Le président russe Vladimir Poutine a conseillé lundi à Londres de "tirer les choses au clair" concernant l'empoisonnement d'un ex-agent double russe en Angleterre avant toute discussion à ce sujet avec Moscou.
Interrogé par la BBC sur une éventuelle responsabilité de la Russie dans l'empoisonnement de Sergueï Skripal, Vladimir Poutine a répondu, selon les agences de presse russes : "Tirez les choses au clair de votre côté et après nous en parlerons avec vous". La cheffe du gouvernement britannique Theresa May devait s'exprimer lundi vers 16h30, une allocution au cours de laquelle elle pourrait désigner un responsable et annoncer des mesures de rétorsion, avançaient des médias britanniques.
"Pas le problème de la Russie". Interrogé plus tôt lundi sur les allégations de ces médias concernant une éventuelle implication de Moscou, le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov avait répondu n'avoir "pas entendu de déclarations de responsables politiques britanniques selon lesquelles la Russie est impliquée". "Le citoyen russe mentionné avait travaillé pour l'un des services secrets britanniques, l'incident s'est passé sur le territoire britannique et ce n'est d'aucune façon le problème de la Russie, encore moins de ses dirigeants", a-t-il ajouté au cours d'un point de presse.
Londres joue un "jeu très dangereux". L'ambassade de Russie à Londres a accusé lundi le gouvernement britannique de jouer un "jeu très dangereux" dans sa manière de mener l'enquête sur l'empoisonnement de Sergueï Skripal. "La politique actuelle menée par le gouvernement britannique envers la Russie constitue un jeu très dangereux avec l'opinion publique britannique", a déclaré le porte-parole de l'ambassade dans un communiqué. Cela "envoie l'enquête sur une piste politique inutile, et porte le risque de graves conséquences à long terme pour nos relations" bilatérales, a-t-il ajouté.
L'espion et sa fille, au centre d'une affaire d'empoisonnement. Sergueï Skripal, 66 ans, et sa fille Ioulia, 33 ans, ont été retrouvés inconscients le 4 mars sur un banc de Salisbury, dans le sud de l'Angleterre, où vit l'ex-espion. Condamné en 2006 pour avoir livré des informations à la Grande-Bretagne, cet ancien colonel du GRU (renseignement militaire russe) avait été échangé en 2010, avec trois autres agents doubles, contre des espions russes arrêtés aux États-Unis. L'ex-espion et sa fille ont été empoisonnés par un agent innervant, substance chimique qui agit sur le système nerveux et peut entraîner la mort.