Le vice-ministre de la Santé du Hamas a indiqué lundi à l'AFP que "tous les hôpitaux de la province de Gaza", le nord de la bande de Gaza où les combats ont lieu entre l'armée israélienne et le Hamas, étaient "hors service". Depuis vendredi, l'étau se resserre autour des hôpitaux, principalement dans la ville de Gaza, au coeur des combats, l'armée israélienne assurant qu'ils sont utilisés par le Hamas pour l'attaquer. Par ailleurs, les hôpitaux sont désormais privés d'électricité faute de carburant nécessaire au fonctionnement des générateurs, et dont la pénurie est due au siège imposé par Israël.
Les informations à retenir :
- Selon le Hamas, "tous les hôpitaux du nord de l'enclave sont "hors service".
- Au moins 6 bébés prématurés et 9 patients sont morts à l'hôpital al-Chifa, selon un nouveau bilan
- Au moins 44 soldats israéliens sont morts dans la bande de Gaza depuis le début de la guerre.
- Près de 200.000 Palestiniens ont fui en trois jours le nord du territoire.
- L'ONU prévient que les opérations humanitaires à Gaza "cesseront sous 48 heures" faute de carburant.
- Le Hamas "a perdu le contrôle à Gaza" et ses hommes "fuient vers le sud", a affirmé lundi le ministre de la Défense israélien Yoav Gallant.
- Le gouvernement du Hamas a annoncé lundi que 11.240 Palestiniens avaient été tués dans les bombardements israéliens sur la bande de Gaza depuis le début de la guerre le 7 octobre.
L'armée israélienne dit avoir des "indices" montrant que le Hamas a détenu des otages dans un hôpital
L'armée israélienne a déclaré lundi avoir des "indices" montrant que les hommes du Hamas ont détenu dans un hôpital pour enfants de la bande de Gaza des otages qu'ils avaient enlevés lors de leur attaque dans le sud d'Israël, le 7 octobre. Sous l'hôpital Rantisi, dans le nord de la bande de Gaza, l'armée israélienne a rassemblé "des indices qui font penser que le Hamas détenait des otages ici", comme un biberon de bébé ou un bout de corde attaché à une chaise, a dit le porte-parole de l'armée Daniel Hagari, vidéo à l'appui.
Le gouvernement du Hamas annonce un nouveau bilan de 11.240 morts
Le gouvernement du Hamas a annoncé lundi que 11.240 Palestiniens avaient été tués dans les bombardements israéliens sur la bande de Gaza depuis le début de la guerre le 7 octobre. Parmi les morts recensés à ce jour figurent 4.630 enfants et 3.130 femmes, a détaillé le gouvernement du Hamas palestinien. En outre, 29.000 personnes ont été blessées. Le ministère de la Santé du Hamas assure de son côté que des dizaines de corps jonchent les rues du nord de la bande de Gaza et qu'il est impossible de les recenser car l'armée israélienne vise les ambulances et les soignants tentant de les approcher.
Israël affirme que le Hamas "a perdu le contrôle à Gaza"
Le Hamas "a perdu le contrôle à Gaza" et ses hommes "fuient vers le sud", a affirmé lundi le ministre de la Défense israélien Yoav Gallant après plus de cinq semaines de guerre avec le mouvement islamiste palestinien. Des civils "pillent les bases du Hamas. Ils ne croient plus au gouvernement (du Hamas, ndlr)" au pouvoir dans le petit territoire palestinien pilonné sans relâche par Israël et plongé dans une situation humanitaire catastrophique, a aussi assuré le ministre dans un message vidéo diffusé par plusieurs chaînes de télévision.
L'ONU prévient que les opérations humanitaires à Gaza "cesseront sous 48 heures" faute de carburant
Le patron de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) à Gaza a prévenu lundi que les "opérations humanitaires cesseront sous 48 heures, aucun carburant n'étant autorisé à entrer à Gaza", assiégée par Israël et en proie aux combats entre le Hamas et Israël. "Ce matin, deux de nos principaux sous-traitants pour la distribution d'eau ont cessé de travailler --ils n'ont plus de carburant--, ce qui va priver 200.000 personnes d'eau potable" dans le petit territoire, où plus de la moitié des 2,4 millions d'habitants sont déplacés et dépendent désormais totalement de l'aide humanitaire pour survivre, a encore dit Thomas White sur X.
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L'Unrwa a également rapporté qu'un de ses locaux à Rafah, dans le sud de la bande de Gaza où s'entassent désormais 1,5 millions de déplacés, avait "subi d'importants dégâts" après "trois frappes directes (...) de la marine israélienne" dimanche. "Des employés internationaux de l'ONU présents à Rafah avaient quitté ce bâtiment 90 minutes avant cette frappe", rapporte lundi l'Unrwa, qui précise qu'il n'y a eu "aucune victime parmi ces employés". L'Unrwa rappelle avoir donné la localisation exacte de toutes ses infrastructures aux parties en conflit. Celles de ce bâtiment avaient été données à deux reprises, la dernière fois vendredi, précise-t-elle.
"Cette attaque prouve une nouvelle fois qu'il n'y a aucun lieu sûr à Gaza: ni le nord, ni le centre, ni le sud", martèle l'agence onusienne alors que l'armée israélienne ne cesse d'ordonner aux Gazaouis de partir vers le sud qu'elle présente comme plus sûr.
Au moins 6 bébés prématurés et 9 patients sont morts à l'hôpital al-Chifa, selon un nouveau bilan
Le vice-ministre de la Santé du Hamas a indiqué lundi à l'AFP que "six bébés prématurés" et "neuf patients en soins intensifs" étaient morts en raison du manque d'électricité à l'hôpital al-Chifa, le plus grand de la bande de Gaza pilonnée et assiégée par Israël.
Youssef Abou Rich, présent dans l'hôpital où s'abritent aussi des milliers de déplacés, avait donné dimanche soir un précédent bilan de "cinq bébés" et "sept patients" décédés. Samedi, l'hôpital avait annoncé que 39 bébés prématurés étaient encore à al-Chifa et que des infirmiers procédaient à des "massages respiratoires à la main" pour les maintenir en vie. Un médecin de l'ONG Médecins sans frontières (MSF), avait indiqué également que 17 patients se trouvaient en soins intensifs.
Les bombardements se poursuivent dans le nord de l'enclave
Des milliers de Palestiniens espèrent lundi quitter le site de l'hôpital Al-Chifa, le plus grand de la bande de Gaza, sans eau ni électricité depuis quelques jours et pris au piège de combats entre le Hamas et l'armée israélienne. En parallèle, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a évoqué dimanche dans un entretien à la chaîne américaine NBC l'éventualité d'un accord pour libérer certains des quelque 240 otages enlevés par le Hamas qui contrôle la bande de Gaza, une condition selon lui à tout cessez-le-feu.
"Moins je m'exprime sur le sujet, plus j'augmente les chances que cela se matérialise", a déclaré Benjamin Netanyahu, sans épiloguer sur les tractations pour la libération des otages, peu avant le 38e jour, lundi, de la guerre déclenchée le 7 octobre par une attaque sanglante du mouvement islamiste fatale à quelque 1.200 personnes, surtout des civils, et inédite dans l'histoire d'Israël. Dans la bande de Gaza, les bombardements israéliens incessants ont tué depuis le 7 octobre 11.180 personnes, majoritairement des civils, incluant 4.609 enfants, selon le ministère de la santé du Hamas.
44 soldats israéliens tués à Gaza depuis le début de la guerre, annonce Tsahal
L'armée israélienne a annoncé lundi la mort de deux nouveaux soldats dans les combats dans la bande de Gaza, portant à 44 le total de ses militaires tués dans le territoire palestinien depuis le début de la guerre avec le Hamas.
Israël frappe sans répit la bande de Gaza depuis l'attaque meurtrière menée sur son sol par le Hamas le 7 octobre, et mène en parallèle depuis le 27 octobre une opération terrestre dans le but "d'anéantir" le mouvement islamiste palestinien, au pouvoir dans le territoire. Ce bilan de 44 concerne les soldats tués "dans la bande de Gaza pendant la guerre", a précisé un porte-parole de l'armée israélienne contacté par l'AFP.
Des milliers de Palestiniens poursuivent leur fuite vers le sud
Près de 200.000 Palestiniens ont fui en trois jours le nord du territoire via des "corridors" ouverts quotidiennement pendant des "pauses", pour se réfugier dans le sud de la bande de Gaza, a affirmé samedi soir l'armée israélienne.
Outre al-Chifa, la situation reste compliquée dans d'autres hôpitaux de Gaza selon Mohammed Zaqout, directeur des hôpitaux dans ce territoire : des patients "sont dans les rues sans soins" après les "évacuations forcées" de deux hôpitaux pédiatriques, al-Nasr et al-Rantissi. Et un autre hôpital de Gaza-ville, al-Quds, a cessé de fonctionner dimanche en raison d'un manque de carburant et d'électricité, selon le Croissant-Rouge palestinien.
"L'armée israélienne nous a ordonné de sortir de l'hôpital al-Quds ce matin", a raconté dimanche à l'AFP Islam Chamallah, après avoir fait une douzaine de kilomètres à pied avec sa fille dans les bras, son mari et leurs trois autres enfants qui avancent avec peine. L'armée israélienne avait indiqué avoir "sécurisé" des passages pour évacuer les civils de certains établissements de santé dont le site de l'hôpital al-Chifa où s'entassent 15.000 personnes selon les chiffres du Hamas et du bureau de la coordination de l'aide humanitaire de l'ONU.
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L'armée israélienne a indiqué à l'AFP qu'un "corridor humanitaire" pour quitter l'hôpital vers le sud était toujours "en place". Mais "les chars (israéliens) assiègent complètement l'hôpital al-Chifa", a dit à l'AFP le vice-ministre de la Santé du Hamas, Youssef Abou Rich, soulignant que "650 patients, une quarantaine d'enfants en couveuse, tous menacés de mort" se trouvent dans cet hôpital. Le Hamas a annoncé dimanche soir que "cinq bébés prématurés" et "sept patients en soins intensifs" étaient morts en raison du manque d'électricité à l'hôpital al-Chifa.
Et ceux qui ont pu se rendre dans le sud du territoire ont vu ce dernier ciblé par les frappes israéliennes. A Bani Souheila, près de Khan Younès, un bombardement sur une dizaine de maisons a fait "10 morts, dont des femmes et des enfants", selon les services médicaux. "Je n'ai même pas une galette de pain pour nourrir mes enfants", explique à l'AFP une femme de 42 ans, Oum Yaaqoub, arrivée à Khan Younès il y a trois jours avec son mari et ses sept enfants.
"Retenue maximale"
Dans un message sur X, le patron de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) a qualifié la situation à l'hôpital al-Chifa de "grave et dangereuse" après "trois jours sans électricité, sans eau".
"Les échanges de tirs et les bombardements incessants dans les environs aggravent des circonstances déjà difficiles", a dit Tedros Adhanom Ghebreyesus. "Le monde ne peut rester silencieux quand les hôpitaux, qui devraient être des havres de paix, sont transformés en scènes de mort, de dévastation, de désespoir. Cessez-le-feu maintenant", a-t-il ajouté.
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Dans un entretien avec son homologue israélien Isaac Herzog, le président français Emmanuel Macron a dit, selon la présidence israélienne, qu'il n'"accusait pas Israël de porter atteinte intentionnellement aux civils" à Gaza, en référence à une interview à la BBC au cours de laquelle il avait plus tôt "exhorté Israël à cesser" les bombardements tuant des civils à Gaza.
Principal allié d'Israël, qui dément viser délibérément les sites civils, Washington a dit s'opposer aux combats dans les hôpitaux à Gaza, "où des personnes innocentes, des patients recevant des soins médicaux, sont pris dans des tirs croisés". Condamnant dimanche "l'utilisation par le Hamas d'hôpitaux et de civils comme boucliers humains", l'Union européenne a appelé Israël à une "retenue maximale" pour protéger les civils et à l'heure d'une crainte d'une régionalisation du conflit.
Vers une extension du conflit ?
La communauté internationale craint une extension du conflit à la frontière entre Israël et le Liban, où les échanges de tirs quotidiens se sont intensifiés dimanche, voire au-delà dans la région impliquant des milices pro-Iran, ennemi numéro un d'Israël et soutien clé au Hamas.
Dix personnes ont été blessées en Israël par un missile antichar tombé dans le nord du pays, ont indiqué les services de secours, alors que l'armée israélienne dit avoir répliqué en visant l'origine du tir, dans le sud du Liban, d'où opère le Hezbollah allié de l'Iran. Et les Etats-Unis ont lancé dimanche des frappes en Syrie "sur des installations dans l'est de la Syrie utilisées par le Corps des Gardiens de la révolution islamique d'Iran et des groupes affiliés à l'Iran, en réponse aux attaques continues contre le personnel américain en Irak et en Syrie", a déclaré le secrétaire américain à la Défense Lloyd Austin.
Il s'agit de la troisième fois en moins de trois semaines que l'armée américaine prend pour cible des sites en Syrie qu'elle dit liés à l'Iran, qui soutient divers groupes armés accusés par Washington d'être à l'origine d'une recrudescence d'attaques contre ses forces au Proche-Orient.