeks ago. Looking forward to Friday. #Inaugurationpic.twitter.com/S701FdTCQu
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) 18 janvier 2017
Twittos compulsif. Donald Trump et ses proches ont d'ores et déjà annoncé qu'il ne renoncerait pas à son usage compulsif de Twitter, lui qui tweete parfois dès l'aube des séries de messages enflammés. Même ses proches conseillers avouent ne pas toujours savoir à l'avance quand le patron va envoyer sa prochaine salve en 140 caractères, ni sur quel sujet. Les débuts de journée au 1.600 Pennsylvania Avenue, l'adresse de la Maison-Blanche à Washington, seront donc certainement souvent animés pour les membres de l'administration Trump qui devront régulièrement rattraper leur retard dans la lecture des tweets.
Journalistes
Pour tout journaliste politique américain ou correspondant de média étranger, l'accréditation à la Maison-Blanche est l'équivalent du Graal. Peu nombreux sont ceux qui ont accès à la salle de presse de la résidence présidentielle, avec accès direct à l'homme le plus puissant des États-Unis. Ils devraient être encore moins nombreux à partir du 20 janvier. Barack Obama n'était pas un grand amateur de la presse mais il tolérait sa présence. Donald Trump, lui, semble en guerre contre les médias - tout en leur accordant pourtant des interviews.
Plus de journalistes à la Maison-Blanche ? Ses attaques contre de nombreux reporters sont bien vues par beaucoup de ses électeurs, qui détestent les grands médias généralistes, considérés comme des militants d'une élite progressiste. L'équipe du milliardaire a déjà estimé que son ton n'allait probablement pas changer une fois en fonctions, quoi qu'en pense la presse. L'entourage de Donald Trump a aussi suggéré que le sacro-saint briefing quotidien aux journalistes pourrait être supprimé et que ces derniers pourraient même être évincés de la Maison-Blanche. Ses relations avec la presse devraient donc rester compliquées.