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Nicolas Tonev (envoyé spécial à Kiev), avec AFP , modifié à
Au 37e jour de l'invasion de l'Ukraine décidée par Moscou qui a fait des milliers de morts parmi civils et militaires, les forces russes desserrent leur étau sur Kiev et Tcherniguiv et se regroupent pour se concentrer sur l'est du pays. Plus de 3.000 personnes ont fui la région de Marioupol. Europe 1 fait le point sur l'évolution de la situation.
L'ESSENTIEL

Plus de 3.000 personnes ont fui la région de Marioupol en Ukraine, en bus et voitures privées, ont annoncé les autorités ukrainiennes, alors que la Croix-Rouge, après un premier échec, devait préparer une nouvelle tentative d'évacuation samedi de la ville portuaire assiégée et dévastée. Au 37e jour de l'invasion de l'Ukraine décidée par Moscou qui a fait des milliers de morts parmi civils et militaires, les forces russes desserrent leur étau sur Kiev et Tcherniguiv et se regroupent pour se concentrer sur l'est du pays, où elles feront face à une armée ukrainienne aguerrie, ce qui laisse présager un conflit "prolongé", qui pourrait durer des mois, a prévenu le Pentagone.

Les principales informations à retenir :

- les forces russes se retirent au nord de l'Ukraine

- plus de 3.000 personnes évacuées de Marioupol

- reprise des pourparlers

"Retrait rapide" des Russes au nord

Les forces russes opèrent un "retrait rapide" des régions de Kiev et Tcherniguiv, dans le nord de l'Ukraine, et ont pour objectif de "prendre pied dans l'est et le sud", a estimé samedi un conseiller présidentiel ukrainien. "Après un retrait rapide des Russes des régions de Kiev et de Chernigiv (...), il est tout à fait clair que la Russie a choisi une autre tactique prioritaire : se replier vers l'est et le sud, garder le contrôle de vastes territoires occupés et y prendre pied de façon puissante", selon le responsable.

A l'Est, "les forces russes ont échoué à prendre le moindre territoire depuis 24 heures", selon l'Institut américain pour l'étude de la guerre (ISW). Les Ukrainiens ont affirmé avoir libéré onze localités de la région de Kherson (sud). Deux personnes ont été tuées et deux autres blessées dans des bombardements russes jeudi, selon le gouverneur régional. Kiev a par ailleurs annoncé avoir procédé à un échange de 86 de ses militaires contre des Russes, sans préciser le nombre de ces derniers.

Des bombardements dans plusieurs villes cette nuit

Depuis la nuit de vendredi à samedi, plusieurs régions, notamment dans le centre et l'est, ont été bombardées. Les frappes ont touché des quartiers résidentiels à Kharkiv (est), selon la présidence citant les autorités régionales, mais aussi des infrastructures à Dnipro (centre) selon le gouverneur régional, ou encore des localités dans les régions de Donetsk et Lougansk (est), ainsi que Kherson (sud).

Des bombardements ont aussi atteint des infrastructures à Krementchouk (centre, région de Poltava), siège de la plus grande raffinerie de pétrole ukrainienne, a indiqué la présidence ukrainienne, tandis que le ministère russe de la Défense annonçait samedi matin avoir détruit avec "des armes de haute précision" des dépôts d'essence et de carburant. À Kharkiv, les bombardements se poursuivaient samedi matin par intermittence.

3.000 personnes évacuées de Marioupol

Plus de 3.000 personnes ont fui vendredi la région de Marioupol, en bus et voitures privées, ont annoncé les autorités ukrainiennes. "Les couloirs humanitaires ont fonctionné dans trois régions: Donetsk, Lougansk et Zaporojie. Nous avons réussi à sauver 6.266 personnes, dont 3.071 de Marioupol" (sud-est), a affirmé le président ukrainien Volodymyr Zelensky dans la nuit de vendredi à samedi.

Une colonne de bus transportant des personnes déplacées dont des habitants de la ville portuaire de Marioupol, assiégée par les forces russes, est arrivée vendredi soir à Zaporojie, ville contrôlée par l'armée de Kiev, a constaté l'AFP. La situation humanitaire est catastrophique à Marioupol, où quelque 120.000 personnes sont toujours coincées selon les dernières estimations. Samedi, sept couloirs humanitaires étaient prévus dans l'est et le sud-est, selon la Première ministre Iryna Verechtchouk.

Un photographe ukrainien chevronné retrouvé mort

Un photographe ukrainien chevronné, Maks Levine, dont on était sans nouvelles depuis trois semaines, a été retrouvé mort après le retrait de troupes russes d'un territoire proche de Kiev, a annoncé samedi la présidence ukrainienne. "Il a disparu dans la zone des hostilités le 13 mars dans la région de Kiev. Le 1er avril, son corps a été retrouvé près du village de Gouta Mejyguirska", à quelques dizaines de kilomètres au Nord de la capitale, a indiqué sur Telegram le chef de l'administration présidentielle Andriï Iermak.

53 sites culturels endommagés

Au moins 53 sites culturels ont été endommagés en Ukraine depuis le début de l'invasion russe le 24 février dernier, selon l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture (Unesco).

L'Ukraine accusée d'avoir frappé en Russie

Le gouverneur de la région russe de Belgorod a accusé vendredi l'Ukraine d'avoir mené à l'aube une attaque à l'hélicoptère contre ce qu'il a décrit comme un "dépôt de pétrole" dans cette ville située à une quarantaine de kilomètres de la frontière ukrainienne. Le Kremlin a estimé que cet incident n'allait pas "créer les conditions appropriées pour la poursuite des négociations". La partie ukrainienne n'a de son côté pas formellement démenti, mais a suggéré un "sabotage". Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a ensuite déclaré à la chaîne américaine Fox News: "Je suis désolé, je ne discute pas de mes ordres en tant que commandant en chef".

Demande d'un cessez-le-feu auprès de Moscou

Le secrétaire général adjoint de l'ONU pour les Affaires humanitaires, le Britannique Martin Griffiths, sera dimanche à Moscou afin d'essayer d'avoir un "cessez-le-feu humanitaire" en Ukraine, a annoncé vendredi le chef des Nations unies, Antonio Guterres. "Il sera à Moscou dimanche et après il ira à Kiev", a déclaré à quelques journalistes le secrétaire général de l'ONU, en rappelant qu'il lui avait donné récemment pour mission de "rechercher un cessez-le-feu humanitaire en Ukraine".

Reprise des pourparlers

Les pourparlers russo-ukrainiens visant à mettre fin au conflit ont repris vendredi par visioconférence, selon le négociateur du Kremlin Vladimir Medinski. "Nos positions sur la Crimée et le Donbass n'ont pas changé", a-t-il indiqué, en référence à deux régions ukrainiennes, l'une que la Russie a annexée en 2014 et l'autre qui est partiellement sous contrôle de séparatistes prorusses.

L'Ukraine attend toujours une "véritable réponse aux propositions qui ont été faites à Istanbul" en début de semaine, a relevé de son côté le chef de la diplomatie Dmytro Kouleba. Kiev avait notamment proposé la neutralité de l'Ukraine et de renoncer à adhérer à l'Otan, à condition que sa sécurité soit garantie par d'autres pays face à la Russie.

La présidente des eurodéputés à Kiev

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a dit sa "reconnaissance" à Roberta Metsola, la présidente maltaise du Parlement européen, d'être venue "héroïquement" et "personnellement" à Kiev, en l'accueillant dans la capitale ukrainienne où il est retranché depuis la fin février. Roberta Metsola, élue présidente du Parlement européen le 18 janvier, était le premier dirigeant d'une institution européenne à se rendre dans la capitale ukrainienne depuis le début de l'invasion russe le 24 février.

Plus de 4,1 millions de réfugiés

Quelque 4.102.876 réfugiés ukrainiens ont fui leur pays depuis l'invasion de l'Ukraine, selon le Haut commissariat aux réfugiés.