États-Unis : que devient le mur de Donald Trump, projet phare du président élu, lors de son premier mandat ?

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Amélia Porret // Crédit photo : Olivier Touron / AFP
Promesse de campagne de Donald Trump en 2016, la barrière qui sépare les États-Unis du Mexique avait commencé à être érigée sur les fondations de clôtures déjà existantes. Plus haut, plus robuste, le mur de Trump était censé, à terme, juguler l'immigration illégale. À l'heure où Donald Trump s'apprête à reprendre du service, où en est son projet phare ?

La course effrénée à la Maison Blanche s’est achevée le 5 novembre dernier dans les cris de joie d’un côté et les larmes de l’autre, laissant un goût amère aux partisans et sympathisants démocrates. Car cette présidentielle a mis en évidence une Amérique extrêmement fracturée. 

Homme convaincu et entêté, le 47e président des États-Unis aura à cœur de tenir ses engagements auprès de ses électeurs, dès son investiture en janvier. Parmi eux, l’immigration fut l’un des thèmes clés de la présidentielle qui a profondément divisé les citoyens américains, à l’image du mur qui sépare le pays de la frontière mexicaine. En affirmant qu’une "invasion" de migrants était en cours, Donald Trump mise sur le durcissement de la politique migratoire, quand Joe Biden disait vouloir faciliter la régularisation de centaines de milliers d’immigrés en juin 2024. 

Un projet décrié

En 2016, Donald Trump avait bâti son programme autour d'un projet phare : un mur haut de neuf mètres par endroit, dans la continuité du Secure Fence Act voulu par Georges W. Bush. Une réalisation ardemment souhaitée… quoi qu’il en coûte. Évalué à 25 milliards de dollars en janvier 2017, le désir de Donald Trump est alors raillé par ses détracteurs. En outre, il s’attirait les foudres du président mexicain, considérant que c’était à son pays d’en "payer le prix". Après avoir signé un décret ordonnant la construction de la barrière entre le Mexique et les États-Unis avec le financement fédéral existant, faute de participation autorités mexicaines, l'administration Trump avait réussi à débloquer 1,8 milliard de dollars dans le budget 2018 pour démarrer le chantier. 

Au début du mois de l’année 2021, 727 km de mur sont érigés, même s’il s'agit surtout de renforts aux segments déjà existants, Donald Trump n’ayant réellement construit "que 75 nouveaux" pans de mur sur les 3000 kilomètres de frontière, expliquait à BFMTV Cléa Fortuné, docteure en civilisation américaine.

Quoi qu’il en soit, l’avenir du mur est alors compromis par l'arrivée de Joe Biden. Le successeur de Donald Trump, ne partage pas les mêmes ambitions et annonce mettre un terme à sa construction. "Il n'y aura pas un centimètre de mur construit sous mon administration", avait-il promis durant la campagne présidentielle.

Un mur interrompu ?

Si Joe Biden avait assuré qu'il n'y aurait plus de travaux, les clôtures en acier édifiées n’ont néanmoins pas été détruites. Pendant des mois, le chantier est à l’abandon, sous le soleil brûlant du désert. Bulldozers et équipements électriques attendent patiemment d’être réanimés. Mais qui va indemniser les entreprises de construction avec lesquelles des contrats avaient été signés ? Le sujet est épineux, si bien qu’en 2023 Joe Biden rétropédale et fait bâtir une nouvelle section du mur. Une volte-face importante. Pour Donald Trump, cette annonce montre qu'il avait "raison" au moment de construire "900 km (...) d'un mur frontalier tout beau, tout neuf", comme il l'écrivait à l'époque sur sa plateforme Truth Social.

Pieds et les poings liés, Joe Biden assure qu'il ne "pouvait pas interrompre" le financement engagé par son prédécesseur, l'argent étant déjà alloué par le Congrès. Perçus comme une trahison par les opposants au mur, ces nouveaux travaux sont nécessaires d’après les autorités, qui soulignent une inquiétude naissante à la frontière depuis la "pause". Il s’agit réellement de travaux de réparation et de sécurisation "pour combler les trous", alors que l’arrêt brutal avait entraîné de nombreux problèmes le long du mur, notamment d’inondation.

A quoi s’attendre sous l’ère Trump, acte II ?

Pressé de reprendre ses fonctions à la Maison-Blanche, le milliardaire républicain a déjà dévoilé les noms de sa future équipe gouvernementale, faisant fi des temps protocolaires requis pour la passation d’un président à un autre. Le dossier brûlant de l’immigration a ainsi été confié à Thomas Homan, son "tsar des frontières" qui avait déjà hérité du volet entre 2017 et 2021. Un mandat marqué par sa décision controversée de séparer près de 4.000 enfants de migrants de leurs parents, placés en détention. Bien entouré, Donald Trump devrait prendre une série de mesures exécutives dès son premier jour en tant que président "pour renforcer l'application des lois en matière d'immigration et annuler les programmes d'entrée légale signés par Biden", d’après trois sources proches du dossier, interrogées par Reuters

Ces mesures donneraient "plus de latitude aux agents fédéraux de l'immigration", à la fois "pour arrêter des personnes sans casier judiciaire, envoyer des troupes à la frontière entre les États-Unis et le Mexique et relancer la construction du mur frontalier", ont indiqué les sources. Des informations confirmées par Mark Morgan, un responsable de l’immigration lors du premier mandat de Donald Trump, même s’il déclare ne pas parler au nom de l’équipe de Trump. Alors que le département américain de la Sécurité intérieure estime qu’il y avait 11 millions d’immigrants sans statut légal en 2022, Donald Trump promet d’expulser un nombre record d’immigrants.