Le dernier article de l'ultime numéro a été envoyé à l'impression sous les applaudissements de dizaines de journalistes du journal d’opposition, l'Apple Daily. Après 26 ans d'existence, il tire sa révérence, étouffé par la pression des autorités chinoises, qui ont arrêté son propriétaire et gelé 2 millions d’euros d’actifs - l’empêchant ainsi de poursuivre ses activités. De longues files se sont donc formées ce jeudi matin devant les kiosques de Hong Kong, beaucoup d'habitants espérant pouvoir acheter le dernier journal de quotidien pro-démocratie contraint de cesser de paraître, près d'un an après la promulgation de la loi sur la sécurité nationale impulsée par Pékin.
Pour sa dernière Une, l'Apple Daily a choisi d'afficher une large photo d'un journaliste qui, depuis la salle de rédaction, salue les centaines de personnes rassemblées mercredi devant le siège du quotidien pour lui faire ses adieux.
"La liberté de la presse est devenue la victime de la tyrannie"
"L'Apple Daily est mort", a écrit le rédacteur en chef adjoint Chan Pui-man, arrêté la semaine dernière pour atteinte à la sécurité nationale, dans une lettre d'adieu adressée aux lecteurs. "La liberté de la presse est devenue la victime de la tyrannie".
La disparition soudaine de ce journal est le dernier coup porté à la liberté dont jouissaient jusqu'à présent les Hongkongais. Elle fait craindre qu'à terme, les nombreux médias internationaux qui y ont établi leur siège, ne quittent le centre financier. Le Royaume-Uni, qui a rétrocédé Hong-Kong à la Chine en 1997, a qualifié cette fermeture de "glaçante".