Les candidats à la présidentielle américaine Kamala Harris et Donald Trump, accompagnés du chef de l'État sortant Joe Biden, ont affiché mercredi un rare et fragile semblant d'unité à New York pour la cérémonie du souvenir des attentats du 11-Septembre 2001, au lendemain d'un débat plein d'acrimonie.
Dans cette course historique à la Maison Blanche - où en quelques semaines Donald Trump a réchappé d'une tentative d'assassinat, Joe Biden a jeté l'éponge et Kamala Harris a pris la relève - la vice-présidente démocrate peut maintenant compter sur l'influence de la mégastar mondiale de la pop Taylor Swift, qui a loué une "dirigeante douée et solide". Un soutien que le milliardaire républicain n'a pas apprécié, prédisant sur Fox News que l'artiste "en paiera probablement le prix sur le marché" de la musique.
"Même aux heures les plus sombres, nous avons vu la lumière"
Fait inattendu, lui et Kamala Harris se sont retrouvés à Manhattan sur le site du World Trade Center, entièrement reconstruit, pour les cérémonies du 23e anniversaire des attentats du 11-Septembre 2001. Comme à l'ouverture du débat mardi soir à Philadelphie, ils ont échangé une poignée de main, Donald Trump affichant un sourire ou un rictus, sous le regard amusé du président Biden. Dans un communiqué, le président de 81 ans a souligné qu'"il y a 23 ans aujourd'hui, les terroristes pensaient pouvoir nous briser et nous mettre à genoux".
"Ils ont eu tort et auront toujours tort. Même aux heures les plus sombres, nous avons vu la lumière, face à la peur, nous nous sommes rassemblés", a martelé Joe Biden en vantant les valeurs de "liberté, démocratie et unité" des États-Unis. On l'a même vu échanger de manière courtoise avec son ennemi Donald Trump qu'il avait affronté lors d'un débat le 27 juin, rencontre calamiteuse pour le président démocrate contraint de se retirer de la course le 21 juillet.
Kamala Harris, qui l'a remplacé au pied levé, a estimé aussi que "l'unité était possible en Amérique (...) face au terrorisme". Comme chaque 11 septembre, il a été donné lecture quatre heures durant des noms des 2.977 personnes tuées dans ces attentats jihadistes perpétrés par le groupe Al-Qaïda, qui avait précipité des avions de ligne sur les deux tours du WTC, sur le Pentagone près de Washington et en Pennsylvanie.
"Kamala a fait du bon boulot et nous a donné de l'espoir"
Cet État du nord-est rural et industriel du pays est l'un des six ou sept États fondamentaux qui décideront du résultat de la présidentielle du 5 novembre et dans lesquels les deux candidats sont au coude-à-coude : Kamala Harris y est retournée mercredi, avant la Caroline du Nord; Donald Trump était avec les pompiers héros du 11-Septembre à New York avant d'aller en Arizona et au Nevada.
Avortement, immigration, économie : Kamala Harris et Donald Trump ont âprement débattu mardi à Philadelphie des grandes questions qui préoccupent les Américains à moins de deux mois de l'élection. "Kamala a fait du bon boulot et nous a donné de l'espoir", a commenté devant la Maison Blanche Tanya James, institutrice retraitée du Texas. Au contraire, Ikaika Juliano, musicien de Floride l'a trouvée "fausse".
Pendant 90 minutes, la vice-présidente de 59 ans a poussé l'ancien président de 78 ans dans ses retranchements, d'abord sur le droit restreint à l'avortement, puis sur la fréquentation de ses meetings de campagne et aussi sur le risque que le président russe Vladimir Poutine n'en fasse "qu'une bouchée" en cas de réélection. Agacé et sur la défensive, Donald Trump a accusé sa rivale d'avoir "copié" le programme économique du président Biden et de laisser "des millions de personnes affluer dans notre pays depuis les prisons, les établissements psychiatriques et les asiles d'aliénés" de l'étranger.
Un débat "truqué" selon Donald Trump
Le tribun a poursuivi ses déclarations à l'emporte-pièce et ses contre-vérités, reprenant à son compte l'accusation mensongère d'une partie de la droite sur les réseaux sociaux selon laquelle des migrants venus d'Haïti mangeraient des animaux de compagnie dans une ville de l'Ohio. Sous le regard médusé des deux journalistes de la chaîne ABC que Donald Trump a accusé mercredi sur sa concurrente conservatrice Fox News d'avoir "truqué" le débat.
Pour Julian Zelizer, professeur à l'université de Princeton, Kamala Harris "a poussé" Donald Trump, mais cela "ne va peut-être pas (faire) bouger beaucoup les sondages". Si ces rendez-vous télévisés sont toujours des moments forts de la campagne électorale, leur impact sur le scrutin est en effet souvent limité. Alors que la plupart des médias et commentateurs estiment mercredi que Kamala Harris a pris le dessus mardi soir, Donald Trump a proclamé sur son réseau Truth Social qu'il l'avait "battue sèchement" et qu'il refusait de "refaire le match".