"Dormir deux semaines, et ensuite partir en vacances avec Michelle". Puis éviter d'être le "vieux type qui traîne au bar et ressasse ses gloires passées". Telles ont été réponses du président Obama lorsqu'on l'a interrogé sur son avenir, à l'approche de la fin de son mandat. Mais ces traits d'humour se heurtent vendredi à une réalité bien concrète : à 55 ans, l'homme le plus admiré des Etats-Unis passe officiellement le flambeau à Donald Trump et se dirige vers un futur loin de la Maison-Blanche, où il a vécu pendant huit ans. Et ses pistes de reconversion sont nombreuses.
"Être silencieux pendant quelques temps". Pour commencer, il y aura bien des vacances. À très court terme, dès la prestation de serment de son successeur terminée, Barack Obama partira en congés en famille, à Palm Springs, en Californie. Et ensuite ? "J'ai besoin d'être silencieux pendant quelques temps. Pas seulement politiquement, mais aussi en moi-même. Il faut digérer tout ce qui s'est passé", expliquait-il dans un récent entretien sur CNN. Ce retour à la vie "normale" devrait se faire à Washington, où le couple Obama a loué une maison le temps que la plus jeune de ses filles, Sasha, termine ses années de lycée. Le président sortant a annoncé qu'il ne participerait pas à la "mêlée" politique. Et précisé qu'il ne commenterait pas, sauf sur des points touchant "aux fondements même de la démocratie", les initiatives de son successeur.
Pour autant, Barack Obama n'a aucune intention de se mettre à la retraite. À moyen terme, le premier président noir des Etats-Unis a évoqué sa volonté de travailler avec les jeunes issus des minorités dans les quartiers défavorisés, où l'échec scolaire, le chômage et le taux d'incarcération sont nettement plus élevés qu'ailleurs, pour que "l'égalité des chances ne soit pas une formule creuse".
"Aider la prochaine génération". Au-delà de cet engagement citoyen, la défaite surprise d'Hillary Clinton obligera celui qui l'avait soutenue à s'impliquer dans la reconstruction de son parti. "Je veux faire tout ce que je peux pour mettre en valeur et aider la prochaine génération", a-t-il affirmé. "J'ai les contacts et je pense la crédibilité pour faire cela de façon originale." Barack Obama entend ainsi peser dans la balance pour que son parti aille plus loin que "les ciblages ultra-précis pour emporter une élection présidentielle", et soit présent au-delà des fiefs démocrates que sont les grandes villes, dans les zones "où les gens se sentent ignorés".
Barack Obama finira-t-il par retrouver un poste important au sein du paysage politique américain? Dans l'Histoire, plusieurs anciens locataires de la Maison-Blanche ont en tout cas choisi cette voie pour laisser une trace de leur vie post-washingtonienne. Battu en 1829 après un mandat, John Quincy Adams a par exemple été élu au Congrès où il a siégé jusqu'à la fin de sa vie. Servi par des talents d'orateur hors pair, il a marqué les esprits pour le combat sans relâche contre l'esclavage qu'il y a mené. En 1913, un autre ancien président, William Howard Taft a rejoint la Cour suprême. Passionné de droit, Barack Obama a d'ores et déjà dit qu'il n'était pas intéressé par cette reconversion : "Trop monastique pour moi".
Un "Centre présidentiel" à Chicago. Pour finir de marquer l'Histoire, le président sortant pourrait également suivre l'exemple de ses deux prédécesseurs démocrates encore en vie, Jimmy Carter et Bill Clinton, qui ont créé des fondations respectées au-delà des frontières américaines. Barack Obama devrait s'appuyer sur son "Centre présidentiel", qui sera construit à Chicago, pour développer ses propres initiatives. Ce bâtiment comportera notamment une bibliothèque présidentielle, recensant les discours, documents officiels et autres vestiges de ses deux mandats à la tête du pays.
Des rumeurs récurrentes lui prêtent en outre l'envie de donner des cours à la Columbia University de New York, où il a étudié au début des années 1980. "Le contact avec les étudiants me manque", confiait-il au New-Yorker à l'automne 2014. Déjà auteur de deux livres à succès, Barack Obama a enfin exprimé son intention d'écrire ses mémoires, en s'appuyant sur le journal qu'il rédige depuis ses années d'étudiant et qu'il n'a cessé de tenir durant ses deux mandats à la Maison-Blanche. Son épouse Michelle, elle, se serait déjà lancée dans la rédaction d'un livre sur ses années en tant "First Lady".