Le président américain Donald Trump s'est opposé mercredi au retour aux États-Unis d'une femme qui avait rejoint le groupe Etat Islamique (EI) en Syrie. Washington affirme qu'elle n'était pas américaine, ce que son avocat a immédiatement démenti.
"Ni passeport, ni visa", selon Pompeo. "J'ai ordonné au secrétaire d'État Mike Pompeo, et il est complètement d'accord, de ne pas autoriser le retour de Hoda Muthana dans le pays !", a-t-il tweeté peu après un communiqué du chef de la diplomatie assurant que cette dernière n'était pas une citoyenne américaine. "Elle n'a pas de fondement juridique, ni de passeport américain valide, ni de droit à un passeport, ni aucun visa pour se rendre aux États-Unis", a précisé Mike Pompeo.
"Elle est citoyenne américaine", clame son avocat. Mais l'avocat de la jeune femme s'est élevé contre cet argument. "Hoda Muthana est née dans le New Jersey en 1994, plusieurs mois après que son père eut cessé d'être diplomate. Elle est citoyenne américaine", a indiqué Me Hassan Shilby, en référence à une règle qui veut que les enfants de diplomates nés aux États-Unis pendant qu'ils y sont en poste n'acquièrent pas automatiquement la nationalité américaine. "Elle avait un passeport valide" quand elle est partie en Syrie en 2014 rejoindre les rangs du groupe État islamique, a-t-il ajouté.
"Il est possible qu'elle ait enfreint la loi, et si c'est le cas, elle est prête à en payer le prix", a poursuivi l'avocat. "On ne peut pas arriver au point où nous privons tout simplement de nationalité ceux qui ont violé la loi. Ce n'est pas ça, l'Amérique."
Une part active dans la propagande djihadiste. Détenue dans un camp de réfugiés du nord-est syrien après s'être rendue aux forces kurdes, Hoda Muthana a, selon l'organisation Counter Extremism Project, activement participé à la propagande djihadiste sous le pseudonyme de "Oum Jihad".
Elle a notamment appelé à "faire couler le sang américain" et félicité les auteurs de l'attentat de 2015 contre Charlie Hebdo, qui a fait 12 morts. "Je tire mon chapeau aux moudj de Paris", a-t-elle ainsi tweeté sur son compte aujourd'hui suspendu, utilisant une abréviation pour évoquer les "moudjahidines" (combattants du Jihad).
Elle exprime des regrets dans plusieurs journaux américains. Elle souhaite rentrer aux États-Unis et a accordé des entretiens à plusieurs journaux occidentaux dans lesquels elle affirme regretter profondément ses actes. "J'ai réalisé que j'avais fait une grave erreur. Je sais que j'ai gâché mon avenir et celui de mon fils et je le regrette très profondément", a déclaré la jeune femme au quotidien britannique The Guardian. Elle dit avoir été mariée à trois combattants de l'EI, tous tués, et avoir un fils de 18 mois.
Au New York Times, elle a raconté avoir commencé à avoir des doutes sur son engagement au cours de sa deuxième année passée dans le califat que l'EI avait autoproclamé à cheval sur le nord-est de la Syrie et le nord-ouest de l'Irak. "Je me suis dit, qu'est-ce que je suis en train de faire ?".
La question du retour des ressortissants étrangers. Le cas de Hoda Muthana intervient au moment où le président américain Donald Trump exhorte les Européens à reprendre leurs centaines de ressortissants détenus par l'alliance arabo-kurde des Forces démocratiques syriennes (FDS) après avoir rejoint les rangs de l'EI, afin de les traduire en justice.
Donald Trump, qui s'est engagé en décembre à retirer les quelques 2.000 militaires américains déployés en Syrie, a répété dimanche qu'il ne souhaitait pas voir "ces combattants de l'EI se répand(re) en Europe" à l'avenir. Mais les pays européens concernés ont réagi avec tiédeur, craignant notamment une radicalisation au sein des prisons où ils seront détenus à leur retour.