Israël a tué le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, dans une frappe près de Beyrouth, portant un coup dévastateur au mouvement pro-iranien et marquant, selon le Premier ministre israélien, un "tournant" pour son pays. La mort vendredi de celui qui était considéré comme l'homme le plus puissant du Liban constitue une victoire majeure d'Israël face à l'Iran et ses alliés, mais plonge la région dans l'inconnu.
Les informations à retenir :
- L'armée israélienne a annoncé dimanche mener "des dizaines" de nouveaux raids contre le Hezbollah au Liban
- Ces attaques visaient des sites de lancement de roquettes vers Israël, selon l'armée israélienne
- Le Hezbollah a confirmé samedi la mort de son chef charismatique Hassan Nasrallah
- Son cousin Hachem Safieddine, figure éminente du Hezbollah, apparaît comme un successeur potentiel
- Le Liban, la Syrie et l'Iran ont décrété plusieurs jours de deuil national
- Le premier vice-président iranien, Mohammad Reza Aref, a promis que l'assassinat de Nasrallah entraînerait la "destruction" d'Israël
- Israël affirme agir pour faire cesser les tirs du Hezbollah vers le nord de son territoire
- Le chef de la diplomatie française, Jean-Noël Barrot attendu au Liban dimanche soir
- Un deuxième ressortissant français tué au Liban, annonce le ministère des Affaires étrangères
Un deuxième ressortissant français tué au Liban
Un Français a été tué dans les frappes israéliennes au Liban, a annoncé dimanche le ministère des Affaires étrangères, deuxième victime française depuis l'intensification des frappes israéliennes contre le mouvement libanais pro-iranien Hezbollah.
"Nous confirmons la mort d'un deuxième Français. Nous donnerons plus de détails ultérieurement", a indiqué le ministère. Une Française de 87 ans est décédée lundi dernier après une "forte explosion" dans un village du sud du pays.
Jean-Noël Barrot à Beyrouth malgré les frappes
Le chef de la diplomatie française Jean-Noël Barrot est arrivé au Liban dimanche soir, a annoncé son ministère, premier haut diplomate étranger à s'y rendre depuis l'intensification des frappes israéliennes.
Le tout nouveau ministre des Affaires étrangères doit enchaîner lundi plusieurs entretiens avec des responsables libanais et onusiens. Son arrivée coïncide avec l'annonce de la mort d'un second ressortissant français dans les frappes, dans des circonstances encore non précisées.
Le Premier ministre russe va rencontrer lundi le président iranien à Téhéran
Le gouvernement russe a annoncé dimanche que le Premier ministre Mikhaïl Michoustine rencontrerait lundi le président iranien Massoud Pezeshkian à Téhéran, en pleines tensions au Moyen-Orient après la mort du chef du Hezbollah pro-iranien.
Cette rencontre est destinée à "discuter de l'ensemble de la coopération russo-iranienne dans les domaines commercial, économique, culturel et humanitaire". Elle interviendra après que Moscou a fermement condamné "l'assassinat politique commis par Israël" d'Hassan Nasrallah à Beyrouth.
Pour Israël "aucun endroit n'est trop éloigné", dit le ministre de la Défense
Le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, a déclaré dimanche qu'aucun endroit n'était trop éloigné pour Israël après les frappes de son armée au Yémen, en réponse aux attaques des rebelles houthis visant le territoire israélien.
"Notre message est clair: pour nous, aucun endroit n'est trop éloigné", a-t-il déclaré dans un communiqué de son bureau, après avoir suivi le déroulement des frappes contre la ville portuaire de Hodeida sous contrôle des Houthis au Yémen, dans une salle de commandement et de contrôle de l'armée de l'air.
21 morts dans des frappes israéliennes sur l'est du Liban
Le ministère libanais de la Santé a annoncé la mort de 21 personnes dimanche dans des frappes israéliennes sur l'est du Liban, soumis à d'intenses bombardements depuis lundi. "Les raids de l'ennemi israélien sur Baalbeck-Hermel ont fait 21 morts et 47 blessés", indique le ministère dans un bilan provisoire. Un journaliste de l'AFP a constaté de violents raids dans la région de Baalbeck dimanche.
L'armée israélienne dit avoir frappé des cibles des rebelles houthis au Yémen
L'armée israélienne a indiqué dimanche avoir frappé des cibles des rebelles houthis au Yémen lors d'une opération pour laquelle des dizaines d'avions ont été mobilisés.
"Au cours d'une opération aérienne de grande envergure dimanche, des dizaines d'appareils de l'armée de l'air (...) ont attaqué des cibles à usage militaire du régime terroriste des Houthis dans les régions de Ras Issa et de Hodeida au Yémen", a indiqué un porte-parole de l'armée, le capitaine David Avraham, dans un communiqué à l'AFP.
"Plus de 20 autres terroristes" ont péri dans la frappe qui a tué le chef du Hezbollah au Liban
L'armée israélienne a indiqué dimanche que "plus de 20 autres terroristes" du Hezbollah libanais avaient péri dans la frappe très puissante vendredi sur le QG central de l'organisation dans la banlieue de Beyrouth, qui a coûté la vie à son chef, Hassan Nasrallah.
"Plus de 20 autres terroristes de différents grades, qui étaient présents dans le quartier général souterrain de Beyrouth situé sous des bâtiments civils et qui dirigeaient les opérations terroristes du Hezbollah contre l'Etat d'Israël, ont également été éliminés", a indiqué l'armée dans un communiqué.
Des sites de lancement de roquettes vers Israël visés
L'armée israélienne a annoncé dimanche mener "des dizaines" de nouveaux raids contre le Hezbollah au Liban, deux jours après avoir tué le puissant chef du mouvement pro-iranien Hassan Nasrallah en bombardant la banlieue sud de Beyrouth. Les appareils de l'aviation israélienne "ont attaqué des dizaines de cibles terroristes sur le territoire du Liban au cours des dernières heures", a indiqué sur Telegram un porte-parole de l'armée.
Il a précisé que ces attaques visaient des sites de lancement de roquettes vers Israël, des bâtiments militaires et des dépôts d'armes. Depuis samedi, l'armée israélienne "a frappé des centaines de cibles terroristes du Hezbollah à travers le Liban", a encore affirmé ce porte-parole.
Israël affirme agir pour faire cesser les tirs du Hezbollah vers le nord de son territoire
Le Hezbollah, puissant groupe chiite allié du Hamas palestinien en guerre contre Israël dans la bande de Gaza, avait confirmé samedi la mort de son chef charismatique Hassan Nasrallah, tué la veille dans un bombardement israélien d'une puissance inouïe contre la banlieue sud du Beyrouth, bastion du mouvement.
Juste après la confirmation de sa mort, des cris ont retenti dans les quartiers de Beyrouth accueillant des déplacés des zones chiites. "Je ne peux pas décrire le choc de cette annonce... On s'est tous mis à crier, il est notre père, celui qui nous rendait fiers, notre honneur", lance Maha Karit, une des rares à accepter de s'exprimer. "Il n'y a aucun Etat au monde qui a tenu tête à Israël, si ce n'est le Sayed Hassan Nasrallah", poursuit-elle avec rage.
Le décès de celui qui était considéré comme l'homme le plus puissant du Liban constitue une victoire majeure d'Israël face à l'Iran et ses alliés, mais plonge la région dans l'inconnu.
"Nous avons réglé nos comptes avec le responsable du meurtre d'innombrables Israéliens et de nombreux citoyens d'autres pays", a dit le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, affirmant qu'Israël avait atteint "ce qui semble être un tournant historique" dans la lutte contre ses "ennemis".
Le Liban, la Syrie et l'Iran ont décrété plusieurs jours de deuil national
Le Liban, la Syrie et l'Iran ont décrété plusieurs jours de deuil national après la mort de Nasrallah. Le premier vice-président iranien, Mohammad Reza Aref, a promis que l'assassinat de Nasrallah entraînerait la "destruction" d'Israël.
Téhéran a demandé samedi soir une réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU pour "prendre des mesures immédiates et décisives pour stopper l'agression israélienne et empêcher d'entraîner la région dans une guerre totale". Selon un communiqué militaire israélien, Ali Karaké, présenté comme le commandant du front sud du Hezbollah, ainsi que d'autres cadres, ont été tués au côté de Nasrallah dans l'opération baptisée "Ordre nouveau". Une source proche du Hezbollah a confirmé la mort de Karaké.
Selon l'agence iranienne Irna, Abbas Nilforoushan, adjoint du chef des Gardiens de la Révolution, armée idéologique d'Iran, a lui aussi été tué dans la frappe de vendredi.
Hachem Safieddine apparaît comme un successeur potentiel
A la tête du Hezbollah depuis 1992, Hassan Nasrallah, 64 ans, était un homme de religion qui faisait l'objet d'un véritable culte de la personnalité parmi la communauté chiite au Liban. Depuis des années, il vivait dans la clandestinité et apparaissait rarement en public. Son cousin Hachem Safieddine, figure éminente du Hezbollah, apparaît comme un successeur potentiel.
Selon l'armée israélienne, la "plupart" des hauts dirigeants du Hezbollah ont été tués lors des opérations israéliennes des derniers mois.
Une attaque sophistiquée
L'attaque contre Nasrallah "était très sophistiquée. Cela démontre non seulement des capacités technologiques énormes mais aussi à quel point Israël a infiltré le Hezbollah", décrypte James Dorsey, chercheur à l'Institut du Moyen-Orient de l'Université nationale de Singapour.
Les frappes sur la banlieue sud ont détruit plusieurs immeubles, d'après un photographe de l'AFP sur place, et poussé à la fuite des milliers d'habitants. Selon un bilan provisoire des autorités libanaises, au moins six personnes ont péri. Au total, 33 personnes ont été tuées et 195 autres blessées par des frappes israéliennes samedi au Liban, a annoncé dans la soirée le ministère de la Santé.
Financé et armé par l'Iran, le Hezbollah a été créé en 1982 à l'initiative des Gardiens de la Révolution. "La ligne" de Nasrallah "se poursuivra et son objectif sacré sera réalisé avec la libération d'al Qods" (Jérusalem), a promis Téhéran. Malgré les coups incessants portés par Israël, le mouvement a annoncé samedi avoir tiré des roquettes contre le nord d'Israël, la plupart interceptées. Les sirènes d'alerte aérienne ont encore retenti dans la nuit de samedi à dimanche dans plusieurs zones du nord d'Israël ainsi qu'à Jérusalem, selon l'armée.
Les sirènes ont également sonné à Eilat, dans l'extrême-sud du pays, ville vers laquelle la "Résistance islamique en Irak", une nébuleuse de groupes armés pro-iraniens, a affirmé images à l'appui avoir lancé un drone dans la nuit.
Israël affirme agir pour faire cesser les tirs du Hezbollah vers le nord de son territoire
Le Hezbollah a ouvert un front contre Israël au début de la guerre à Gaza, déclenchée par l'attaque meurtrière du Hamas en territoire israélien le 7 octobre 2023. Après un an d'échanges de tirs sporadiques par-dessus la frontière, Israël a lancé il y a près d'une semaine une campagne majeure de bombardements contre le mouvement chiite au Liban. Israël affirme agir pour faire cesser les tirs du Hezbollah vers le nord de son territoire et permettre ainsi le retour de dizaines de milliers d'habitants contraints à la fuite.