La nouvelle ministre des Affaires étrangères, Catherine Colonna, a assuré samedi les diplomates de toute sa "confiance" au moment où le Quai d'Orsay traverse une crise, au cours de la passation de pouvoir avec son prédécesseur Jean-Yves Le Drian, chaleureusement salué par ses équipes.
"Mettons-nous au travail tous ensemble"
Dans un bref discours, Mme Colonna, ancienne ambassadrice à Londres, s'est adressée aux diplomates: "mon message est clair. Nous avons besoin de chacune et chacun d'entre vous. Vous pouvez compter sur moi pour ne jamais oublier ni qui je suis ni d'où je viens, vous avez toute ma confiance", a-t-elle dit.
Mme Colonna, diplomate de carrière, réputée pour son professionnalisme, arrive dans un ministère en proie au malaise en raison d'une réforme prévoyant la fin du prestigieux corps diplomatique d'ici à 2023. Un appel à la grève a été lancé pour le 2 juin par six syndicats et un collectif de 400 jeunes diplomates.
"Mettons-nous au travail tous ensemble", a-t-elle lancé à ses équipes dans un discours où elle n'a pas évoqué les crises internationales.
Elle a assuré qu'elle conduirait sa mission avec "humilité, détermination et conviction", et a dit toute sa "reconnaissance" et sa "profonde estime" à son prédécesseur Jean-Yves Le Drian, en poste depuis dix ans, cinq ans à la Défense et cinq ans au Quai d'Orsay. "Vous avez été un très grand ministre", lui a-t-elle dit.
L'émotion de Jean-Yves Le Drian
Celui-ci, ému, a évoqué les crises auxquelles il avait été confronté, la guerre en Ukraine, le Brexit, la menace jihadiste, et un monde "en voie de brutalisation".
"C'est avec beaucoup d'émotion que je m'apprête à quitter cette belle maison", a-t-il dit, très chaleureusement et longuement applaudi par les personnels présents à la passation.
Dans son discours d'adieu, M. Le Drian s'est permis le luxe d'adresser un message cinglant au Premier ministre australien Scott Morrison, défait aux législatives samedi. Cette défaite "me convient très bien", a déclaré M. Le Drian en fustigeant le "cynisme", la "brutalité" et l'"incompétence" à l'origine d'une brouille diplomatique magistrale entre Paris et Canberra.
M. Morrison avait cassé en septembre dernier un gigantesque contrat de vente de sous-marins français leur préférant des sous-marins anglo-américains à propulsion nucléaire.