Une employée de maison philippine à Hong Kong qui avait été licenciée après le diagnostic de son cancer et privée en conséquence d'accès aux soins a obtenu l'équivalent de 3.300 euros d'indemnités lors d'un arrangement à l'amiable passé devant un tribunal de l'ex-colonie britannique. L'affaire avait fait grand bruit, en illustrant à nouveau le sort parfois peu enviable des domestiques de Hong Kong.
Mère célibataire de cinq enfants, Baby Jane Allas venait d'avoir 38 ans quand on lui a diagnostiqué en janvier un cancer du col de l'utérus de stade trois. En février, la famille qui l'employait lui remit une lettre de licenciement citant comme raison son cancer, ce qui entraînait également la fin de tout espoir de remboursement de ses frais médicaux. Alors même qu'elle subissait une radiothérapie et une chimiothérapie, elle dû demander des prolongations de visa pour rester à Hong Kong, son licenciement impliquant sur le papier qu'elle quitte le territoire sous 15 jours.
Un accord à l'amiable trouvé
Baby Jane Allas et son employeur, qui était absent à l'audience de lundi, sont cependant parvenus à un accord à l'amiable devant le tribunal du travail de Hong Kong. L'accord prévoit que Baby Jane Allas reçoive 30.000 HKD (3.380 euros) en paiement de ses indemnités maladie, de ses frais médicaux et de salaires. "J'encourage les travailleurs à se battre s'ils ont ce genre de problèmes", a-t-elle dit à l'extérieur du tribunal.
Près de 370.000 employées de maison appelées pudiquement "helpers" ou assistantes, pour l'essentiel des Indonésiennes et des Philippines pauvres, travaillent à Hong Kong. La plupart effectue des tâches ingrates faiblement rémunérées dans des conditions difficiles. Les autorités soutiennent que le système est juste et que les abus sont rares. Mais les défenseurs des droits humains affirment qu'elles sont souvent victimes d'exploitation, la loi ne leur offrant qu'une protection sommaire.
Une employée de maison sur six subit des conditions qui s'apparentent à du travail forcé
Le Centre pour la justice de Hong Kong estime qu'une employée de maison sur six subit des conditions qui s'apparentent à du travail forcé. L'année dernière, le département d'Etat américain avait placé Hong Kong au même niveau que la Thaïlande et l'Afghanistan en matière de trafic d'êtres humains, pour partie à cause de la protection insuffisante des domestiques.
Les frais élevés versés à des agences pour être recrutées, l'obligation d'habiter chez l'employeur, un salaire minimum de 4.520 dollars hongkongais (510 euros) et le fait qu'elles doivent quitter Hong Kong en quelques jours si elles perdent leur emploi expliquent qu'elles soient très vulnérables aux patrons peu scrupuleux ou maltraitants.