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États-Unis : après l'élection de Biden, le risque d'une "guerre civile à bas bruit"

Océane Herrero - Mis à jour le . 2 min

Un fossé de plus en plus grand se creuse entre le camp démocrate et le camp républicain aux Etats-Unis. Selon Bruno Cabanes, historien spécialiste de la guerre, les Etats-Unis voient apparaître les prémices d'une guerre civile "à bas bruit". Les Américains vivent dans un climat de conflit politique et de peur de plus en plus pressant.

Environ un Américain sur quatre a coupé les liens avec un membre de sa famille ou un ami proche pour des raisons politiques au cours du mandat de Donald Trump. Cette donnée illustre parfaitement la division dont souffre la population américaine, que l'élection de Joe Biden à la présidence ne pourra pas masquer. Bruno Cabanes, professeur d’histoire à l’université d’Etat de l’Ohio, et spécialisé en histoire de la guerre, était l'invité d'Europe 1 ce dimanche. Pour lui, les Etats-Unis voient actuellement apparaître les germes d'une forme de guerre civile.

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Une fracture ancienne

Comment expliquer une telle fracture ? L'élection de Donald Trump en 2016 a mis en lumière une ligne de faille entre "deux Amériques qui coexistent", selon Bruno Cabanes. "Elles ne regardent pas les même chaînes, n'écoutent pas les mêmes radios et les réseaux sociaux amplifient ce phénomène." Cette division est donc visible au quotidien et fait craindre, pour l'historien, qu'une guerre civile n'éclate.

Mais attention "guerre civile, cela ne signifie évidemment pas un conflit ouvert comme on en a connu en Espagne ou dans l'ex-Yougoslavie" tempère l'historien. "La guerre civile peut prendre plusieurs formes. Ici, il s'agit plutôt d'une forme de guerre civile à bas bruit, avec des ferments de guerre civile."

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Différents éléments appuient l'analyse de Bruno Cabanes. "Le premier, c'est le reflux de failles très anciennes, qui remontent à la guerre de Sécession. On a deux pays qui n'ont pas la même vision du passé" explique-il. "On le voit notamment l'été dernier autour de batailles assez violentes autour, par exemple, du nom de bases militaires américaines qui, pour quelques unes d'entre elles, portent des noms de généraux confédérés, ou quand des statues ont été déboulonnées." Une fracture mémorielle qui abîme, selon lui, le "vivre-ensemble".

Tensions exacerbées cette année

Vient ensuite une rancœur qui trouve sa source dans le système électoral même. "Je me souviens très bien des réactions de certains de mes collègues en 2016. Ils disaient que si on n'avait pas le Midwest, on n'aurait pas élu Donald Trump", indique-t-il. "Et on va évidemment arriver à la même conclusion de la part des électeurs de Donald Trump, qui considèrent maintenant que s'ils étaient débarrassés des grandes villes libérales , il y aurait un président républicain."

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Enfin, la crise du coronavirus n'a fait qu'amplifier les oppositions entre ces deux camps. "Le port du masque est, par exemple, presque devenu un signe d'affiliation politique, puisque les électeurs de Donald Trump refusent de le porter", ajoute Bruno Cabanes.

Un climat de peur s'est peu à peu installé aux Etats-Unis. Il s'illustre notamment par une hausse des ventes d'armes, en particulier chez les personnes qui n'en possédaient pas auparavant. "Le climat peut éventuellement aboutir à des violences plus ouvertes", conclut l'historien.

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