Il est l'homme le plus recherché d'Équateur. Ce lundi 8 janvier, le président du petit pays d'Amérique du sud Daniel Noboa a décrété l'état d'urgence après l'évasion d'une prison de haute sécurité, d'Adolfo Macias, plus connu sous le nom de "Fito". "Je viens de signer le décret sur l’état d’urgence pour que les forces armées aient tout le soutien politique et juridique dans leurs actions", a déclaré le président, arrivé au pouvoir il y a seulement trois mois.
"Fito sera retrouvé, il doit être retrouvé", a-t-il martelé, preuve que l'homme de 44 ans est vu comme une menace pour la sécurité intérieure. L'armée, au côté de la police, est autorisée à opérer pendant 60 jours dans les rues mais aussi dans les prisons du pays, pour ramener l'ordre.
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Une première évasion en 2013
Car le CV de Fito est impressionnant. Chauffeur de taxi à ses débuts, Adolfo Macias est rapidement devenu une figure du trafic de drogue équatorien. Décrit comme "charismatique", il est depuis 2020, le chef des Los Choneros. Apparu dans les années 1990, ce gang compterait dans ses rangs environ 8.000 hommes et est considéré par les autorités locales comme l'un des plus influents du pays.
Pourtant, les forces de l'ordre équatoriennes avaient réussi à arrêter l'homme. Fito était incarcéré depuis 2011 pour vol, crime organisé, possession d'armes, trafic de drogue et meurtre, avec comme sentence, la peine maximale applicable dans le pays, soit 34 ans de prison.
En 2013, il avait réussi à s'évader d'une prison de haute sécurité avec une quinzaine d'autres membres du gang, avant d'être arrêté trois mois plus tard par la police. Pendant son incarcération, il en a profité pour faire des études de droit, jusqu'à obtenir son diplôme d'avocat. Mais malgré sa présence en prison, Adolfo Macias a poursuivi ses activités, continuant de grimper les échelons jusqu'à prendre la tête du gang, malgré son incarcération. Preuve en est, il est accusé d'avoir causé d'importantes émeutes dans les prisons équatoriennes.
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Traitement privilégié
Ainsi, au moins 460 détenus sont morts dans des affrontements entre gangs rivaux pour pouvoir prendre contrôle des prisons ces derniers mois. Il est aussi accusé d'avoir orchestré l'assassinat de l'un des principaux candidats à l'élection présidentielle, Fernando Villavicencio. Fito avait proféré des menaces de morts à l'encontre de cet ancien journaliste, qui a notamment enquêté sur le narcotrafic dans le pays, seulement quelques jours avant le meurtre du parlementaire.
Emprisonné, Adolfo Macias est donc resté tout-puissant derrière les barreaux. En témoigne les peintures à la gloire du chef sur les murs du centre pénitentiaire de Guayaquil, situé dans le sud du pays, d'où il s'est évadé dimanche. Une influence immense que la Commission interaméricaine des droits de l'homme pointait dans un rapport paru il y a deux ans, estimant que Fito bénéficiait "d'un traitement préférentiel de la part des autorités".