De nouveaux bombardements ont visé mardi la bande de Gaza, où Israël a annoncé intensifier encore son offensive contre le Hamas, malgré les appels internationaux à faire taire les armes et les lourdes pertes civiles dans le territoire palestinien assiégé. Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a estimé que la paix ne serait obtenue que si Gaza est "démilitarisée" et "déradicalisée", plus de deux mois et demi après le début de la guerre, déclenchée par une attaque sanglante lancée le 7 octobre par le mouvement terroriste du Hamas sur le sol israélien.
Les principales informations :
- Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a estimé que la paix ne sera obtenue que si Gaza est "démilitarisée" et "déradicalisée", après avoir annoncé une intensification des combats contre le Hamas
- Une frappe survenue dimanche soir a notamment tué au moins 70 personnes dans le camp de réfugiés d'al-Maghazi (centre), selon le ministère de la Santé du Hamas
- Mardi matin, l'armée a annoncé la mort de deux nouveaux soldats israéliens
- Les Etats-Unis ont annoncé avoir frappé lundi trois sites utilisés en Irak par le Hezbollah
- Trente corps de victimes des bombardements ont été transportés ces dernières 24 heures à l'hôpital Nasser de Khan Younès, a indiqué le ministère de la Santé du Hamas
- 20.915 personnes, en majorité des femmes, des adolescents et des enfants, ont été tuées dans les opérations militaires israéliennes à Gaza, dont 241 ces dernières 24 heures, selon le ministère de la Santé du Hamas
- La compagnie palestinienne des télécommunications, Paltel, a annoncé mardi une nouvelle coupure des télécommunications dans la bande de Gaza
La guerre à Gaza "durera encore de nombreux mois"
Le chef d'état-major de l'armée israélienne, Herzi Halevi, a affirmé mardi que la guerre d'Israël contre le Hamas palestinien dans la bande de Gaza "durera encore de nombreux mois". "Les objectifs de cette guerre ne sont pas faciles à atteindre. La guerre durera encore de nombreux mois", a assuré le chef d'Etat major lors d'une conférence de presse, après avoir rencontré des soldats dans la bande de Gaza.
L'ensemble des télécommunications de nouveau coupées à Gaza
La compagnie palestinienne des télécommunications, Paltel, a annoncé mardi une nouvelle coupure des télécommunications dans la bande de Gaza, la quatrième depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas le 7 octobre.
"Nous regrettons d'annoncer une interruption totale des services de télécommunications fixes et d'internet (..) dans la bande de Gaza en raison de la poursuite de l'agression", a indiqué la compagnie dans un communiqué, ajoutant que ses équipes techniques "travaillent pour rétablir les services malgré la dangerosité des conditions sur le terrain".
Le ministère de la Santé du Hamas annonce un nouveau bilan de 20.915 morts
Mardi, d'épais nuages de fumée s'élevaient dans le ciel de Gaza après des frappes, selon des images de l'AFP, notamment au-dessus de Khan Younès, la grande ville du sud où Israël a annoncé concentrer désormais l'essentiel de son offensive contre le Hamas. Selon un correspondent de l'AFP, des frappes israéliennes nocturnes ont aussi visé la ville voisine de Rafah, à la frontière égyptienne, où s'entassent des dizaines de milliers de déplacés dans des camps de fortune.
Trente corps de victimes des bombardements ont été transportés ces dernières 24 heures à l'hôpital Nasser de Khan Younès, a indiqué le ministère de la Santé du Hamas. Selon un dernier bilan mardi de ce ministère, 20.915 personnes, en majorité des femmes, des adolescents et des enfants, ont été tuées dans les opérations militaires israéliennes à Gaza, dont 241 ces dernières 24 heures.
Trois "pré-requis"
Dans les colonnes du Wall Street Journal, il a également posé trois "pré-requis" pour parvenir à la paix. "Le Hamas doit être détruit, Gaza doit être démilitarisée et la société palestinienne doit être déradicalisée", a-t-il détaillé dans sa tribune. Empêcher la contrebande d'armes "nécessitera d'établir une zone de sécurité temporaire sur le périmètre de Gaza", a encore estimé Benjamin Netanyahu, qui exclut de confier l'administration future de ce territoire à l'Autorité palestinienne, qu'il accuse de "financer et glorifier le terrorisme" en Cisjordanie.
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"Dans un avenir proche, Israël devra conserver la responsabilité principale de la sécurité à Gaza", d'où il s'était retiré unilatéralement en 2005 après 38 ans d'occupation, a-t-il répété. Selon le quotidien israélien Haaretz, Benjamin Netanyahu s'est également déclaré prêt à encourager la migration volontaire des Palestiniens hors de Gaza. "Notre problème n'est pas de savoir s'il faut autoriser une sortie, mais s'il y aura des pays qui seront prêts à absorber une sortie", a-t-il déclaré devant les élus du Likoud, son parti, selon Haaretz.
"Projet absurde"
Le Hamas a réagi en dénonçant un "projet absurde". Les Palestiniens "refusent d'être déportés et déplacés. Il ne peut y avoir d'exil et il n'y a pas d'autre choix que de rester sur notre terre", s'est-il indigné dans un communiqué.
Cette offensive, la plus sanglante jamais menée par Israël contre le Hamas à Gaza, a été lancée en représailles à l'attaque du mouvement terroriste sur son sol le 7 octobre, qui a fait environ 1.140 morts, la plupart des civils, selon Israël. Les commandos palestiniens ont aussi enlevé environ 250 personnes, dont 129 restent détenues à Gaza. Dans ce petit territoire surpeuplé et contrôlé par le Hamas depuis 2007, les bombardements ont forcé 1,9 million de personnes à fuir leur domicile, soit 85% de la population selon l'ONU. Le week-end a été particulièrement meurtrier.
Une frappe survenue dimanche soir a notamment tué au moins 70 personnes dans le camp de réfugiés d'al-Maghazi (centre), selon le ministère de la Santé du Hamas. L'armée israélienne, qui a assuré faire son maximum pour épargner les civils, a dit "vérifier l'incident". "Ils nous disent d'aller au sud, au nord, au centre : ce ne sont que des mensonges et des tromperies, il n'y a pas de zone sûre dans la bande de Gaza", s'est indigné auprès de l'AFP Abou Rami Abou Al-Ais, un habitant de ce camp. "Les enfants sont réduits à l'état de restes. Quelle est la faute de ces enfants innocents ?" A l'hôpital voisin de Deir el-Balah, des dizaines de corps ont été enveloppés dans des sacs mortuaires après la frappe, a constaté l'AFP.
"Récits déchirants"
L'Organisation mondiale de la santé (OMS) s'est rendue dans cet hôpital et a entendu des "récits déchirants" de familles entières tuées, a expliqué lundi sur X son directeur, Tedros Adhanom Ghebreyesus. "Cette dernière frappe sur une communauté de Gaza montre bien pourquoi il faut un cessez-le-feu tout de suite", a-t-il insisté. Les différentes agences des Nations unies alertent sans relâche sur la catastrophe humanitaire en cours. La plupart des hôpitaux de Gaza sont hors services et dans les six prochaines semaines, l'ensemble des 2,4 millions d'habitants risquent de subir un niveau élevé d'insécurité alimentaire, pouvant aller jusqu'à la famine, selon l'ONU.
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Sans arrêt des combats, distribuer l'aide alimentaire est quasiment impossible, selon les agences onusiennes. Un argumentaire rejeté par le ministre israélien des Affaires étrangères, Eli Cohen, pour qui "la conduite de l'ONU est une honte". L'aide humanitaire n'a pas augmenté de manière significative à Gaza, malgré le vote vendredi par le Conseil de sécurité de l'ONU d'une résolution réclamant son acheminement "immédiat" et "à grande échelle".
Netanyahu chahuté
En Israël, la pression perdure pour libérer les otages. Lundi, Benjamin Netanyahu a été chahuté lors d'un discours au Parlement par des familles qui scandaient "Maintenant, maintenant!". "Et si c'était ton fils?", "80 jours, chaque minute c'est l'enfer", pouvait-on lire sur des banderoles brandies par ces proches. Une manifestation a également eu lieu à Tel-Aviv. Le Hamas, considéré comme un groupe terroriste par Israël, les Etats-Unis et l'Union européenne, exige une fin des combats avant d'entamer de nouvelles négociations pour des libérations d'otages.
Malgré l'intransigeance des deux camps, les médiateurs égyptiens et qataris tentent toujours de négocier une nouvelle trêve, après celle d'une semaine fin novembre qui a permis la libération de 105 otages contre 240 prisonniers palestiniens et l'entrée à Gaza d'importantes aides. Lundi soir, l'armée israélienne a affirmé avoir trouvé la voiture familiale d'un ex-otage enlevé le 7 octobre à Gaza et tué "par erreur" en décembre par ses soldats. Elle se trouvait dans l'enceinte de l'hôpital indonésien à Beit Lahia, dans le nord de Gaza, selon un communiqué.
Cette découverte "relie directement l'hôpital aux événements brutaux du 7 octobre", a assuré l'armée, qui accuse régulièrement le Hamas d'utiliser les hôpitaux comme des "centres de commandement" pour ses opérations. Mardi matin, l'armée a annoncé la mort de deux nouveaux soldats israéliens. Elle a perdu 158 militaires tués au combat depuis le début de son offensive terrestre à Gaza le 27 octobre, une vingtaine de jours après les premiers bombardements.
Frappes américaines en Irak
Au-delà de Gaza, le spectre d'un élargissement du conflit plane toujours, avec des échanges de tirs quasi-quotidiens et parfois meurtriers entre le Hezbollah et l'armée israélienne à la frontière entre le Liban et Israël, et les attaques des rebelles Houthis du Yémen contre des navires en mer Rouge et en mer d'Arabie. Les attaques imputées aux groupes pro-iraniens contre des troupes américaines se sont multipliées en Irak et en Syrie depuis le début de la guerre entre le Hamas et Israël.
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Les Etats-Unis ont annoncé avoir frappé lundi trois sites utilisés en Irak par le Hezbollah, allié du Hamas, et d'autres forces soutenues par l'Iran, en réponse notamment à une attaque ayant ciblé des personnels américains à Erbil, dans le nord de l'Irak. L'Iran a également accusé Israël d'avoir tué lundi un de ses hauts-gradés par une frappe de missiles en Syrie. Les Gardiens de la Révolution ont identifié ce général de brigade, Razi Moussavi, comme un "responsable logistique de l'axe de la résistance" à Israël, qui regroupe notamment l'Iran, le Hezbollah, le Hamas et les Houthis. Interrogée sur cette frappe, l'armée israélienne s'est refusée à tout commentaire. Le président iranien Ebrahim Raïssi a prévenu qu'Israël "paiera certainement pour ce crime".