La France est "extrêmement préoccupée" par l'état de santé de l'opposant russe Alexeï Navalny, a déclaré dimanche son ministre des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, évoquant la "responsabilité majeure" du président Vladimir Poutine. "Je souhaite que des mesures soient prises pour assurer l'intégrité physique de M. Navalny mais aussi sa libération", a-t-il ajouté. En Russie, les alliés de l'opposant ont appelé dimanche à manifester le 21 avril.
Navalny a arrêté de s'alimenter le 31 mars
Le principal opposant au Kremlin a arrêté de s'alimenter le 31 mars pour protester contre ses mauvaises conditions de détention. Âgé de 44 ans, il a survécu de justesse l'année dernière à un empoisonnement à l'agent neurotoxique qui l'avait plongé dans le coma. Il a accusé le Kremlin et les services de sécurité russes d'en être responsables, ce qu'ils nient. Des médecins proches de l'opposant ont exigé samedi d'être autorisés à le voir immédiatement, craignant qu'il n'ait un arrêt cardiaque mortel "d'une minute à l'autre".
"Je constate qu'il y a vraiment une dérive autoritaire en Russie", a ajouté Jean-Yves le Drian, estimant que ce dossier était "le plus exemplaire, le plus symbolique, le plus frappant pour les esprits". "La Russie a la responsabilité de la santé de Navalny, il faut qu'elle l'assume", a-t-il déclaré, réaffirmant que l'Union européenne suivait le dossier avec attention. "Nous avons déjà pris des mesures", a-t-il fait valoir. "Le paquet de sanctions est déjà significatif, mais il peut y en avoir d'autres".
"Pas nécessairement dans l'intérêt du pouvoir central russe de perdre Alexeï Navalny et certainement pas en prison"
L'Union européenne a d'ailleurs appelé dimanche à la libération immédiate et sans conditions de l'opposant. De leur côté, les Etats-Unis ont averti qu'il y aurait des conséquences pour la Russie si Alexeï Navalny mourrait. Au micro d'Europe 1 dimanche, le chercheur au Cevipof Florent Parmentier estime, lui, que ce ne seront pas les injonctions occidentales qui feront céder Vladimir Poutine. Si le chef de l'Etat russe finit par craquer, ce sera plutôt des raisons de politique intérieure, car "Alexeï Navalny est peut-être l'un des hommes les plus visibles de l'opposition", rappelle-t-il.
"Il n'est pas nécessairement dans l'intérêt du pouvoir central russe de perdre Alexeï Navalny et certainement pas en prison", poursuit-il, sous peine de "mener à d'autres formes de remise en cause plus radicales du pouvoir en interne, par la population même".
C'est d'ailleurs ce levier que les proches d'Alexeï Navalny cherchent à actionner. Ils viennent ainsi de lancer un appel à une grande manifestation dans toute la Russie mercredi prochain.