Immigration : les ministres européens esquissent un nouveau tour de vis

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Les ministres de l'Intérieur de l'Union européenne ont débattu jeudi à Luxembourg d'un nouveau durcissement de la politique migratoire, entre appels à réviser la "directive retour" et discussion inflammable sur des transferts de migrants dans des pays tiers.

Lors de la réunion des ministres de l'Intérieur de l'Union européenne à Luxembourg, un durcissement de la politique migratoire a été au cœur des discussions, en vue du sommet européen prévu les 17 et 18 octobre à Bruxelles. Les ministres ont débattu de plusieurs propositions visant à renforcer les contrôles aux frontières extérieures et à accélérer les retours de migrants en situation irrégulière. Parmi ces propositions, des "hubs de retour" ont été évoqués, où des migrants illégaux seraient renvoyés dans des pays tiers hors de l'UE.

Proposition controversée des "hubs de retour"

La Hongrie et l'Italie ont mis sur la table une proposition controversée de centres de retour pour migrants illégaux, situés dans des pays non membres de l'Union européenne. Ces centres, surnommés "hubs de retour", s'inspirent de l'accord entre l'Italie et l'Albanie, où des migrants interceptés en mer seraient renvoyés. Cette idée rappelle également un projet britannique abandonné qui visait à expulser des migrants vers le Rwanda. Cependant, cette proposition n'a pas fait l'unanimité parmi les États membres, certains, comme l'Espagne, la rejetant fermement, tandis que la France, par la voix de son ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, s'est montrée ouverte à toutes les options.

Révision de la directive retour de 2008

En parallèle, plusieurs États membres, dont la France, l'Allemagne, les Pays-Bas et l'Autriche, appellent à une révision de la directive retour de 2008. Cette directive harmonise les règles pour reconduire aux frontières les migrants illégaux, mais les ministres estiment qu’elle doit être révisée pour accélérer les procédures de retour. Bruno Retailleau a souligné l'importance d'une "convergence" européenne sur ce sujet et a plaidé pour une révision rapide de la directive, espérant une réforme dans les prochains mois.

Contexte politique européen et montée de l'extrême droite

Ce débat sur la migration intervient dans un contexte politique marqué par la montée de l'extrême droite en Europe. Des succès électoraux récents en Autriche et en Allemagne, avec la montée du parti AfD, ont replacé le sujet de la migration au centre des préoccupations politiques. Bien que l’Europe ne soit pas confrontée à une crise migratoire similaire à celle de 2015, les gouvernements doivent composer avec la pression croissante de partis populistes qui appellent à des politiques migratoires plus strictes.

Les défis des retours de migrants

Selon Eurostat, en 2023, 484.160 ressortissants de pays tiers ont reçu l’ordre de quitter l'UE, mais seulement 18,9% d'entre eux ont effectivement été renvoyés. Cette inefficacité des retours alimente les discussions sur la nécessité de politiques d’expulsion plus efficaces. Néanmoins, la mise en place de "hubs de retour" dans des pays tiers pose des questions pratiques et éthiques, notamment en ce qui concerne les accords avec ces pays et la protection des droits des migrants.

Tensions sur la gestion des frontières

En réaction aux préoccupations migratoires, certains pays de l'UE ont décidé de renforcer temporairement leurs contrôles aux frontières. En Allemagne, par exemple, le gouvernement du chancelier Olaf Scholz a rétabli les contrôles à l'ensemble de ses frontières pour une durée de six mois, en réponse aux tensions migratoires et aux récentes attaques islamistes. Bien que cette mesure ne soit pas interdite par les règles de Schengen, elle a suscité des critiques au sein de la Commission européenne, qui insiste sur le fait que ces contrôles doivent rester exceptionnels et proportionnés.