Israël a bombardé dimanche la bande de Gaza au 100e jour de guerre contre le mouvement terroriste du Hamas, qui a plongé la population de ce territoire dans une crise humanitaire majeure et fait redouter un embrasement régional. "Personne ne nous arrêtera, ni La Haye, ni l'Axe du Mal, ni personne d'autre", a martelé samedi soir Benjamin Netanyahu, alors que son pays rejette des accusations de génocide devant la Cour internationale de justice (CIJ) à La Haye, saisie par l'Afrique du Sud.
Les principales informations :
- L'armée israélienne a fait état dimanche de la mort d'un soldat, portant à 188 le nombre de militaires tués depuis le début des opérations terrestres à Gaza le 27 octobre
- Selon le bureau des médias du gouvernement du Hamas, plus de 100 personnes ont été tuées dans les bombardements israéliens nocturnes à travers le territoire, notamment à Khan Younès
- Un homme est mort dimanche dans le nord d'Israël, tué par un missile antichar tiré depuis le Liban sur une maison dans un village frontalier
- L'armée israélienne a dit plus tôt avoir tué dans la nuit "trois terroristes" qui s'étaient infiltrés en Israël depuis le sud du Liban
- Les Etats-Unis ont déclaré que leurs forces avaient atteint un "site radar au Yémen" après que des sites des rebelles ont été touchés par des frappes américaines et britanniques
- Des centaines de milliers de personnes ont observé dans la matinée une grève de 100 minutes pour marquer les 100 jours de détention des otages
- L'armée israélienne a fait état de l'arrestation, pour "incitation au terrorisme", de deux sœurs du numéro deux du Hamas Saleh al-Arouri, tué le 2 janvier au Liban
- Une Israélienne a été tuée dimanche dans un tir de missile venu du Liban sur sa maison, dans le nord d'Israël
- La branche militaire du Hamas a affirmé dimanche que "beaucoup" d'otages "ont probablement été tués récemment" et a imputé "la pleine responsabilité" de leur sort à Israël
Le Hamas publie une vidéo de trois otages israéliens en vie
La branche armée du Hamas a diffusé dimanche une vidéo montrant trois otages israéliens en vie, deux hommes et une femme, retenus dans la bande de Gaza depuis le 7 octobre. Cette vidéo ne donne aucune indication sur la date à laquelle elle a été filmée. Les trois otages y demandent en hébreu aux autorités israéliennes d'agir pour leur libération.
Un vidéo journaliste de la télévision Al-Ghad tué dimanche à Gaza, annonce son employeur
Un Palestinien âgé de 28 ans, vidé journaliste de la chaîne de télévision arabe Al-Ghad, basée au Caire, a été tué dimanche à Gaza, a annoncé ce média, imputant sa mort à une frappe de l'armée israélienne. "C'est avec le cœur lourd que nous annonçons que le vidéo journaliste d'Al-Ghad, Yazan al-Zwaidi a été assassiné par des tirs israéliens" alors qu'il se trouvait "dans le nord de Gaza", a annoncé sur "X" la chaîne de télévision arabe, sans donner davantage de détails.
Outre M. Zwaidi, au moins 82 journalistes et professionnels des médias, en grande majorité palestiniens, ont été tués depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas, selon le Comité pour la protection des journalistes (CPJ). L'ONU s'est dite "très préoccupée" lundi par ce "bilan élevé". Mardi, le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) a lui déclaré que les crimes contre les journalistes étaient inclus dans son enquête sur des crimes de guerre à Gaza.
Le Hamas affirme que beaucoup d'otages ont "probablement été tués récemment"
La branche militaire du Hamas a affirmé dimanche que "beaucoup" d'otages "ont probablement été tués récemment" et a imputé "la pleine responsabilité" de leur sort à Israël. "Le sort de nombreux otages est inconnu depuis les semaines récentes, et les autres sont tous entrés dans le tunnel de l'inconnu" a déclaré Abou Obeida, porte-parole de la branche armée du Hamas dans une allocution télévisée, ajoutant que "beaucoup d'entre eux ont probablement été tués récemment et les autres sont en grand danger", ce dont "la direction de l'ennemi et de son armée porte la pleine responsabilité".
Une mère et son fils tués dans le nord d'Israël par un missile tiré du Liban
Une Israélienne a été tuée dimanche dans un tir de missile venu du Liban sur sa maison, dans le nord d'Israël, a annoncé le Conseil régional Mevoot Hermon, après l'annonce par l'armée de la mort de son fils dans la même frappe.
Le Conseil régional qui gère une quinzaine de villages proches de la frontière avec le Liban, l'a identifiée comme Mira Ayalon. Il s'agit de la mère de Barak Ayalon, 45 ans, dont la mort dans la même frappe sur le village de Kfar Youval avait été annoncé plus tôt par l'armée, qui a précisé qu'il était membre de l'unité de défense de la localité.
23.968 personnes tuées selon le dernier bilan du ministère local de la Santé
Israël est en outre confronté, à sa frontière nord, à des attaques du mouvement islamiste libanais Hezbollah, qui fait partie de "l'axe de la résistance" mis en place par l'Iran et comprenant des groupes armés hostiles à Israël et son allié, les États-Unis. La guerre a été déclenchée le 7 octobre par une attaque sans précédent du Hamas sur le sol israélien depuis la bande de Gaza, faisant environ 1.140 morts, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP à partir du bilan israélien.
Quelque 250 personnes ont été prises en otages lors de cette attaque, selon les autorités israéliennes. Une centaine ont été libérées en vertu d'une trêve fin novembre, et les proches de ceux encore captifs accentuent la pression pour qu'ils soient relâchés. En représailles à l'attaque, Israël a juré d'anéantir le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007, classé groupe terroriste par Israël, les Etats-Unis et l'Union européenne. Les bombardements et les échanges de tirs incessants sur l'étroite langue de terre ont tué au moins 23.968 personnes, principalement des femmes, adolescents et enfants, selon le dernier bilan du ministère local de la Santé.
"Mort" et "destruction"
D'épais nuages de fumée se sont élevés dimanche matin au-dessus des villes de Rafah et de Khan Younès, dans le sud, selon un correspondant de l'AFP. Selon le bureau des médias du gouvernement du Hamas, plus de 100 personnes ont été tuées dans les bombardements israéliens nocturnes à travers le territoire, notamment à Khan Younès. Les Brigades d'Al-Qassam, branche armée du Hamas, ont parlé de combats notamment à Al-Maghazi, Deir Al-Balah (centre) et Khan Younès.
L'armée israélienne a dit ces derniers jours concentrer ses opérations contre le Hamas sur cette dernière ville située dans le sud du territoire où sont massés des centaines de milliers de civils après avoir fui les bombardements massifs dans le nord du territoire au début de la guerre. Elle a fait état dimanche de la mort d'un soldat, portant à 188 le nombre de militaires tués depuis le début des opérations terrestres à Gaza le 27 octobre.
Le blocus israélien, renforcé avec la guerre, provoque de graves pénuries de vivres et de carburant dans toute la bande de Gaza. "La mort, la destruction, le déplacement, la faim, la perte et le chagrin massifs de ces 100 derniers jours entachent notre humanité commune", a déclaré le patron de l'agence d'aide aux réfugiés palestiniens de l'ONU (Unrwa), Philippe Lazzarini, en visite dans le territoire côtier assiégé.
Tensions régionales
La pluie et le froid compliquent la survie au quotidien des familles, qui campent dans la cour du complexe médical al-Nasser, à Khan Younès. L'ONU estime que 1,9 million de personnes, soit près de 85% de la population, ont dû quitter leur logement. Nombreux sont ceux cherchant un refuge dans le sud du territoire, alors que le ministère de la Santé local répète qu'il n'y a pas d'infrastructures pour les accueillir. Par ailleurs, selon l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), moins de la moitié des hôpitaux de la bande de Gaza fonctionnent, et ce, partiellement.
En dehors de Gaza, les craintes d'un embrasement régional grandissent, avec des attaques dans la région de groupes armés soutenant le Hamas. Un homme est mort dimanche dans le nord d'Israël, tué par un missile antichar tiré depuis le Liban sur une maison dans un village frontalier, selon les services médicaux d'urgence et l'armée israéliens. Le Hezbollah a dit de son côté avoir mené six attaques sur le sol israélien. L'armée israélienne avait dit plus tôt avoir tué dans la nuit "trois terroristes" qui s'étaient infiltrés en Israël depuis le sud du Liban, selon un bilan revu à la baisse. Les échanges de tirs entre le Hezbollah et les forces israéliennes sont quasi quotidiens depuis le 7 octobre.
Tensions en mer Rouge
Les tensions se sont aussi accentuées en mer Rouge après de nouvelles frappes contre les Houthis, des rebelles yéménites soutenus par l'Iran qui multiplient les attaques contre des navires qui seraient liés à Israël, en solidarité avec les Palestiniens. Les Etats-Unis ont déclaré que leurs forces avaient atteint un "site radar au Yémen" après que des sites des rebelles ont été touchés par des frappes américaines et britanniques.
En Cisjordanie occupée, où les violences connaissent un regain depuis le 7 octobre, l'armée israélienne a fait état de l'arrestation, pour "incitation au terrorisme", de deux sœurs du numéro deux du Hamas Saleh al-Arouri, tué le 2 janvier au Liban dans une attaque de drone attribuée à l'armée israélienne. En Israël, familles et proches d'otages poursuivent leur mobilisation pour obtenir le retour de leurs proches, tentant de faire pression sur le gouvernement.
Mobilisation "place des otages"
Des centaines de milliers de personnes ont observé dans la matinée une grève de 100 minutes pour marquer les 100 jours de détention des otages, a annoncé la grande centrale syndicale Histadrout. "Nous sommes ici pour rappeler au monde entier que 136 hommes et femmes brutalement enlevées sont encore en captivité (...) à Gaza, dans des tunnels et des caves", a déclaré son chef Arnon Bar-David, lors d'un rassemblement à Tel-Aviv.
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Des dizaines de personnes se sont réunies sur une place rebaptisée "place des otages", certaines portant des ballons jaunes, couleur devenue symbole des captifs, d'autres des pancartes avec leur photos. Des concerts débutés samedi soir se sont poursuivis dimanche. Bashir al-Zayadna, 27 ans, dont l'oncle et le cousin, Youssef et Hamza al-Zayadna, 53 et 22 ans, sont otages dit n'espérer qu'une chose: pouvoir serrer ses proches dans ses bras et "leur dire que tout est fini". Dimanche au Caire, les ministres des Affaires étrangères égyptien et chinois ont plaidé ensemble pour un cessez-le-feu et la création d'un "Etat de Palestine".