Des explosions se font entendre, comme une salve d'accueil à l'hôpital d'Irpin, mais ce n'est rien à côté de celle du médecin. "Je suis le seul docteur qui reste", explique-t-il à Nicolas Tonev, l'envoyé spécial d'Europe 1 en Ukraine qui lui demande alors des renseignements : "Je m'appelle Andrei. La situation sanitaire ? Une saloperie, une saloperie", répète le docteur à son micro, "beaucoup de cadavres. Tu veux en voir ? Allez, on y va", lance-t-il. Alors que les troupes russes mettent la pression sur le front ouest de Kiev et la localité d'Irpin, verrou stratégique bloquant l'accès à la capitale, ce médecin reste en sous-sol dans les ruines de l’hôpital détruit et fermé de la ville.
L'hôpital d'Irpin a subi des dégâts à cause de la guerre.
Crédits : Nicolas Tonev/Europe 1
Un hôpital transpercé par des jours de guerre
Dans un no man's land, entre les positions urkainiennes et russes, Andrei veut aider les siens. Le docteur fait quelques pas et contourne le bâtiment principal de l'hôpital transpercé par les 20 jours de guerre. Entre débris de verres et de bétons, ces quelques mètres à pied sont rythmés par les grondements de l'artillerie.
Crédits : Nicolas Tonev/Europe 1
"Voilà nos combattants morts que je n'ai pas réussi à sauver", affirme le médecin. Le drame s'est déroulé dans un couloir en ruine, où se trouvent les deux hommes. "Ici, j'ai sauvé... Ici, j'ai sauvé six personnes sur huit, j'ai échoué pour deux", explique Andrei, non sans émotion. Ces deux Ukrainiens reposent là, faute de morgue.
Dans les couloirs de l'hôpital.
Crédits : Nicolas Tonev/Europe 1
Sous le bruit des terribles salves
"Il y a des avions, c'est l'anti-aérien", assure le docteur. "Comment vous tenez ?", lui demande notre envoyé spécial. "Comme ça, tu vois bien, je suis docteur", répond le médecin. "Je ne sais pas si je sauve (des gens), j'aide... Sauver, c'est beaucoup dire", confie-t-il, alors qu'une terrible salve retentit.
Andrei ne tourne jamais la tête d’inquiétude vers le ciel. Dans les ruines et le vacarme, il a assez parlé, et s’en va désormais.