Inquiétudes de Bruxelles et Varsovie face aux rumeurs de visite d'Orban à Moscou

© DURSUN AYDEMIR / ANADOLU / ANADOLU VIA AFP
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avec AFP
Le président du Conseil européen Charles Michel et le Premier ministre polonais Donald Tusk ont fait part de leurs inquiétudes devant des informations de presse évoquant une visite vendredi à Moscou du dirigeant hongrois Viktor Orban, qui vient de prendre la présidence de l'UE.

"La présidence tournante de l'UE n'a pas de mandat pour engager le dialogue avec la Russie au nom de l'UE", a écrit Charles Michel jeudi sur X. "La position du Conseil européen est claire : la Russie est l'agresseur, l'Ukraine est la victime. Aucune discussion ne peut avoir lieu sans l'Ukraine".

Donald Tusk a lui aussi réagi : "Viktor Orban, les rumeurs sur votre visite à Moscou ne peuvent pas être vraies, n'est-ce pas ?", a-t-il lancé sur le même réseau social. Selon le site en ligne d'investigation VSquare, spécialiste de l'Europe centrale, et le média RFE/RL, s'appuyant sur des sources anonymes, Viktor Orban est attendu vendredi dans la capitale russe, trois jours après un déplacement surprise à Kiev.

Un fonctionnaire de l'UE à Bruxelles a déclaré à l'AFP que "de nombreuses tentatives" pour confirmer les rapports sur le voyage de Viktor Orban "ont été infructueuses". Viktor Orban "n'a pas informé d'un voyage à Moscou", a déclaré le fonctionnaire, ajoutant que si le Premier ministre hongrois avait posé la question, "le président Michel aurait fortement déconseillé une telle visite".

La Hongrie a renforcé les liens politiques et économiques avec le Kremlin

Si cela se confirme, il s'agira de la première visite d'un dirigeant européen à Moscou depuis celle du chancelier autrichien Karl Nehammer en avril 2022. Interrogé par l'AFP dans la matinée, le gouvernement hongrois s'était refusé à tout commentaire mais, en début de semaine, le Premier ministre hongrois avait prévenu de "nouvelles surprenantes à venir depuis des lieux surprenants".

Resté proche du Kremlin, le responsable nationaliste avait appelé mardi l'Ukraine à un "cessez-le-feu", à rebours des positions européennes et de Volodymyr Zelensky qui lui a proposé de plutôt s'aligner sur les démarches de paix ukrainiennes. Viktor Orban avait remercié le président ukrainien pour "la franchise" de la conversation et promis de "rapporter" le contenu de ces discussions au Conseil de l'Union européenne "pour que les décisions européennes nécessaires puissent être prises".

 

Malgré la guerre, la Hongrie a renforcé les liens politiques et économiques avec le Kremlin. Viktor Orban a d'ailleurs rencontré Vladimir Poutine à Pékin en octobre 2023, afin de discuter de coopération énergétique. Il désapprouve les sanctions votées contre la Russie et se démarque aussi par son opposition à toute aide militaire à Kiev, bloquant régulièrement les efforts européens dans ce domaine.

Ce responsable eurosceptique, au pouvoir sans interruption depuis 2010, s'était aussi farouchement opposé à toute discussion d'adhésion à l'UE pour l'Ukraine, jugeant que ce pays n'était pas prêt. Il avait finalement accepté de quitter la table du sommet des Vingt-Sept en décembre dernier, le temps que les 26 autres dirigeants décident d'ouvrir les négociations.