Les poids lourds et parlementaires démocrates ont commencé mardi à s'interroger publiquement sur l'état de forme de Joe Biden, tandis que la Maison-Blanche et le président lui-même tentaient sans grand succès de contenir l'incendie. "J'ai espoir qu'il prendra la décision difficile et douloureuse de se retirer. Je l'appelle respectueusement à le faire", a écrit le Texan Lloyd Doggett en milieu de journée. Ce parlementaire démocrate est le premier à demander publiquement que le président jette l'éponge.
Face à l'angoisse qui flambe dans son parti, la vice-présidente Kamala Harris s'est dite mardi "fière" d'être la "colistière" du président. "Joe Biden est notre candidat, nous avons battu Donald Trump une fois et nous allons le battre à nouveau", a-t-elle affirmé à la chaîne CBS News. Un optimisme qui se fait rare dans le camp démocrate, très ébranlé par le calamiteux débat de jeudi dernier, lors duquel le démocrate de 81 ans a perdu pied face à son rival républicain Donald Trump.
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"Je pense qu'il est légitime de se demander s'il s'agit d'un simple épisode ou d'un état" durable, a lancé la très influente Nancy Pelosi, ancienne présidente démocrate de la Chambre des représentants, sur la chaîne préférée de Joe Biden, MSNBC. "La vérité, je pense, c'est que Biden va perdre face à Trump. Je sais que c'est difficile, mais je pense que le débat a fait trop de dégâts", a déclaré l'élue démocrate de l'État de Washington, Marie Gluesenkamp Perez.
Mercredi, Joe Biden doit s'entretenir avec les gouverneurs démocrates du pays, selon l'agenda officiel de la Maison-Blanche. "Nous aurons une saine discussion avec le président", a expliqué l'un d'entre eux, J. B. Pritzker de l'Illinois, mardi soir sur CNN. "Pour l'instant, Joe Biden est notre candidat, je suis 100% derrière sa candidature, à moins qu'il ne prenne une autre décision, et dans ce cas, nous échangerons alors tous sur la meilleure marche à suivre," a ajouté le gouverneur.
"Rebondir"
Joe Biden a avancé une nouvelle explication pour ces 90 minutes désastreuses lors d'une rencontre avec des donateurs démocrates près de Washington. Il a jugé que ce n'était "pas très malin" d'avoir "voyagé à travers le monde plusieurs fois" peu avant cette confrontation, et que cela l'avait amené à "presque (s')endormir sur scène", en ajoutant : "Ce n'est pas une excuse, mais une explication".
Le président américain s'est rendu en France du 5 au 9 juin, puis en Italie du 12 au 14 juin, en enchaînant avec un déplacement de campagne en Californie. Il a par la suite pris six jours pour préparer le débat du 27 juin dans la résidence de Camp David, une période pendant laquelle il n'a pas eu d'activité publique. Jusqu'ici, l'argument de ses partisans était de dire que Joe Biden avait eu une "mauvaise soirée", donc passagère, et de souligner qu'il souffrait d'un "rhume" gênant son élocution, ce qu'a encore répété mardi sa porte-parole Karine Jean-Pierre.
Le président "sait comment rebondir", a-t-elle assuré, en écartant la possibilité que le dirigeant démocrate, jugé apte à gouverner par son médecin en février, passe un test cognitif. Le président américain accordera vendredi un entretien à ABC News et la Maison-Blanche promet une conférence de presse en solo la semaine prochaine, deux rendez-vous censés prouver que Joe Biden peut s'exprimer de manière fluide, sans prompteur.
Sondage
Selon un sondage publié mardi par CNN, 75% des électeurs interrogés jugent que le Parti démocrate aurait de meilleures chances en novembre avec un autre candidat que lui. Donald Trump est crédité de 49% des intentions de vote au niveau national, contre 43% à son rival, un écart inchangé par rapport au dernier sondage de ce type, mené en avril.
La vice-présidente Kamala Harris, sans l'emporter, serait mieux placée, à 45% contre 47% pour l'ancien président républicain de 78 ans. Le New York Times rapporte mardi que des proches du président ont noté des absences "plus fréquentes" et "plus prononcées" ces derniers mois. Les questions sur l'acuité mentale du président le plus âgé de l'histoire des États-Unis sont "légitimes", a insisté Karine Jean-Pierre mardi, à défaut d'y répondre frontalement. La porte-parole a assuré que l'exécutif américain ne cachait "absolument pas" d'informations sur la forme du président.