Des heurts ont éclaté vendredi à Jérusalem et en Cisjordanie occupée entre forces israéliennes et Palestiniens appelés à manifester leur "rage" après la prière contre la reconnaissance par les États-Unis de Jérusalem comme capitale d'Israël.
Deux Palestiniens tués dans la bande de Gaza. Ces manifestations ont déjà fait deux morts et des dizaines de blessés côté palestinien, lors d'accrochages près de la barrière de béton qui borde la frontière avec Israël, a annoncé vendredi le ministère gazaoui de la Santé.
À Jérusalem même, de violentes empoignades ont mis aux prises manifestants palestiniens et policiers israéliens dans et autour de la Vieille ville. À Hébron, Bethléem, Jéricho et près de Naplouse, en Cisjordanie occupée, les forces israéliennes ont répliqué par des tirs de balles en caoutchouc et de gaz lacrymogènes aux jets de pierres de dizaines de jeunes Palestiniens, le visage dissimulé par un foulard pour nombre d'entre eux. Dans ce territoire palestinien occupé depuis cinquante ans et où l'armée israélienne a mobilisé plusieurs bataillons supplémentaires, le Croissant-Rouge a indiqué avoir traité 22 personnes blessées par des projectiles en caoutchouc et, pour l'une d'elles, à balle réelle.
À l'entrée de la Vieille ville de Jérusalem, ils étaient nombreux à manifester vendredi contre la décision américaine :
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À Ramallah, en Cisjordanie, des Palestiniens ont eu des accrochages avec les forces israéliennes, qui ont fait usage de gaz lacrymogène :
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"Jérusalem est notre honneur". Cette journée de grande prière hebdomadaire, annoncée comme celle de la mobilisation des Palestiniens contre l'annonce faite mercredi par le président Donald Trump, a aussi vu des fidèles protester dans le monde musulman, comme en Iran, en Malaisie ou en Égypte. Un rendez-vous diplomatique important est attendu à New York avec une réunion en urgence du conseil de sécurité de l'ONU au cours de laquelle les États-Unis risquent d'être confrontés à la réprobation du reste de la communauté internationale. À Istanbul, plusieurs milliers de personnes ont défilé après la prière en brandissant des drapeaux palestiniens et des pancartes proclamant "Jérusalem est notre honneur" ou "À bas l'Amérique, à bas Israël". Plus d'un millier de personnes se sont réunies aussi devant la principale mosquée de Kaboul, en Afghanistan, munies d'affiches clamant "Jérusalem est Palestinienne".
À Istanbul, des milliers de personnes ont manifesté en soutien aux Palestiniens :
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Vendredi, décrété "jour de rage" pour les Palestiniens. Au lendemain de l'appel du mouvement islamiste Hamas à une "nouvelle intifada", les groupes palestiniens ont déclaré ce vendredi "jour de rage". Israël a déployé des centaines de policiers supplémentaires dans et autour de la Vieille ville de Jérusalem, où se trouve l'esplanade des Mosquées, troisième lieu saint de l'islam également révéré par les juifs comme le mont du Temple. Symbole national et religieux puissant, l'esplanade est située à Jérusalem-Est, la partie palestinienne de Jérusalem annexée et occupée par Israël, dont les Palestiniens veulent faire la capitale de l'État auquel ils aspirent.
Prière musulmane devant la Maison-Blanche. Plusieurs centaines de fidèles musulmans ont assisté à la prière du vendredi devant la Maison-Blanche pour protester contre la reconnaissance par le président américain de Jérusalem comme capitale d'Israël. A l'appel d'organisations de musulmans américains, les fidèles ont installé leurs tapis de prière à Lafayette Square, un petit parc devant la résidence présidentielle. Coiffés du keffieh palestinien ou portant des écharpes aux couleurs de la Palestine, les manifestants portaient des pancartes dénonçant la colonisation à Jérusalem-Est et en Cisjordanie.