Le kidnapping de sept religieux en Haïti dimanche est loin de faire exception. Au contraire, c'est même devenu un véritable fléau. En effet, quatre enlèvements ont lieu chaque jour dans le pays, soit une augmentation de 200% observée sur les douze derniers mois, selon un rapport des Nations unies remis en février au Conseil de sécurité. Et comme l'explique Didier François, grand reporter sur Europe 1, on parle là des seules plaintes enregistrées par la police. De très nombreuses victimes préférant payer sans alerter les forces de l'ordre, par peur des représailles, tant les gangs qui se livrent à cette activité criminelle sont d'une extrême violence.
Tous des cibles potentielles
Riches, pauvres, hommes, femmes, enfants, vieillards, tous sont sans distinction des cibles de leur avidité. Des religieux même, comme on l'a vu dimanche, sont parfois kidnappés avec une brutalité inouïe par des hommes armés qui font irruption dans leurs églises alors qu'ils célèbrent la messe. Des médecins sont arrachés à leur bloc opératoire, à l'instar des évènements de novembre dernier, qui avaient provoqué une grève des hôpitaux publics.
Même sort pour un pianiste, directeur du Conservatoire national de musique et un chef d'orchestre, une ancienne star du football et même une marchande de saucisses qui tenait une petite échoppe de rue et avait été torturée. On lui avait alors brûlé les cheveux, les mains et les pieds avec un briquet, afin de forcer sa famille à verser aux ravisseurs la somme de 700.000 euros, non négociable. La cruauté étant utilisée par ces gangs sans le moindre scrupule, comme un moyen de convaincre les proches de régler ces rançons d'un montant astronomique.
Un groupe extrêmement puissant
Ces ravisseurs sèment donc la terreur, dont une bande particulièrement, plus connue que les autres et appelée les "400 Mawozo", qui vient justement de kidnapper les prêtres français. Il s'agit d'un groupe de criminels lourdement armés, qui sévit dans le quartier de la Croix des Bouquets, par lequel passe une grande route qui relie Haïti à la République dominicaine, situé à Port-au-Prince, la capitale. C'est donc une artère économique vitale pour l'économie du pays, sur laquelle transitent beaucoup de camions et d'autobus.
La première activité de cette bande a d'ailleurs été de racketter la circulation. Ils se sont notamment fait connaître en détournant un autocar de 49 passagers, pour lesquels ils ont exigé une rançon de 400.000 dollars de la part du gouvernement haïtien. Et avec cet argent, le groupe s'est acheté des armes et l'affaire a fait boule de neige. Ils sont devenus extrêmement puissants et font aujourd'hui régner la terreur sur toute la ville de Port-au-Prince.