Le président français Emmnauel Macron est arrivé mardi soir à Amman, deuxième étape de son voyage dans la région destiné à marquer la solidarité de la France avec Israël, après l'attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre, a constaté une journaliste de l'AFP. Le chef de l'Etat français est arrivé à 22H30 (19H30 GMT) en provenance d'Israël, où il a rencontré le Premier ministre Benyamin Netanyhou et des familles de victimes franco-israéliennes frappées par l'attaque. Il a ensuite rencontré en Cisjordanie le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas.
A Amman, il doit évoquer mercredi matin avec le roi de Jordanie, Abdallah II, la réactivation du "processus politique" en vue d'une "solution à deux Etats", palestinien et israélien, visant en paix et en sécurité côte à côte, a précisé la présidence française. L'Elysée a aussi évoqué de possibles entretiens avec d'autres dirigeants de la région, dont le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi, non confirmés à ce stade. Emmanuel Macron entend aussi tester auprès des pays de la région sa proposition d'une "coalition" internationale pour "lutter" contre le Hamas.
Les principales informations :
- Emmanuel Macron s'est rendu à Tel-Aviv et a exprimé mardi à la "solidarité" de la France à l'égard d'Israël.
- Le chef de l'État s'est entretenu avec Benjamin Netanhayu, à Jérusalem
- Le président a ensuite pris la direction de Ramallah, en Cisjordanie occupée, pour y rencontrer Mahmoud Abbas, président de l'autorité palestinienne
- Le président français ira, dans la soirée, à Amman pour voir "probablement" Abdallah II et "peut-être" d'autres dirigeants
"L'avenir des Palestiniens" passe par une lutte "sans ambiguïté" contre le terrorisme
Le président français Emmanuel Macron a estimé mardi à Ramallah que l'avenir des Palestiniens passait par une lutte "sans merci et sans ambiguïté contre le terrorisme", insistant sur la reconnaissance mutuelle des droits d'Israël et des Palestiniens.
"Il n'y aura pas de paix durable s'il n'y a pas la reconnaissance du droit légitime du peuple palestinien à disposer d'un territoire et d'un Etat. Il n'y aura pas de paix durable s'il n'y a pas la reconnaissance assumée de la part du peuple palestinien et de ses autorités d'un Etat d'Israël et de l'importance de son existence et de sa sécurité", a-t-il dit, aux côtés de son homologue Mahmoud Abbas.
"Rien ne saurait justifier" les "souffrances" des civils à Gaza
Le président français Emmanuel Macron a affirmé mardi à Ramallah que l'attaque du Hamas contre Israël était "aussi une catastrophe pour les Palestiniens" et déclaré que "rien ne saurait justifier les souffrances" des civils de Gaza. "Une vie palestinienne vaut une vie française qui vaut une vie israélienne", a déclaré le chef de l'État aux côtés du président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas.
Mahmoud Abbas déclare qu'il faut "faire cesser l'agression" contre Gaza
Le président palestinien Mahmoud Abbas a exhorté mardi son homologue français Emmanuel Macron à oeuvrer pour "faire cesser l'agression" à Gaza, au 18e jour de la guerre entre Israël le Hamas. "Nous vous exhortons, président Macron, à faire cesser cette agression", a dit Mahmoud Abbas dans des déclarations à la presse à l'issue de son entretien avec le président français, au siège de l'Autorité palestinienne à Ramallah, en Cisjordanie occupée.
Emmanuel Macron s'est entretenu avec Mahmoud Abbas
Après une visite en Israël où il a affirmé que le premier objectif devait être la libération des otages détenus par le Hamas, Emmanuel Macron s'est rendu à Ramallah, en Cisjordanie occupée, où il a été le premier dirigeant occidental à rencontrer Mahmoud Abbas au siège de l'Autorité palestinienne depuis le début de la guerre. Il se rendra ensuite à Amman pour rencontrer "probablement" le roi Abdallah II de Jordanie, selon la présidence française.
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L'Autorité palestinienne n'exerce plus aucun pouvoir dans la bande de Gaza depuis que le Hamas l'en a chassée en 2007. "Nos deux pays sont liés par le même deuil", a déclaré Emmanuel Macron, au côté du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, alors que 30 Français ou franco-israéliens ont été tués dans l'attaque du 7 octobre.
Le président français a proposé que la coalition internationale créée en 2014 sous la houlette des Etats-Unis pour combattre le groupe Etat islamique en Syrie et en Irak, à laquelle participe la France, "puisse aussi lutter contre le Hamas". Il a appelé l'Iran, puissant soutien du Hamas, et ses alliés régionaux, le Hezbollah libanais et les Houthis au Yémen, à "ne pas prendre le risque d'ouvrir de nouveaux fronts", plaidant pour "une relance décisive du processus politique avec les Palestiniens", au moment où le risque d'un embrasement du conflit inquiète la communauté internationale.
Le chef de l'ONU condamne les "violations claires du droit humanitaire" à Gaza
Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a dénoncé mardi devant le Conseil de sécurité les "claires violations du droit international humanitaire à Gaza". "Je suis profondément inquiet concernant les claires violations du droit international humanitaire que nous voyons à Gaza. Soyons clairs : aucune partie à un conflit armé n'est au dessus du droit humanitaire international", a-t-il insisté, sans mentionner Israël.
Il a également insisté pour un "cessez-le-feu humanitaire immédiat". "Pour apaiser cette souffrance immense, faciliter la distribution de l'aide de façon plus sûre, et faciliter la libération des otages, je répète mon appel à un cessez-le-feu humanitaire immédiat", a-t-il lancé devant les ministres et diplomates de dizaines de pays réunis au siège de l'ONU.
Plus de 5.700 Palestiniens sont morts, selon le Hamas
Lundi soir, le Hamas a relâché deux Israéliennes enlevées le 7 octobre en Israël, après la libération d'une Américaine et de sa fille trois jours plus tôt. L'une des feux femmes âgée de 85 ans, Yocheved Lifschitz, a affirmé mardi devant la presse à Tel-Aviv qu'elle avait été "battue" et avait "traversé l'enfer" lors de son enlèvement dans le kibboutz Nir Oz, mais "bien traitée" pendant sa captivité de plus de deux semaines dans la bande de Gaza.
Environ 220 otages israéliens, étrangers ou binationaux ont été recensés par Israël, emmenés par le Hamas dans la bande de Gaza après l'attaque commise en plein Shabbat, le repos juif hebdomadaire, et au dernier jour des fêtes de Souccot.
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Des centaines de membres du Hamas avaient infiltré Israël depuis Gaza, semant la terreur lors de cette attaque sans précédent depuis la création de l'Etat d'Israël en 1948. Plus de 1.400 personnes ont été tuées en Israël, la plupart des civils fauchés par balles, brûlés ou mutilés le jour de l'attaque, selon les autorités israéliennes. Mardi, le Hamas a affirmé que 5.791 Palestiniens, en majorité des civils dont 2.360 enfants, avaient été tués par les bombardements de représailles israéliens depuis le début du conflit, qui ont détruit des quartiers entiers et entraîné un déplacement massif de population.
"Démantèlement complet"
"Nous voulons démanteler complètement le Hamas, ses dirigeants, sa branche militaire et ses mécanismes de fonctionnement", a déclaré le chef d'état-major israélien, Herzi Halevi, entouré de plusieurs hommes en armes, dans une vidéo postée sur X par l'armée israélienne dans la nuit de lundi à mardi. Israël a imposé un blocus terrestre, maritime et aérien à la bande de Gaza depuis que le Hamas, classé organisation terroriste par les Etats-Unis, l'Union européenne et Israël, y a pris le pouvoir en 2007.
Les frappes israéliennes se sont intensifiées ces derniers jours sur le territoire de 362 kilomètres carrés où s'entassent 2,4 millions de Palestiniens, soumis en outre à un siège qui les prive de nourriture, d'eau et d'électricité, imposé depuis le 9 octobre par Israël. "Nous voyons que les tirs (de roquettes) depuis Gaza diminuent mais nous ne devons pas flancher, c'est un choix de l'ennemi, afin de nous endormir", a déclaré mardi un porte-parole de l'armée israélienne, le général Daniel Hagari.
Des sirènes d'alerte aux roquettes ont retenti dans la matinée dans le sud d'Israël, frontalier de la bande de Gaza. L'armée israélienne a massé des dizaines de milliers de soldats aux abords de la bande de Gaza, menant des incursions limitées pour viser l'infrastructure du Hamas et cherchant à localiser les personnes disparues ou enlevées. La présence des otages rendrait plus périlleuse encore une intervention terrestre israélienne dans ce territoire surpeuplé, truffé de tunnels où le Hamas cache ses membres et ses armes.
Frappes sur le sud de Gaza
Depuis le 15 octobre, l'armée israélienne appelle les civils du nord de la bande de Gaza, où les bombardements sont les plus intenses, à fuir vers le sud. Toutefois, les frappes continuent aussi de toucher le sud, proche de la frontière égyptienne, où les déplacés sont massés par centaines de milliers dans des conditions humanitaires catastrophiques. Au total, au moins 1,4 million de Palestiniens ont fui leur foyer depuis le début de la guerre, selon l'ONU.
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L'aide internationale a commencé à arriver au compte-gouttes depuis l'Égypte via le poste-frontière de Rafah, le seul point de passage vers Gaza qui ne soit pas sous contrôle israélien. Au total, une cinquantaine de camions sont entrés depuis samedi, alors qu'il en faudrait selon l'ONU au moins 100 par jour. Lundi, un troisième convoi a franchi la frontière à Rafah, le seul point de passage vers Gaza qui ne soit pas sous contrôle israélien. Au total, une cinquantaine de camions ont pu entrer en trois jours, alors qu'il en faudrait selon l'ONU au moins 100 par jour.
Plus de 19.000 personnes déplacées du Liban
Le Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, Volker Türk, a appelé lundi à un "cessez-le-feu humanitaire immédiat" à Gaza. Plusieurs habitants de Khan Younès, une ville du sud de la bande de Gaza, ont raconté mardi à un journaliste de l'AFP avoir perdu des proches, notamment des enfants, dans les bombardements de la nuit. La tension est forte aussi dans le nord d'Israël, à la frontière avec le Liban, où les échanges de tirs se sont multipliés entre l'armée israélienne et le Hezbollah, soutenu par l'Iran et allié du Hamas, très implanté dans le sud du Liban.
Plus de 19.000 personnes ont été déplacées au Liban, selon l'ONU, tandis qu'Israël a aussi évacué des localités de la zone frontalière. Un peu plus au sud, dans la ville mixte israélienne d'Acre, où vivent Juifs et Arabes, des habitants espèrent que leur cohabitation résistera à la guerre dans un pays où les Arabes israéliens représentent 20% de la population. "Il est important de garder l'équipe soudée, nous sommes ouverts depuis 35 ans, comme une famille", dit à l'AFP le patron d'un restaurant, Uri Jeremias, connu de longue date pour embaucher sans distinction du personnel des deux communautés.
La Chine appelle Israël à protéger les civils
Le ministre chinois des Affaires étrangères a dit lundi à son homologue israélien que "tous les pays" avaient le droit de se défendre, mais qu'il fallait "respecter le droit humanitaire international et protéger la sécurité des civils". Il s'agit du premier appel entre les hauts diplomates des deux nations depuis l'éclatement du conflit entre Israël et le Hamas le 7 octobre.
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"Tous les pays ont le droit de se défendre", a déclaré Wang Yi au ministre israélien des Affaires étrangères Eli Cohen, selon un communiqué du ministère chinois des Affaires étrangères, tout en soulignant qu'"ils devaient respecter le droit humanitaire international et protéger la sécurité des civils". Wang Yi a promis que la Chine ferait "de son mieux" pour soutenir les efforts "propices à la paix". "La tâche la plus urgente désormais est d'empêcher la situation de s'aggraver et de conduire à une catastrophe humanitaire plus grave", a ajouté le diplomate chinois.