L'armée ukrainienne défile dans les rues de Kiev, où des combats ont lieu vendredi matin. 1:42
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et AFP , modifié à
Au deuxième jour de l'invasion militaire russe en Ukraine, les combats ont atteint Kiev, dès la matinée. Volodymyr Zelensky a accusé l'armée russe de "bombarder des quartiers civils" et a évoqué au moins 137 morts et 316 blessés côté ukrainien. Quelque 50.000 ukrainiens ont déjà fui le pays.  
L'ESSENTIEL

Kiev à portée de main des forces pro-russes. Des explosions ont eu lieu dès l'aube. La situation peut basculer à tout moment dans la capitale ukrainienne, et les combats se font également ailleurs dans en Ukraine. Le correspondant d'Europe 1 Alexander Quéry se trouve actuellement sur place. Dans Europe Soir, il décrit une situation de plus en plus tendue depuis vendredi matin. "On a été réveillé par des missiles Grad qui viennent à la fois de la Russie et du Bélarus", explique-t-il. 

Les principales informations à retenir : 

  • Des combats sont en cours vendredi dans Kiev
  • Trois zones de conflits détectées
  • La France va déployer des troupes en Roumanie dans le cadre de l'Otan
  • La mobilisation générale annoncée en Ukraine

Des combats en cours ailleurs en Ukraine

D'autres combats sont également en cours : "Il y a une tentative d'avance de la part des Russes, notamment à l'est et au sud de l'Ukraine. Il y a eu des combats très féroces à Kharkiv notamment, et Marioupol", renseigne le correspondant.

Marioupol est une ville bordée par la mer d'Azov, à quelques kilomètres de la frontière avec la Russie. "Les forces russes ont beaucoup de mal à capturer la ville, donc ils sont 'réduits' à bombarder", affirme Alexander Quéry, qui ajoute que le point le plus chaud et le plus problématique est le corridor entre le Bélarus et Kiev. "Cela permet aux troupes russes et bélarusses de rentrer à Kiev. C'est pourquoi il y a avait déjà des combats de rue au nord de la ville (vendredi) matin", souligne le correspondant.

Toujours selon Alexander Quéry, la tension est montée d'un cran "puisque l'administration de Kiev a demandé aux habitants de la ville de vérifier les toits de leurs immeubles pour vérifier s'il n'y avait pas de marquage au sol. "C'est un aérosol parce que ce genre de signes sont apparus depuis deux jours et ils se sont rendus compte que ce sont des marquages destinés à aider les soldats russes à atterrir", explique-t-il. 

Trois zones de conflits

En réalité, l'Ukraine subit trois offensives, au nord via la Biélorussie, à l'ouest via le Donbass et au sud par la Crimée. Vendredi matin, Moscou a annoncé d'ailleurs avoir pris le contrôle d'un canal qui permet l'approvisionnement en eau de la Crimée, à l'est de la deuxième ville du pays, Kharkiv, qui résiste malgré les bombardements. La photo d'un missile planté dans le sol sans avoir explosé tourne d'ailleurs sur les réseaux sociaux. Il aurait été tiré sur une zone habitée.

Des héros ukrainiens ont tenté de protéger une île

Une histoire témoigne de la résistance des habitants. Jeudi soir, sur une petite île de la mer Noire, des soldats ukrainiens qui auraient dit à leurs homologues russes qui leur demandaient de se rendre d'aller se faire f*****", ont été tués. Les Russes attaquent par les mers avec des navires. Au moins 13 soldats ukrainiens défendaient l'île aux Serpents, au large de la Moldavie.

Les Ukrainiens ont donc refusé de se rendre, malgré les sommations des Russes. Leurs derniers mots ont d'ailleurs été enregistrés : "Ici, le navire de guerre russe. Je répète, je vous suggère de rendre les armes et de capituler pour éviter que le sang de victimes inutiles ne coule. Sinon, nous ouvrirons le feu." Et les Ukrainiens de répondre : "C'est la fin. Dois-je leur dire d'aller se faire f***** ?" "Oui." "Navire russe, va te faire f***** !" Ces soldats sont morts sous les tirs d'artillerie. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky leur a rendu hommage, et a salué leur héroïsme. Ils seront tous décorés à titre posthume.

Kiev, ville morte

Après la fuite de nombreux habitants jeudi, le centre de Kiev, capitale forte en temps normal de quelque trois millions d'habitants et désormais sous couvre-feu, ressemblait à une ville-fantôme. Hommes en armes et blindés étaient postés aux principaux carrefours proches des bâtiments gouvernementaux. De rares passants s'arrêtaient pour échanger les dernières nouvelles, alors que sirènes et explosions retentissaient dans un ciel chargé de nuages.

"Cette nuit, ils ont commencé à bombarder des quartiers civils. Cela nous rappelle (l'offensive nazie) de 1941", a déclaré le président Volodymyr Zelensky vendredi matin dans une vidéo sur les réseaux sociaux, prononçant cette phrase en russe, à l'attention des Russes.

La riposte de la Russie

Face aux sanctions prises un peu partout dans le monde, la Russie en prend à son tour. Le Kremlin a promis vendredi des répliques "symétriques ou asymétriques" aux sanctions imposées par l'Occident à la Russie en réaction à l'invasion russe de l'Ukraine. "Les mesures de riposte suivront, bien évidemment", a déclaré à la presse le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov. "A quel point elles seront symétriques ou asymétriques, cela va dépendre de l'analyse des restrictions" imposées à la Russie, a-t-il ajouté.

La Russie a annoncé plus tôt vendredi bannir de son espace aérien tous les avions liés au Royaume-Uni, après des sanctions imposées par Londres à la compagnie aérienne russe Aeroflot en réaction à l'invasion russe de l'Ukraine. L'espace aérien russe est interdit à tous les avions "appartenant, loués ou exploités par une personne liée à la Grande-Bretagne" et ceux qui y sont enregistrés, a annoncé le régulateur aérien russe Rosaviatsia dans un communiqué.

Vladimir Poutine a pris la parole aujourd'hui pour appeler les militaires ukrainiens à renverser le pouvoir en place : "Une fois de plus, j'en appelle au personnel militaire des forces armées ukrainiennes. Ne laissez pas ces nazis au pouvoir utiliser vos enfants, vos femmes et vos vieillards comme boucliers humains Vous prenez le pouvoir entre vos mains. Mais, il semble qu'il sera plus facile pour nous de parvenir à un accord qu'avec cette bande de drogués, de néonazis qui ont pris en otage tout le peuple ukrainien". 

Vladimir Poutine avait, jusqu'ici, toujours refusé les demandes de pourparlers. Aujourd'hui, il dit vouloir envoyer une délégation au Bélarus pour rencontrer une délégation ukrainienne. "Nous sommes prêts à des négociations", a avancé le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov. A condition, bien sûr, que les forces ukrainiennes déposent les armes. 

137 Ukrainiens ont été tués, affirme Zelensky

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a annoncé vendredi la mort d'au moins 137 de ses concitoyens depuis le début de l'invasion russe jeudi matin. "137 héros, nos citoyens" ont perdu la vie, a-t-il indiqué dans une adresse vidéo mise en ligne sur le site de la présidence, ajoutant que 316 autres personnes côté ukrainien avaient été blessées lors des combats. L'armée ukrainienne a quant à elle affirmé avoir abattu cinq avions et un hélicoptère de l'armée russe et avoir tué une cinquantaine "d'occupants russes" dans l'est du pays.

Mobilisation générale en Ukraine

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a annoncé vendredi la mobilisation militaire générale pour contrer l'invasion russe du pays, lancée le matin même, selon un décret publié sur le site de la présidence ukrainienne. "Nous avons reçu l'information que des groupes de sabotage de l'ennemi sont entrés dans Kiev", a-t-il indiqué dans une adresse vidéo publiée sur le compte de la présidence ukrainienne, appelant les habitants à la vigilance et au respect du couvre-feu en vigueur.

Zelensky veut rester à Kiev, la France prête à "l'aider si nécessaire"

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a annoncé jeudi soir qu'il restait à Kiev, menacée d'assaut par les troupes russes. "Je resterai dans la capitale. Ma famille est aussi en Ukraine. Selon des informations en notre possession, l'ennemi m'a identifié comme la cible numéro un. Et ma famille comme la cible numéro deux", a-t-il affirmé. Il a regretté que l'Ukraine soit "laissée seule" par les autres pays face à l'invasion.

Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a déclaré vendredi matin que la "sécurité" du président ukrainien était en jeu, et que la France était prête à "l'aider si nécessaire". Le président russe Vladimir Poutine est un "semeur de guerre" et l'offensive russe en cours en Ukraine pourrait aussi s'étendre à la Moldavie et la Géorgie, a également estimé vendredi le chef de la diplomatie française.

Dans une adresse à la nation ce matin, le président ukrainien est apparu une première fois, les yeux tirés. "Je suis la cible numéro un", a-t-il confié. Et, il y a quelques instants, il a de nouveau posté une vidéo prise en mode selfie dans la rue, devant le palais présidentiel, entouré de quatre collaborateurs. Malgré l'avancée des troupes russes, il se dit déterminé à se défendre. "Bonsoir à tous. Voici le chef de faction avec le chef du bureau du président. Voici le premier ministre et moi-même, le président. Nous tous, ici avec nos militaires,  avec la société civile, nous défendons tous l'indépendance de notre Etat". 

Poutine appelle l'armée ukrainienne à se soulever

Le président Vladimir Poutine, tout en se disant prêt à envoyer une délégation dans la capitale de son allié bélarusse, Minsk, pour des pourparlers avec Kiev, a appelé l'armée ukrainienne à "prendre le pouvoir" et à renverser le président Zelensky et son entourage, qualifiés de "néonazis" et de "drogués".

Sanctions

Vladimir Poutine et son ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov figurent sur la liste des personnes sanctionnées par l'Union européenne. Le Conseil de l'Europe a décidé de "suspendre" toute participation des diplomates et des délégués russes à ses principales instances "avec effet immédiat". L'OCDE va clore le processus d'adhésion de la Russie et va fermer son bureau à Moscou. La France s'est dite en faveur de l'exclusion de la Russie du système bancaire Swift, une sanction que certains pays comme l'Allemagne et la Hongrie sont réticents à prendre, craignant pour leur approvisionnement énergétique.

Le pape twitte en russe

"Toute guerre est une capitulation honteuse", a dénoncé le pape François, dans un tweet traduit en plusieurs langues dont le russe, un fait rarissime. Il s'était rendu vendredi matin à l'ambassade de Russie près le Saint-Siège, à Rome, pour "exprimer sa préoccupation".

La France accélère le déploiement de soldats en Roumanie

Emmanuel Macron a annoncé vendredi à Bruxelles que la France allait accélérer le déploiement de soldats en Roumanie dans le cadre de l'Otan, en réponse à l'invasion de l'Ukraine par l'armée russe. Le président français Emmanuel Macron a jugé utile de "laisser ouvert le chemin" du dialogue avec Moscou pour obtenir un arrêt de son offensive en Ukraine, après avoir eu jeudi un "échange franc, direct, rapide" avec son homologue russe Vladimir Poutine.

100.000 personnes ont fui leur foyer en Ukraine

Environ 100.000 personnes ont fui leur foyer en Ukraine, et plusieurs milliers d'autres ont quitté le pays, cible depuis jeudi matin d'une offensive militaire russe, a affirmé l'ONU jeudi. La Russie a pris le contrôle de la centrale de Tchernobyl, site du pire accident nucléaire de l'histoire en 1986, a annoncé la présidence ukrainienne.