Après les frappes russes des derniers jours, l'Ukraine s'est félicité jeudi d'avoir "stabilisé" son réseau électrique au 232e jour de l'invasion russe du pays. Les autorités russes dans le sud occupé ont demandé l'évacuation des civils face à la contre-offensive ukrainienne. Vladimir Poutine et Recep Tayyip Erdogan se sont eux retrouvés au Kazakhstan, mais sont restés silencieux quant à l'éventualité d'une médiation turque sur l'Ukraine que le Kremlin disait attendre.
Le président russe a surtout communiqué sur sa proposition à son homologue turc de créer un "hub gazier" en Turquie pour exporter du gaz vers l'Europe.
Les informations à retenir :
- Les autorités d'occupation russes demandent à Moscou d'évacuer les civils de la région de Kherson
- L'Ukraine rétablit son réseau électrique après les bombardements russes
- Emmanuel Macron confirme l'envoi de systèmes de défense anti-aériens à l'Ukraine
- Poutine et Erdogan se sont rencontrés au Kazakhstan
Zelensky appelle à juger "chaque agresseur et boucher" devant le Conseil de l'Europe
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a appelé jeudi devant les parlementaires du Conseil de l'Europe à juger "chaque agresseur et boucher", réitérant son souhait d'un tribunal international contre Moscou, et il a réclamé à la France et à l'Italie des moyens de défense anti-aériens.
"Il faut que la Russie soit reconnue comme Etat agresseur, et chaque assassin et boucher doit être traduit en justice pour les crimes perpétrés pendant cette guerre", a lancé Volodymyr Zelensky lors d'une allocution en visioconférence à l'occasion d'une session de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe (APCE).
"Il faut créer les mécanismes juridiques indispensables pour ce faire (...) Vous avez un rôle particulier pour créer un tribunal spécial pour traduire en justice la Russie et appliquer les principes de droit international", a encore lancé le président ukrainien. Celui-ci avait déjà formulé une demande analogue fin septembre devant les Nations unies, de création d'une juridiction pour juger le "crime d'agression" de la Russie contre l'Ukraine.
"Il faut des garanties pour assurer une paix à long terme. Nous avons pu voir comment la Russie rejette tout dialogue, comment elle veut parler la langue de la terreur. Ce fait doit être reconnu à tous les niveaux, juridique, politique", a-t-il ajouté, reprochant au passage au Conseil de l'Europe d'avoir maintenu en son giron la Russie après que celle-ci a annexé la Crimée, en 2014. Le "prétexte" du dialogue avec la Russie ne doit pas "masquer certaines facettes de cette guerre" et servir de "camouflage" à la "vérité", a-t-il encore estimé.
Échanges de 20 prisonniers entre l'Ukraine et la Russie
L'Ukraine et la Russie ont annoncé chacun de leur côté avoir procédé à un nouvel échange de prisonniers concernant 20 personnes dans chaque camp, deux jours après une autre opération de ce type entre Kiev et Moscou. "Nouvel échange de prisonniers, nouveaux moments de joie. On a réussi a libéré 20 personnes", s'est félicité sur Telegram le chef du cabinet de la présidence ukrainienne, Andriï Iermak.
Parmi ces 20 combattants figurent "14 soldats des forces armées ukrainiennes, quatre membres de la défense territoriale, un membre de la garde nationale et un membre des forces navales ukrainiennes", a précisé Andriï Iermak.
Un immeuble touché par une frappe ukrainienne à Belgorod
Les autorités russes ont accusé jeudi l'Ukraine d'avoir bombardé un immeuble résidentiel à Belgorod, une ville importante rarement touchée par des tirs et située dans une région frontalière de l'Ukraine. "Les forces armées ukrainiennes ont bombardé Belgorod. La défense antiaérienne a été activée. Il y a des destructions dans un immeuble résidentiel", a indiqué sur Telegram Viatcheslav Gladkov, le gouverneur de cette région où les tirs se sont multipliés ces dernières semaines.
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Selon lui, il n'y a pas eu de victime et les dégâts ne sont pas "critiques" pour l'immeuble. Une partie non explosée d'un projectile est aussi tombée sur le terrain de sport d'un lycée de la ville. Des images diffusées sur les réseaux sociaux ont montré le dernier étage de cet immeuble résidentiel d'une quinzaine d'étages éventré. Une vidéo montre l'impact, dans un panache de fumée noire.
Demande russe d'évacuation des civils de Kherson
Signe du recul russe sur plusieurs fronts depuis début septembre, les autorités d'occupation prorusses de Kherson ont demandé à Moscou d'évacuer les civils de la zone. Il s'agit de l'une des quatre régions dont le Kremlin a revendiqué l'annexion fin septembre. "Prenez vos enfants et partez", a dit le chef de l'administration d'occupation régionale, Vladimir Saldo.
L'approvisionnement en énergie stabilisé en Ukraine
Après des bombardements russes massifs lundi et mardi à travers l'Ukraine qui ont frappé l'infrastructure énergétique du pays, l'opérateur ukrainien Ukrenergo a annoncé jeudi avoir "stabilisé l'approvisionnement en énergie dans toutes les régions d'Ukraine" et ne pas avoir besoin de rationner l'électricité.
"La question de savoir s'il y aura des restrictions à l'avenir dépend avant tout de s'il y aura de nouveaux bombardements et destructions", a-t-il ajouté, se félicitant d'avoir "résisté" à l'attaque russe. De nombreuses villes et régions ukrainiennes avaient été confrontées à des coupures de courant ces derniers jours.
Le gouvernement ukrainien avait dû appeler la population à limiter sa consommation d'électricité après ces salves menées en réponse à l'explosion qui a endommagé le pont russe de Crimée, cible symbolique et stratégique reliant la péninsule annexée par Moscou à la Russie, et que le Kremlin a imputé à l'Ukraine.
Rencontre entre Poutine et Erdogan
Sur le front diplomatique, les présidents russe et turc se sont retrouvés jeudi au Kazakhstan pour une rencontre en marge d'un sommet régional à Astana. Si le Kremlin avait évoqué la possibilité d'une "proposition officielle" de la Turquie de servir de médiateur entre Moscou et Kiev, les deux hommes n'ont pas publiquement évoqué cette question.
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Ils ont parlé économie, Vladimir Poutine proposant donc à Recepp Tayyip Erdogan la création d'un "hub gazier" en Turquie pour exporter les hydrocarbures russes à l'Europe, alors que la guerre en Ukraine à entraîner une baisse considérable des livraisons gazières vers les Etats européens. Recepp Tayyip Erdogan a lui défendu les liens économiques de son pays avec la Russie et qui font grincer des dents en Europe.
La France va livrer des systèmes de défense anti-aérienne à Kiev
L'Ukraine continue pour sa part d'engranger les promesses de livraisons de systèmes anti-aériens pour neutraliser la menace des missiles russes, qui ont frappé lundi tant des installations électriques que des habitations ou un terrain de jeu. Après l'annonce de l'arrivée d'un système allemand et de la livraison prochaine de modèles américains, le Royaume-Uni a annoncé jeudi qu'il fournirait des munitions capables d'abattre des missiles de croisière.
La France a constitué un fonds doté de 100 millions pour les achats d'armements français par l'Ukraine et a confirmé l'envoi prochain de six canons Caesar, portant la dotation à 24. Mercredi soir sur France 2, Emmanuel Macron a également confirmé l'envoi de systèmes de défense anti-aérienne. "On va livrer des radars, des systèmes et des missiles (anti aériens, NDLR) pour protéger (les Ukrainiens) des attaques, en particulier pour les protéger des attaques de drones", a-t-il dit.
L'artillerie russe en force dans le sud
Les forces russes, en recul sur plusieurs fronts, restent à l'offensive sur celui de Bakhmout, ville de l'Est qui comptait avant la guerre 70.000 habitants et aujourd'hui largement désertée et ravagée par les tirs d'artillerie. Les forces prorusses dans la zone ont affirmé avoir pris deux villages, Opytné et Ivangrad, à la lisière sud. L'état-major ukrainien disait lui avoir repoussé les attaques russes dans la région. Des soldats ukrainiens rencontrés mercredi non loin de cette section du front ont indiqué que l'artillerie russe y était en position de force.
Plus au nord, à Iampil, près du noeud ferroviaire stratégique de Lyman récemment reconquis par l'Ukraine, les journalistes de l'AFP ont entendu jeudi des tirs nourris d'artillerie. Selon un soldat revenant du front, le village de Torske y essuyait des bombardements russes. À Belgorod en Russie, un missile ukrainien a frappé, sans faire de victimes, un immeuble d'habitation de cette grande ville située dans une région frontalière de l'Ukraine, ont rapporté les autorités locales, alors que les tirs touchant le territoire russe se sont multipliés ces dernières semaines.
Grossi veut négocier une formule pour sécuriser la centrale de Zaporijjia
Le chef de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) Rafael Grossi, de retour en Ukraine jeudi, entend négocier une formule à même de sécuriser la centrale nucléaire de Zaporijjia, occupée et annexée par les Russes et visée régulièrement par des tirs qui provoquent des coupures d'alimentation.
Avec son armée en difficulté, le président russe a tenté de reprendre l'initiative fin septembre en mobilisant des centaines de milliers de réservistes pour renforcer ses lignes et a décrété l'annexion de quatre régions de l'Est et du Sud. Des autorités régionales russes ont reconnu que de premiers réservistes mobilisés originaires de la région de Tcheliabinsk en Sibérie occidentale étaient morts, sans préciser s'ils étaient décédés au front ou dans les bases où s'organisent les entraînements.