Guerre en Ukraine : ce qu'il faut retenir au 293e jour de l'invasion russe

La conférence internationale de soutien à l'Ukraine, organisée à Paris, a permis d'engranger plus d'un milliard d'euros de dons.
La conférence internationale de soutien à l'Ukraine, organisée à Paris, a permis d'engranger plus d'un milliard d'euros de dons. © Ludovic MARIN / POOL / AFP
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avec AFP , modifié à
Au 293e jour de la guerre, la conférence internationale de soutien à l'Ukraine, organisée à Paris, a permis d'engranger plus d'un milliard d'euros de dons pour aider la population à passer l'hiver. Dans le même temps, Brigitte macron et Olena Zelenska, la compagne de Volodymyr Zelensky, ont rencontré des enfants ukrainiens qui ont fui dans la capitale française. 
L'ESSENTIEL

La conférence internationale de soutien à l'Ukraine, organisée à Paris, a permis d'engranger plus d'un milliard d'euros de dons pour aider la population à passer l'hiver dans un pays aux infrastructures ravagées par les attaques russes. "Je suis heureuse de vous annoncer que nous dépassons" les 800 millions d'euros d'aide d'urgence réclamés mardi par le président ukrainien Volodymyr Zelensky à l'ouverture de la réunion, s'est réjouie la ministre française des Affaires étrangères, Catherine Colonna, aux côtés du Premier ministre ukrainien Denys Chmygal.

Avec cela, "notre pays ne sombrera pas dans le noir", s'est réjoui ce dernier, se félicitant du "signal puissant" de soutien à l'Ukraine du "monde civilisé". Cette réunion de plus de 70 délégations d'Etats ou d'organisations a été montée pour permettre à l'Ukraine de passer l'hiver et contrer les effets de la récente stratégie russe consistant à frapper les infrastructures, notamment énergétiques, pour accabler la population à l'approche de l'hiver.

Sur le milliard d'euros annoncé mardi, 415 millions seront alloués au secteur de l'énergie, 25 millions à celui de l'eau, 38 millions iront à l'alimentation, 17 millions à la santé, 22 aux transports, le reste, soit près de 493 millions d'euros, n'étant pas encore ventilé, a précisé la ministre française.

Les informations à retenir :

  • La conférence de soutien à l'Ukraine a permis de récolter plus d'un milliard d'euros 
  • Emmanuel Macron veut aider les Ukrainiens "à résister pendant cet hiver"
  • L'AIEA va déployer des missions pour "sécuriser" toutes les centrales nucléaires d'Ukraine.

Face au froid, Macron veut aider les Ukrainiens

Le président français Emmanuel Macron a souligné mardi la volonté de la communauté internationale d'aider les Ukrainiens "à résister pendant cet hiver" face à une Russie qui agit "lâchement" et dont l'objectif est de les "plonger dans le noir et le froid". "La Russie, dont les faiblesses au plan militaire ont éclaté au grand jour, a opté pour une stratégie cynique visant à détruire les infrastructures civiles en vue de mettre l'Ukraine à genoux", a-t-il déclaré en ouverture de la conférence d'aide à l'Ukraine qui se tient à Paris. Il a accusé Moscou d'agir "lâchement" pour "semer la terreur chez les civils, tenter de briser l'arrière faute de pouvoir tenir le front".

"Ces frappes dont la Russie avoue ouvertement qu'elles ne visent qu'à saper la résistance du peuple ukrainien constituent des crimes de guerre" qui "ne resteront pas impunis", a martelé le chef de l'Etat français.

Souvent critiqué pour son insistance en faveur de négociations entre Moscou et Kiev, Emmanuel Macron a dit clairement qu'il revenait à l'Ukraine "de décider des conditions d'une paix juste et durable". Il a estimé que "le plan de paix en dix points" de son homologue ukrainien Volodymyr Zelensly était "une excellente base sur laquelle nous allons bâtir ensemble". Mais "dans l'immédiat l'urgence consiste à soutenir la capacité du peuple ukrainien à résister", a-t-il rappelé, espérant des contributions internationales "à la hauteur des enjeux".

Il a annoncé une aide supplémentaire française de 76,5 millions d'euros pour passer l'hiver début 2023, "dans le domaine de l'électricité et de l'énergie" notamment pour l'acquisition de led.

Cela s'ajoute à 48,5 millions d'euros déjà annoncés et en cours de décaissement "pour les priorités identifiées dans le cadre de la conférence: 27 millions sur l'urgence hivernale, le reste réparti entre les personnes déplacées, les violences sexuelles, l'aide alimentaire, la sécurité mentale".

Brigitte Macron et Olena Zelenska auprès d'enfants ukrainiens en France

La Première dame ukrainienne Olena Zelenska, Brigitte Macron et le ministre de l'Education Pap Ndiaye ont rencontré mardi des élèves ukrainiens scolarisés à Paris, témoignant de leur "solidarité" et leur souhait de les "accompagner au mieux". A ce jour, 20.000 enfants ukrainiens sont scolarisés en France, dont plus de 2.000 dans l'académie de Nice, plus de 1.700 dans celle de Versailles ou encore 500 dans l'académie de Paris.

Mardi, Pap Ndiaye, Olena Zelenska, et Brigitte Macron se sont rendus dans une école élémentaire du 3e arrondissement de Paris qui accueille six enfants ukrainiens de familles ayant fui la guerre. "Nous sommes fiers de les accueillir et la scolarisation des enfants, c'est aussi une manière de marquer notre solidarité avec le peuple ukrainien", a déclaré le ministre de l'Education devant la presse.

Pour la Première dame ukrainienne, il est "très important pour ces élèves d'être inclus dans le système éducatif français. Mais on doit pouvoir maintenir le lien entre l'Ukraine et nos enfants, car un jour ils y reviendront, je l'espère très fortement", a-t-elle souligné.

L'AIEA va déployer des missions pour "sécuriser" toutes les centrales nucléaires d'Ukraine

L'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) va envoyer des missions pour "sécuriser" cinq centrales nucléaires d'Ukraine, y compris celle de Zaporijjia, occupée par l'armée russe, a indiqué mardi le Premier ministre ukrainien, Denys Chmygal.

"Ces missions sont destinées à sécuriser ces centrales et à y enregistrer tous les impacts provenant de l'extérieur, en particulier les frappes par l'agresseur russe", a écrit le responsable ukrainien sur Telegram après une rencontre à Paris avec le patron de l'AIEA, Rafael Grossi.

Le monde doit "repenser la sûreté nucléaire"

Le monde doit "repenser la sûreté nucléaire", a enjoint le ministre ukrainien de l'Energie Guerman Halouchtchenko, décrivant les risques encourus à Zaporijjia où la centrale est passée déjà cinq fois à côté de l'accident. "C'est une question posée à tous les pays du monde", a-t-il dit lundi soir dans un entretien à l'AFP en marge d'un déplacement à Paris pour une conférence de soutien à l'Ukraine. Guerman Halouchtchenko vient à la fois demander du matériel pour aider les Ukrainiens à passer l'hiver alors que plus de 40% de l'infrastructure énergétique ont été démolis ces deux derniers mois, et préparer l'avenir et la reconstruction.

Le pays dépend à plus de 50% du nucléaire pour sa production d'électricité, et sans intention d'y renoncer. "Nous avons des projets de nouvelles centrales, des contrats déjà signés, et nous continuerons avec le nucléaire car nous avons une grande expérience et des milliers de professionnels", dit-il.

En revanche, il est urgent selon le ministre ukrainien de revoir les manuels de sûreté nucléaire civile qui n'ont pas prévu ce qui se passe en Ukraine selon lui.  "Personne ne pensait à ça, car tous les risques envisagés étaient accidentels", dit-il, y compris le crash d'un avion et la capacité d'un réacteur à y résister.

"Nous devons envisager les menaces militaires, c'est absolument nouveau, pas seulement pour nous mais pour le monde entier, nous devons y réfléchir ensemble (...) Cette guerre change absolument notre vision de la sécurité et de la sûreté nucléaires", dit-il.

"Ce qu'on voit, et ce n'est pas seulement un problème de sûreté nucléaire ukrainien, c'est que n'importe quel missile peut voler sur un millier de kilomètres et atteindre un réacteur nucléaire. (...) Cette situation nous pousse absolument à repenser ce que nous devons faire d'un point de vue de la sûreté".