Des violences ont éclaté à la sortie du cercueil de la journaliste Shireen Abu Akleh, tuée d'une balle dans la tête en Cisjordanie occupée où elle couvrait un raid militaire israélien, sur fond de violences persistantes. La police israélienne a tenté de disperser une foule brandissant des drapeaux palestiniens. Des images retransmises par des télévisions locales montrent le cercueil manquer de tomber au sol.
Il a finalement été transporté vers la Vieille Ville où une messe a été prononcée dans une église grecque-catholique comble. Les ruelles du quartier chrétien à ses abords débordaient de badauds venus participer aux obsèques de la reporter américano-palestinienne de 51 ans qui avait grandi à Jérusalem-Est, secteur palestinien de la ville occupé et annexé par Israël.
La foule a suivi le cercueil jusqu'au cimetière. Dans la région de Jénine en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, des heurts ont éclaté lors d'une nouvelle opération de l'armée israélienne; un soldat israélien a été tué alors que 13 Palestiniens ont été blessés, selon des sources officielles.
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C'est dans le camp de réfugiés de Jénine que la journaliste d'Al Jazeera, la TV du Qatar, Shireen Abou Akleh, a été atteinte mortellement d'une balle dans la tête alors qu'elle couvrait un autre raid israélien. Elle portait un gilet pare-balles siglé "presse" et un casque de reportage.
Israël, après avoir dit que la journaliste avait "probablement" succombé à un tir palestinien, a ensuite affirmé ne pas écarter que la balle ait été tirée par ses soldats. L'Autorité palestinienne, Al Jazeera et le gouvernement du Qatar ont accusé l'armée israélienne de l'avoir tuée.
Violences à Jénine
Les funérailles de l'icône du journalisme palestinien ont eu lieu alors que de nouveaux heurts ont éclaté près et dans le camp de Jénine, un bastion des factions armées palestiniennes d'où étaient originaires des auteurs d'attaques meurtrières ces derniers mois en Israël.
L'armée israélienne y a lancé plusieurs opérations pour appréhender selon elle des Palestiniens recherchés. Vendredi, un soldat israélien a été tué lors d'une opération à Burqin près de Jénine "contre des terroristes", selon un communiqué officiel.
Dans le camp de Jénine, 13 Palestiniens ont été blessés dont deux grièvement par balle, selon le ministère de la Santé palestinien. Le décès de Shireen Abu Akleh a suscité une vague d'émotion dans les Territoires palestiniens, dans le monde arabe où ses reportages ont été suivis pendant plus de deux décennies, en Europe et aux Etats-Unis. Plusieurs appels à une enquête "transparente" ont été lancés.
L'armée israélienne a indiqué qu'il n'était pas possible de déterminer dans l'immédiat l'origine du tir ayant tué la journaliste d'après les résultats préliminaires de son enquête. Le tir pouvait aussi bien être d'origine palestinienne qu'israélienne, selon elle.
Les autorités israéliennes réclament que leur soit remise la balle afin de réaliser un examen balistique. Elles ont proposé que des experts palestiniens et américains soient présents lors de l'examen. Le président palestinien Mahmoud Abbas a néanmoins dit jeudi refuser une enquête conjointe avec Israël. "Les autorités israéliennes ont commis ce crime et nous ne leur faisons pas confiance."
Une première autopsie a été conduite en Cisjordanie peu après sa mort mais aucun résultat n'a été communiqué.
"Au revoir"
Al Jazeera a accusé les forces israéliennes d'avoir tué "de façon délibérée" sa journaliste vedette. Jeudi, des milliers de Palestiniens de Cisjordanie lui ont rendu hommage.
Le portrait de la journaliste, la septième tuée dans les Territoires palestiniens depuis 2018 selon Reporters sans frontières (RSF), a été brandi lors de rassemblements en Turquie, au Soudan et au Liban, et projeté sur un immeuble de Doha, la capitale du Qatar.
Plusieurs manifestations ont également éclaté spontanément à travers les Territoires palestiniens pour protester contre sa mort. Dans la bande de Gaza, des artistes ont sculpté son nom dans le sable et peint une fresque en son honneur, tandis que sur le lieu de son décès à Jénine, des enfants ont déposé des fleurs.
Sur le toit d'un immeuble de la place centrale de Ramallah en Cisjordanie, l'immense panneau publicitaire affiche désormais un portrait de la journaliste, accompagné d'un sobre message: "Au revoir Shireen, au revoir la voix de la Palestine".