Guerre en Ukraine : ce qu'il faut retenir au 281e jour de l'invasion russe

Les députés ont affirmé "leur soutien à Kiev" ce mercredi soir.
Les députés ont affirmé "leur soutien à Kiev" ce mercredi soir. © Quentin De Groeve / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP
  • Copié
Europe 1 avec AFP , modifié à
Au 281e jour de l'invasion russe, l'Assemblée nationale française a affirmé ce mercredi son "soutien le plus total" à Kiev, et condamne "le crime d'agression" de Moscou envers son voisin. A Bruxelles, la Commission européenne a proposé de travailler à la création d'un tribunal spécial pour juger les "crimes de la Russie" durant la guerre. 
L'ESSENTIEL

L'Assemblée nationale a affirmé mercredi son "soutien le plus total" à Kiev et condamné "le crime d'agression" de la Russie envers l'Ukraine, dans une résolution adoptée à une forte majorité. Déposé par les groupes de la majorité présidentielle, à l'initiative de Pieyre-Alexandre Anglade (Renaissance), le texte appelle à "une zone de protection autour de la centrale nucléaire de Zaporijjia", la plus grande d'Europe, et affirme le "soutien le plus total" de l'Assemblée "à l'Ukraine, son peuple, sa souveraineté et son intégrité territoriale".

La résolution, qui n'a pas de valeur législative, a été adoptée avec 303 voix pour. Les groupes LFI et RN se sont largement abstenus, un député LFI a voté contre. Une large partie de l'Assemblée a applaudi son adoption, se tournant vers l'ambassadeur d'Ukraine en France Vadym Omelchenko, présent dans l'hémicycle.

Les informations à retenir :

  • L'Assemblée nationale a affirmé son "soutien le plus total" à l'Ukraine ce mercredi
  • Bruxelles appelle à la création d'un tribunal pour juger "les crimes russes" commis en Ukraine
  • Volodymyr Zelensky appelle Elon Musk à se rendre en Ukraine

La résolution "condamne avec la plus grande fermeté l'attaque brutale, injustifiée et illégale" de la Russie et ses "crimes de guerre, voire crimes contre l'humanité". Elle demande d'"intensifier les sanctions" contre la Russie et son président Vladimir Poutine et à ce que le gouvernement français et l'Union européenne soutiennent "toute initiative de nature à encourager la fin du conflit". Elle plaide également pour que "la France continue de prendre une part active dans l'accueil des réfugiés ukrainiens".

"Soyez assurés du soutien indéfectible que continuera d'apporter la France à l'Ukraine", a défendu devant les députés la secrétaire d'Etat chargée du Développement et de la Francophonie Chrysoula Zacharopoulou. "Ce vote intervient à un moment crucial de la guerre", a lancé aux députés avant le scrutin M. Anglade, président de la commission des Affaires européennes, dénonçant une volonté de l'armée russe de "se servir de l'hiver comme une arme de guerre".

"Dans cet hémicycle malheureusement, Vladimir Poutine compte encore un certain nombre de soutiens qui condamnent verbalement cette guerre mais s'opposent systématiquement aux livraisons d'armes et aux sanctions", a-t-il dénoncé avant d'interpeller directement les députés RN et LFI.

L'Ukraine va limiter les activités des organisations religieuses affiliées à Moscou

L'Ukraine va limiter les activités sur son territoire des organisations religieuses affiliées à la Russie et remettre en question le statut de l'Eglise orthodoxe dépendante du patriarcat de Moscou, a annoncé jeudi le président Volodymyr Zelensky.

"Le Conseil de sécurité nationale et de défense a chargé le gouvernement de proposer à la Verkhovna Rada (le Parlement, ndlr) un projet de loi pour rendre impossible les activités en Ukraine des organisations religieuses affiliées aux centres d'influence en Russie", a déclaré Volodymyr Zelensky dans son discours vidéo du soir. 

Selon lui, l'Etat ukrainien devra également "s'assurer de l'expertise religieuse du statut de l'Eglise orthodoxe ukrainienne sur la présence d'un lien canonique avec le patriarcat de Moscou et, si nécessaire, prendre les mesures prévues par la loi".

Joe Biden, "prêt à parler" avec Poutine si ce dernier cherche "à mettre fin à la guerre" 

Le président américain Joe Biden s'est dit "prêt" jeudi à parler avec son homologue russe Vladimir Poutine si ce dernier "cherche un moyen de mettre fin à la guerre" en Ukraine. "Je suis prêt à parler à Poutine s'il cherche un moyen de mettre fin à la guerre. Il ne l'a pas encore fait", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse commune avec Emmanuel Macron.

"Si tel était le cas, alors en consultation avec mes amis français et de l'Otan, je serais heureux de m'asseoir avec Poutine pour voir ce qu'il a en tête. Il ne l'a pas encore fait", a poursuivi le président américain. Joe Biden était interrogé sur l'intention du président français de s'entretenir dans les prochains jours avec son homologue russe. Avant l'invasion russe de l'Ukraine le 24 février, le président Biden et son secrétaire d'Etat Antony Blinken ont tous deux parlé avec la Russie l'avertissant des conséquences d'une telle attaque.

Mais depuis Joe Biden n'a eu aucun contact direct même si des hauts responsables américains ont gardé des "canaux de communication" ouverts avec Moscou. Le chef de la diplomatie américaine s'est lui entretenu à au moins une reprise avec son homologue russe Sergueï Lavrov.

Bruxelles favorable à un tribunal spécial pour juger "les crimes russes"

La Commission européenne a proposé mercredi de travailler à la création d'un tribunal spécial pour juger les "crimes de la Russie" en Ukraine et à des solutions pour mobiliser les avoirs russes gelés afin de reconstruire ce pays, deux entreprises qui s'annoncent toutefois difficiles. Dans le même temps, sur le terrain des opérations militaires, les forces russes maintiennent la pression en vue de tenter de s'emparer de Bakhmout, une ville de l'est du territoire ukrainien dans les environs de laquelle des combats font rage depuis l'été.

"L'ennemi continue de concentrer ses principaux efforts sur la conduite d'actions offensives dans le secteur de Bakhmout", a ainsi signalé en fin d'après-midi l'état-major de l'armée ukrainienne. Les Russes avaient peu auparavant revendiqué la prise de trois villages près de cette cité qui comptait 70.000 habitants avant la guerre et qui est aujourd'hui en grande partie détruite.

Cette bataille a pris une importance d'autant plus symbolique pour Moscou que la conquête de Bakhmout, avec l'appui du groupe paramilitaire Wagner, arriverait après une série d'humiliantes défaites, avec les retraites de Kharkiv (nord-est) en septembre et de Kherson (sud) en novembre. Un employé de l'ambassade d'Ukraine à Madrid a par ailleurs été légèrement blessé mercredi par l'explosion d'une lettre piégée, amenant Kiev à ordonner un renforcement de la sécurité dans toutes ses représentations diplomatiques.

"Venez en Ukraine" lance Zelensky à Musk après une proposition de paix controversée

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a critiqué mercredi une proposition de plan de paix controversée faite par le milliardaire américain Elon Musk pour mettre fin à l'offensive russe en Ukraine, l'invitant à venir dans son pays meurtri par la guerre. Elon Musk avait suscité une controverse sur Twitter en octobre avec une proposition de plan de paix entre Kiev et Moscou.

Le milliardaire américain suggèrait notamment que la Crimée reste partie intégrante de la Russie mais aussi l'organisation de nouveaux réferendums sous supervision de l'ONU dans les régions ukrainiennes "annéxées" par les Russes, et un statut de pays neutre pour l'Ukraine. Lors d'un événement organisé par le New York Times, le président Zelensky a semblé tourner en dérision la proposition du milliardaire non-conformiste, disant qu'il devrait plutôt venir en Ukraine.

"Je pense que soit quelqu'un a une influence sur lui, soit il tire des conclusions par lui-même", a déclaré Zelensky lors d'une visio conférence à l'occasion du DealBook du New York Times, faisant allusion à Elon Musk. "Si vous voulez comprendre ce que la Russie a fait ici, venez en Ukraine et vous verrez tout par vous-même", a déclaré M. Zelensky. "Et ensuite, vous me direz comment mettre fin à cette guerre, qui l'a déclenchée et quand elle pourra être terminée."

En octobre, le fondateur de Tesla et SpaceX a lancé un sondage pour laisser ses plus de 100 millions de followers voter sur sa proposition de plan de paix. Zelensky a répondu avec son propre sondage Twitter, demandant: "Quel @elonmusk aimez-vous le plus?" avec les options "Celui qui soutient l'Ukraine" et "Celui qui soutient la Russie".